Ayant gagné une solide réputation au fil du temps auprés des fans de films de bestiaire et plus particulièrement de serpents, Ssssnake mérite haut la main cette renommée.
Le film de Kowalski s'inscrit en droite ligne dans ce type de productions qui fleurent bon l'Amerique profonde et pourrait s'aparenter sans souci à des oeuvres telles que L'horrible invasion si ce n'est qu'ici les abominables araignées de John B. Carlos sont remplacées par des serpents hautement venimeux dont le célèbre cobra royal, vedette du film.
On n'assiste pas cette fois à une attaque de ces reptiles mais aux experiences d'un professeur épris de cobra et de serpents à qui il a voué sa vie, pratiquant d'étranges experiences sur eux mais également sur l'être humain. Il désire créer une nouvelle race superieure, une entité à leur image qui serait le fruit du croisement entre un cobra et un humain.
Dés les premières minutes, il émane de Ssssnake une atmosphère étrange provenant certes de ces décors d'Amerique Profonde et de ses autochtones mais surtout du personnage central du film, cet homme fasciné par les serpents.
Le Dr Stoner fait partie des savants fous, un homme nourrissant une haine profonde pour l'espèce humaine et qui s'octroie les pouvoirs de Dieu, obsédé par la création de la Bête suprême. Nous sommes face à un homme qui derrière ses airs de vieillard débonnaire cache un véritable monstre qui ne recule devant rien pour assouvir sa folie, y compris le meurtre, froid, impassible, cruel, utilisant la naiveté de sa fille Kristina, elle aussi toute aussi férue de serpents que son fou de père.
L'amour de cet homme pour les animaux, êtres qui ne connaissent ni le mal ni le sentiment de vengeance, est sans limite, créatures de Dieu à qui on doit respect.
Rejeté par le corps scientifique mais trouvant dans la Bible qu'il lit à son serpent domestique les raisons à ses travaux, entouré de ses serpents dont un cobra royal qui incarne Dieu, un Dieu en écailles avec lequel il entretient une sorte de jeu trouble de domination, il s'adonne à ses experiences interdites en utilisant ses pauvres assistants qui au fil des mois disparaissent.
C'est le jeune David qui cette fois est le fruit de ses démences dont le but est de créer le premier d'une nouvelle race superieure, une entité possédant la majestuosité du cobra et l'intelligence de l'homme, entité issue d'un corps humain à qui on aura injecté regulierement des doses de venin.
Sur ce canevas, Kowalski met en scène un film palpitant d'où l'emotion n'est jamais absente notamment cette fabuleuse séquence où Kristina comprend ce que fait son père en decouvrant un de ses anciens assistants transformé en créature mi-homme-mi serpent, exposée dans un cirque, le monstre versant une larme entre deux gemissements de douleur. En un plan inoubliable, Kowalski montre le pathetisme mais surtout toute l'horreur et la souffrance de ces êtres victimes de la folie d'un, homme, sorte de Dr Moreau des campagnes.
Outre les personnages tous aussi bien définis les uns que les autres et l'intelligence du scénario qui d'un bout à l'autre reste parfaitement crédible, le gros atout de Ssssnake ce sont les effets spéciaux et les séquences animalières toutes réalisées avec de veritables pythons, cobras et autres mambas, ceux ci étant filmés comme de veritables acteurs, dans toute leur fascinante horreur.
La caméra bondit, glisse, se dresse, suit ses affreux reptiles, penetre leur gueule et enregistre chacun de leur sifflement, chacun de leur pleur.
On restera fasciné par la lente mutation de David qui commence par peler avant de doucement se transformer jusqu'aux scènes finales où son corps se transforme en cobra. Les excellents maquillages de John Chambers restent aujourd'hui totalement crédibles et fascinants jusqu'à l'ultime plan, une fin abruptement ouverte, terrifiante dans sa signification profonde.
On regrettera juste les effets de fondus terminant la transformation de david.
Alertement mis en scène, sans aucun temps mort, Ssssnake est un film non seulement intelligent dans son propos mais terriblement efficace, prenant, un des meilleurs films de bestiaire et plus précisemment de serpents.
Niveau distribution, on retrouvera dans le rôle du Dr Stoner Strother Martin. A ses cotés, la Menzies et ses faux airs de Linda Hamilton tout en lunettes ici et un tout jeune Dirk Benedict en malheureuse victime des folies du docteur, Dirk qu'on pourra admirer nu sans pour autant voir la queue... du serpent
A voir et revoir sans prescription.
Le corbeau qui adore cracher son venin..







