Brittany runs a marathon - Paul Downs Colaizzo (2019)

[Superwonderscope]

Brittany (Jillian Bell) est une jeune femme new yorkaise qui approche la trentaine. Elle fume, elle boit, elle bouffe, la bonne copine drôle... fauchée. Lors d'une visite à un médecin, elle se rend compte que sa santé va mal: trop grosse mais surtout mauvaise hygiène de vie. Contre toute attente, elle va essayer de remettre de l'ordre, et commencer ... à courir, avec une femme de son immeuble qu'elle n'aime pas vraiment.



Sur un sujet casse-gueule et prévisible, un film assez surprenant et qui donne de l'inspiration. J'avais un peu peur d'une comédie à la con sous-Bridget Jones / produit moralisateur, il n'en est rien. le poids est un faux problème, il en va surtout d'une femme au point mort dans sa vie, qui décide de se remettre sur les rails et surtout qui voit de la pitié dans le regard des autres.
le film est présenté comme une comédie mais ça glisse lentement vers quelque chose de plus amer, avec certaines scènes qui font carrément grincer les dents.Une assez affreuse : Brittany réussit à courir et s'entrainer pour le marathon de NYC, mais une blessure la stoppe net. lors d'une conversation avec un couple qu'elle rencontre (une femme obèse et son petit ami tendance crevette), elle se lance dans une diatribe sur la bizarrerie du couple assorti, avec en miroir ses peurs et ses obsessions. C'est violent psychologiquement parlant, terrible comme moment, à la fois pour la l'autre femme mais aussi pour le personnage de Brittany auquel le film a réussi à faire s'attacher, et duquel il détache immédiatement. D'un point de vue de l'écriture, c'est très réussi. Où on comprend qu'elle court après elle-même.

Jillian Bell porte le film sur ses épaules, une véritable anti-Amy Schumer. Et le trio qu'elle forme avec un jeune papa (Micah Stewart, très bon) et la quarantenaire qu'elle croit être parfaite... qui se révèle toute autre, ce trio est formidable. Entre des scènes de comédie pure (même s'il y en a peu), elle réussit à rendre palpable la fragilité et les forces de la jeune femme. Hormis la transformation physique (les VFX ne se remarquent pas!), c'est assez touchant et universel comme message. Je me suis tout à fait retrouvé lors de la scène du marathon où

Spoiler : :

blessée, elle manque d'abandonner en cours de route

, quelque chose de similaire m'étant arrivé. Ca m'a fait ressortir des souvenirs de douleur physique et surtout, le fait de puiser dans des réserves qu'on ne soupçonne pas pour dépasser tout ça. Bref, ça parle

Au final, un film qui prend des virages plus fins qu'attendus, avec un vrai personnage complexe, indépendant et avec une très jolie parabole. Il n'y a guère que la fin qui fasse concession au genre mais en même temps, qui semble logique (inspiré d'une histoire vraie)

Vu sur Amazon Prime, avec une qualité toute moyenne.