Sandra, jeune femme vivant en Suisse avec son mari américain, se rend à Viterbe, en Italie d'où est originaire sa famille. La ville compte en effet dédier un monument à la mémoire de son père, mort à Auschwitz. Elle y retrouve son frère Gianni, un garçon instable, et sa mère, internée comme folle...
"Sandra" arrive dans la filmographie de Visconti juste après "Le guépard", métrage monumental lui ayant valu à la fois un énorme succès (première grande récompense avec la Palme d'Or à Cannes, triomphe public en France), mais a aussi été vu comme un échec sur d'autres points (bide total aux USA alors que le film avait été fait avec la coopération de la Fox ; le studio de production italien Titanus fait faillite à ce moment-là - avant de reprendre les affaires progressivement par la suite, avec moins d'envergure...)...
"Sandra" est un film plus discret et modeste dans la filmographie de son metteur en scène, un film qui repose sur sa vedette Claudia Cardinale, soutenue par le jeune Jean Sorel dans le rôle de son frère. C'est un sujet totalement original de Visconti, un film qui ne soulève pas réellement de "grands problèmes" comme l'histoire de la construction italienne ou la fracture nord-sud du pays.
C'est aussi un métrage où Visconti se frotte à des genres comme le mystère criminel ou le fantastique gothique. Il y a un fantôme (mais au sens métaphorique), un palais peuplé de recoins inquiétants, les souvenirs inquiétants de mythologies étrusques, grecques ou hébraïques, et il y a aussi un meurtre (présumé) et des coupables, à tout les sens du terme, de nombreux crimes pas toujours clairs à identifier (dénonciation, inceste...).
Et pourtant, "Sandra" n'est ni un film d'horreur, ni un giallo, il frôle ces genres, joue avec leurs codes, mais s'avère en fin de compte un drame familial très viscontien, intense, avec un Sorel hypersensible annonçant Helmut Berger l'histrion, ou une Claudia cardinale, féline, jeune femme forte qui doit gérer le lourd poids du passé tumultueux de sa famille... Un bon Visconti (Lion d'Or à Venise d'ailleurs), un film à peu à part, un peu étrange, à la fin délibérément ambigue, mais toujours dense et intense...
"Sandra" est peu gâté dans le domaine des dvd et bluray : il y a un bluray espagnol, mais sans option française ou anglaise. Et il y a un dvd italien Sony (celui que j'ai vu) avec version italienne et version anglaise, ainsi que des STA : mais avec une copie 1.33 4/3, un horrible pan et scan sur du 1.66 ! Il n'est jamais sorti dans ces supports en France, en Italie ou aux USA, ce qui est quand même étonnant !