
Après une série de déconvenues, Edwards et Andrews optent pour un récit d'espionnage "romantique". Je suis resté sur une vision médiocre il y a assez longtemps.... revu à la hausse. C'en est même assez curieux, puisqu'adoptant ouvertement un ton James Bond pour le générique début : réalisé par Maurice Binder, même calligraphie et musique de John Barry, costumes par Emma Porteous. Facilement reconnaissable.
Julie Andrews fait un retour aux antipodes de ses comédies musicales, tentnat de faire valoir son métier d'actrice.
Pourtant, on comprend qu'on aura affaire à de l'anti-Bond. Centré sur une intrigue de séduction, mais également sur une belle palette de duplicités. On reste sur un affrontement poli est/Ouest mais aux enjeux qui diffèrent radicalement. d'une simple tentative de séduction amoureuse, chaque partie en tire les pires conclusions de trahisons. Le personnage de Sverdlov reste ambigu, de même que les implications en haut lieu au MI 5 puisqu'il s'avère en cours de route qu'une taupe fait fuiter des éléments vers l'URSS.
Avec de clairs emprunts au scandale de espions britanniques qui ont fait défection vers la Russie dans les années 30 ( qu'un film comme Another Country traita par ailleurs en 1983)
Edwards n'est pourtant pas très à l'aise au début. C'en demeure pataud dans les échanges timides entre les deux leads. même si Andrews a beaucoup de charme discret - et une garde robe Christian Dior ahurissante, elle change de costume à quasiment tous les moments de la journée.
Esthétiquement, Edwards poursuit son oeil CinemaScope avec aisance. Ce qu'il ne perd pas même dans ses expérimentations hors comédie comme The Carey Treatment (que j'aime beaucoup). Il est à l'aise ici, avec un cadre splendide, une mise en scène élégante, une répartition des personnages dans la cadre utilisant à merveille les us et coutumes du format anamorphique.
La auvre Silvia Syms est affublée d'une perruque ridicule et c'est dans sa scène d'engueulade avec Dan O'herlihy (excellent) où elle apparait naturelle, vulnérable, qu'elle prend sa force. Edwards étant un fin directeur d'acteurs à la base - il transmet cela ici aussi.
Le rythme du film est délibérement lent, se focalisant beaucoup plus sur les personnages que sur l'action même. Le rythme change cependant dans la seconde moitié avec le spectateur entrant de plein pied dans une intrigue d'espionnage très guerre froide. La seule scène d'action se trouvant à la toute fin du film... assez maladroitement mise en scène par ailleurs, et très peu crédible. Comme si Edwards avait fait une concession à Lew Grade qui finançait le film. (à noter que Grade indiqua que le film marcha "relativement bien" mais qu'il ne vit pas de retour sur investissement, Andrews ayant demandé 10% des recettes et Edwards 5%

Maintenant, ça reste assez sage, même si quelques scènes de suspense fonctionnent vraiment bien, comme le jeu de chat & souris à l'aéroport. Edwards impose une distance entre les protagonistes (et fatalement le spectateur) dans la première moitié, comme s'il demeurait parfois étranger au matériau. Pour autant, ayant plus porté mon attention sur les détails et jeu d'acteurs, je ne me suis pas ennuyé pour autant. Mais il reste clair que ce type de film laissera froid pas mal de monde aujourd'hui, à mon sens... un film classieux, mais restreint dans ses élans.
Le fil date de 1974 mais sortit tardivement en France, courant 1976, où il fit également un flop avec à peine 49 719 entrées. L'échec américain du film plongea Julie Andrews dans un nouveau retrait de carrière, où elle ne fit surface qu'avec "Ten" qui la relança. Edwards dû lui se résoudre à une nouvelle "panthère rose" pour tenter d'enrayer sa spirale d'échecs.
(NB : le titre "la graine de tamarin" fait référence en effet à un type de graine dont la forme ressemble à un visage humain)
Vu sur le très beau Blu Ray britannique de chez Network. Les couleurs 'en extérieur comme en intérieur) sont resplendissantes, superbe sens du détail, teintes naturelles. un chouïa de DNR qui tente d'effacer les stigmates du grain (la scène finale, trop lisse, par exemple) mais rien de bien méchant. le générique de début est de toute beauté!
1080p, AVC MPEG 4, sur un BD50
2.40:1, LPCM anglais avec sta amovibles, et du bonus: son mono de qualité très honnête, même si la musique (pas la meilleure de son auteur, loin s'en faut, semble etre un ton en dessous parfois)
2 interviews d'époque d'Omar Sharif (1972 et 1974), de Peter Sellers et Blake Edwards (1976) tous 3 à la TV anglaise (sur ITV) et la piste sonore à part de la musique de >John Barry.
119mn.