Il faut dehors et deja mentionner que TBC (version Ulmer / 1934), n’a aucun(!) rapport avec l’oeuvre de Poe. Ulmer ayant meme avoue n’avoir utilise le titre que pour “attirer le chaland”. Les differences avec le recit de base, sont d’ailleurs tellement flagrantes, que tout spectateur ne pourra que remarquer la “supercherie” au plus tard lors cinq minutes apres le debut de la projection.

Ceci n’empechera neanmoins pas le film d’etre le plus grand succes au box-office de 1934.

Au niveau du casting, les deux noms a retenir sont (bien sur) Karloff et Lugosi, deja immortalises “monstres” quelques annees auparavant, l’un dans Frankenstein (1931), l’autre dans Dracula (1931), tous deux realises sous la banniere Universal. La presence de ces deux “monstres” n’etant sans doute pas etrangere au succes du film. Il s’agissait au passage de la premiere collaboration “active” des deux vedettes suite a un film a sketches sorti la meme annee, Gift of Gab (1934). Suivront encore sous l’egide de l’Universal; The Raven (1935), The Invisible Ray (1936), Son of Frankenstein (1939), Black Friday (1940) et sous celle de la RKO You’ll find out (1940) et The Body Snatcher (1945).
Le film et son contenu, par contre, laisse assez dubitatif car etrange melange de vengeance, complot, psychologie de pacotille, satanisme a la petite semelle et l’on en passe et des meilleures. Le recit multiplie ainsi les macguffins en tous genres, lancant des idees pour les rattrapper indirectement apres d’autres revelations qui n’ont aucune relations les unes avec les autres—une veritable auberge espagnole!

Visuellement, le film “detonne” aussi a de nombreuses reprises; la villa hyper-moderne batie sur un chateau(?) detruit pendant une guerre ne depareillerait pas de Beverly Hills, l’histoire melange vengeance, mysticisme, science-fiction, epouvante comme si le scenario passait du simple thriller, avant d’etre re-orientee, encore et encore finissant en un caleidoscope de genres “populaires” de l’epoque, en lieu et place d’un expressionisme allemand de bon aloi, le film reste visuellement desesperement “plat”.
D’un point de bande sonore, Ulmer a (contre les usages de l’epoque), decide de doter le metrage d’une bande sonore en quasi-continu. Choix assez etrange a la base, mais qui a l’arrivee a tendance a surtout plomber le recit car franchement (trop) orientee “melo(dramatique)”, et ce, meme dans les scenes de suspense, generant a la fin, entre ennui et irritation continue…
Au niveau des acteurs, le couple de jeunes vedettes est malheureusement completement “transparent”. En ce qui concerne le duo Lugosi-Karloff (dont il s’agit de la deuxieme collaboration “active” pour l’Universal), si Lugosi est plus sobre qu’a son habitude (et prend visiblement plaisir a etre mis en vedette), Karloff a l’air de s’ennuyer ferme, et se contente de rouler mechament des yeux en restant muet pendant la plupart de ses scenes.
L’un-dans-l’autre, le spectateur risque de sortir de la vision de TBC avec l’impression d’avoir plutot vu un condense en une heure d’un serial ou de serials(!) avec leur lot d’aventures et peripeties “delirantes”.
A voir, peut-etre par le completistes de Lugosi et Karloff. Pour les autres, ce film serait plutot une mauvaise introduction a ces acteurs qui talentueux, meritent nettement mieux.
The Black Cat: 3 / 5