Là où il diffère de ses semblables c'est par l'audace dont il fait preuve.
Même s'il accumule les ficelles du genre et que le scénario suit une trame plutôt classique- un étrange couple invite deux jeunes mariés chez eux sous pretexte de les avoir connu il y a fort longtemps- on y retrouve la maison abandonnée en pleine campagne embrouillardée, la nuit d'orage, la séance de spiritisme, les hallucinations... Escalofrio s'offre pourtant une sacré dose d'audace dans ses déchainements d'atrocités.
Pour donner un air de sincérité, un démonologue nous explique les fondements du satanisme depuis la nuit des temps en guise de prégénerique. Dés lors Puerto ne perd plus une minute pour installer son récit sous une musique réellement stridente voire cacophonique.
Dés l'arrivée du couple dans cette demeure perdue au milieu du brouillard, les événements vont s'enchainer.
L'étrange couple sont deux adeptes de Satan et pratique des sabbats dans lesquels ils vont entrainer les deux jeunes gens.
Le sexe devient l'un des moteurs du film, longues et lancinantes orgies où les couples se mélangent dans les flammes et les pentacles.
Erotisme plutôt torride, scénes lubriques parfois envoûtantes par moment..
Puerto filme avec conviction et fait naitre un climat de malaise qui suinte par delà l'ecran... s'aidant d'une belle photographie et par instant d'objets intermédiaires comme cette poupée de porcelaine meurtrière au sourire figée qui se met à vivre et finira par exploser dans une gerbe de sang.
Escalofrio devient presque envoutant. Un univers parfois presque surnaturel car on arrive à se demander si tout cela est réel ou n'est qu'un rêve que vivent les deux héros. Puerto joue sur cette ambiguité pour mieux faire déboucher sur l'atroce vérité.
Le couple va se déchirer.. l'érotisme laisse place au sang et au meurtre. Dans une maison en furie qu'ils ne peuvent plus quitter, la mort prend la rélève, levant le voile sur l'horreur.
Mélange de sexe et de sang, il ne manquait à l'appel que le cannibalisme et on va découvrir la malle où le couple cachaient les corps des victimes, cadavres sanguinolents, découpés en morceaux où trone une tête.
Ou le repas cannibale du couple qui chaque jour met un morceau de chair dans une assiette qu'il cache dans un buffet pour mieux la devorer comme un animal penché sur son auge.
La fin n'est qu'un faux happy end qui n'est pas sans rappeller la fin hallucinante de Il profumo della signora in nero de Francesco Barilli en plus violent.
Escalofrio a su meler avec un certain bonheur les films de possession satanique et les courants de l'horreur et du sexe alors en vogue, osant montrer ce que Rosemary's baby cachait par exemple. Le film ravira les amateurs du genre d'une part mais également les amateurs d'erotisme.
La VHS francaise dure malheureusement que 75mn sur les quasi 85mn originales.. on se met à imaginer la version integrale avec ses scénes gore integrales et ses séquences sex.
Un trés bon moment pour Eric donc...



