Angela De Marco se passerait bien des fréquentations de son mari, Frank. La compagnie de la ribambelle de mafieux qu'il affectionne tant ne l'amuse plus. Aussi, lorsque Frank, qui a eu le tort de tromper son épouse avec la maîtresse du parrain Tony Russo, passe brutalement de vie à trépas, Angela prend-elle sans barguigner sa décision. Elle veut déménager à New York pour y mener une vie honnête. Las ! Tony Russo ne l'entend pas ainsi. Après avoir assassiné le mari, il ferait bien de la veuve sa maîtresse. Perspective peu réjouissante pour Angela, mais flatteuse pour le FBI, qui tente de convaincre la belle de collaborer. Toute à son embarras, Angela finit par jeter les yeux sur la jeune recrue, fraîche et naïve, préposée à sa défense, l'émouvant et maladroit Mike Downey...

Neuvième long métrage de fiction de Jonathan Demme, Married to the mob repose sur un scénario original des scénaristes Mark R. Burns et Barry Strugatz, un binôme qui se reformera un an plus tard sur la très exubérante comédie de Susan Seidelman, She-devil. Le film, originellement écrit pour Jessica Lange et Tom Cruise, est peuplé de seconds rôles familiers du cinéma de Demme, comme Charles Napier (en coiffeur pour dames), Tracey Walter (en patron lubrique de fast-food), Paul Lazar ou Joe Spinell (tous deux en mafiosi). Notons également que la très jolie partition musicale du film est signée de l’auteur-compositeur-interprète David Byrne, leader du groupe Talking head, un artiste auquel le cinéaste new yorkais avait consacré un documentaire quelques années plus tôt, le très réputé Stop making sense.
J’avais conservé un excellent souvenir de cette comédie mafieuse, découverte il y a de ça une vingtaine d’années et jamais revue depuis. Redoutant que la plastique eighties très appuyée de l’œuvre l’ait condamné depuis à une relégation en fond de filmographie chez son auteur, je me suis replongé dedans il y a quelques jours … et franchement, c’est que du bonheur, ce film ! Je me suis en tout cas éclaté tout du long. Certes, l’ensemble est indéniablement ancré dans son époque, mais ce (mauvais) goût prononcé pour le kitsch, la pacotille et le tape à l’œil est indissociable du sujet. Il fait parti intégrante de l’univers et des personnages mis en scène ici. Et bien que jouant souvent sur le registre ouvertement parodique et présentant des personnages savoureusement hors norme, le film frappe assez juste dans sa peinture de la mafia new-yorkaise et constitue presque une sorte de pendant comique aux Affranchis de Scorsese, pour la description assez détaillée du quotidien de la new-yorkais, saupoudré d’une pointe de Scarface version De Palma dans sa célébration de l’esthétique criarde des années 80.
Frôlant parfois l’over the top mais ne tombant jamais dedans - à l’inverse du précité She-devil - Married to the mod est donc, tout comme Melvin and Howard ou Something wild, un spectacle extrêmement généreux, à la fois coloré, intelligent et touchant, mené par un quatuor d’acteurs au top : Michelle Pfeiffer absolument craquante, Matthew Modine surprenant dans personnage un peu lunaire, Dean Stockwell impeccable en parrain chaud lapin et Mercedes Ruehl totalement déchainée.
Revu sur Ciné + Star. Titre français : Veuve, mais pas trop.