Un enfant est témoin du meurtre d'un dignitaire noir en visite officielle. Mais personne ne le croit.

Un John Hough des grands jours que ce Eyewitness, rebaptisé outre atlantique Sudden Terror et connu chez nous sous le titre Les Inconnus de Malte. Ce mélange de suspense tendance horrifique et d’espionnage /action est une petite bande d’une extrême vigueur. De ce que j’ai vu du père Hough, il n’y a d’ailleurs guère que son Larry le dingue, Mary la garce qui puisse lui tenir tête à ce niveau. Zéro temps mort donc dans ce récit écrit (ou plutôt adapté puisque c'est tiré d'un bouquin) par Ronald Harwood (Le Pianiste ou plus récemment le pas mal du tout Love in the time of cholera). La première demi-heure, entre la séquence de l’attentat et la première longue course poursuite entre le gosse et les 2 assassins, on ne la voit tout simplement pas filer. Hough lève ensuite un peu le pied, histoire de soigner ses perso et son suspense, nous mitonne au passage une petite séquence de traque dans une galerie souterraine au parfum agréablement hammerien, pour remettre le paquet en terme d’action old school sur les 20 dernières minutes, proprement haletantes.
Scénario carré, âpre même (voir le sort réservé à la copine du jeune héros) et réalisation certes bien datée début seventies dans ses effets stylistiques / visuels caractéristiques du cinéma de genre anglais de cette période – on retrouve le même type d’expérimentations dans les films de Collinson, Fuest ou encore Hickox – mais qui n’en fait pas moins preuve d’une indéniable virtuosité par moment, comme en témoigne ce remarquable plan séquence, à la soixante-sixième minute du film, qui suit Jeremy Kemp du bas de l’escalier du QG de la police jusqu’à son bureau à l’étage.
Autrement, cela est sans doute totalement fortuit, mais le film entretient quelques points communs avec Les Chiens de paille de Peckinpah, tourné l’année suivante. On y retrouve dans les 2 cas Susan George en victime et Peter Vaughan en bad guy particulièrement effrayant sous son air débonnaire, ainsi qu’une même séquence d’assaut de maison isolée dans la campagne au son d’un tonitruant air de cornemuse utilisé par les assiégés pour faire diversion.
A signaler également de superbes extérieurs maltais et la présence au générique de Jonathan Demme, crédité comme co-ordinateur musical. Le film est produit par Paul Maslansky (la série des Police Academy).