
Toujours aussi fan!
Debut/milieu des annees 80s j'avais decouvert le film en VHS locative (allemande, je crois) et j'etais deja TRES impressionne par le film. En fait, j'etais plus impressionne par le film que le roman.
J'etais a l'epoque deja tres fan de King et (je crois) avoir lu le livre avant de voir le film et d'avoir trouve le roman...pas...terrible.

La partie consacree a la famille Torrance etait bonne, mais le cote maison/hotel hante avec ce qui me parassait etre un final facon train fantome de la Foire du Throne m'avait paru passablement ridicule...
Quarante ans plus tard, les souvenirs du roman sont vraiment flous, mais il me semble que le roman depeint le quotidien (brinqueballant) de la famille Torrance et que le mari est plus instable des le debut (alcohol ou violences conjugales, me rappelle plus).
A la premiere vision de Shining, bibi avait tendance a voir effectivement un film (tres intelligent) sur un endroit "mauvais" (i.e. hante, quoi).
Mais au fur et a mesure des visionnage et...de l'age qui augmente, bibi a de plus en plus l'impression de voir un film plus psychologique que paranormal.
(Dans le film) Le couple Torrance est mal agence, la famille disfonctionnelle. Tant dans les interactions que les dialogues, l'on sent un couple "force", un couple qui n'aurait jamais du "etre" et une famille qui n'aurait jamais du voir le jour.
Situationnellement, il y a un "passe" (volontaire ou accidentel, mais percu comme volontaire par la mere) de violence du pere envers le gosse.
Le gosse a un pouvoir, mais tant dans le roman que dans le film m'a toujours apparu comme "handicape". Bon, il a un pouvoir dur a encaisser, mais m'a toujours paru mentalement/socialement quelque peu "diminue" ou "bizarre" (ne parlons meme pas de "Toni" a qui il fait la conversation...)
La mere est faible, fragile et soyons francs...moche comme un clou

Le mari est depenaille, mal a l'aise avec les gens. Il a l'air de partir de rien et a vrai dire, a l'air du mec qui n'arrivera jamais nulle part. Au detour d'une replique il accuse sa femme d'avoir fichu sa vie en l'air, ce que bibi prend pour une allusion a leur gosse qui serait alors une grosse involontaire. Il lui lance aussi que grosso modo, il se tape des boulots de m.rde pour nourrir la famille. Bizarrement, il pretend avoir des visees literaires, mais a part un "blocage", il n'a rien a offrir de plus...Encore plus bizarre, sa femme semble etre la seule a bosser dans l'hotel et s'occuper de la maintenance.
Bref, bibi sent une grossesse non-desiree, un mariage non-voulu, un mari complexe, une femme fragile et un gosse pas tres tres "normal", d'ou: situation explosive!
Un truc qui a toujours fait tiquer bibi est que le directeur parle de l'action qui remonte quand meme a 10 ans (1970) au moment du film (1980), ce qui m'a toujours paru bizarre. Au Japon, legalement il faut informer un locataire/acheteur de ce genre d'incidents (i.e. meurtre, suicide, deces ou yakuzas dans le voisinage), mais en Occident, c'est traditionnellement le genre de truc qu'on se garde bien de dire.
Encore plus flippant est que Jack mentionne qu'il a informe sa femme (pas tres tres solide a la base) de l'incident.
Tout ca mene a penser que, plus qu'une baraque hantee, on a plutot une famille au bord de la crise de nerf et du crash mental dans un environnement clos pendant plusieurs mois. Le mari s'isole, le couple semble distant (i.e. elle bosse, lui pas), le mari n'arrive a rien et la frustration ne fait qu'augmenter. Il finira pas tailler une bavette avec un barman (fantome) ou pour bibi, de vider la reserve du bar tout seul comme un grand...
Ajoutons que les "evenements" n'arrivent a chaque fois que lorsque les personnages sont seuls. Au final, seul le spectateur--qui a le point de vue de Dieu, et voit donc TOUT, y compris ce que les personnages voient--est temoin. Le temoignage du mari, de la femme et du gosse seraient tous sujets a caution lors d'un interrogatoire de police...
Il y a bien le cuistot, mais il est seulement a considerer a cause du point de vue de Dieu du spectateur. Si le spectateur etait un personnage du film...il n'aurait rien a voir...a part une famille disfonctionnelle.
Apres, il reste la photo. Mais bon, l'adage veut qu'"on ait tous un sosie quelque part"...
La ou Kubrik brouille les cartes est dans le soulignement musicale (i.e. la bande-son garde le spectateur sous tension pendant tout le film), le montage, l'imagerie et la direction, le tout transformant l'hotel en une sorte de labyrinthe mental ou se perdent de plus en plus les 3 protagonistes. Bizarrement, le (vrai) labyrinthe, celui a l'exterieur apportera le salut.
Bref, pour bibi, un incontournable. Sorte de pendant "moderne" sur le theme de l'horreur psychologique ou de la maison hantee "psychologiquement", le tout droit dans la lignee de The Haunting (1960).
The Shining: 5/5 (un chef-d'oeuvre redoutable!!)