
Ah qu'il est bon de pouvoir assister à un tel spectacle en salle de ciné d'où l'on ressort avec un enthousiasme à faire bouillonner l'âme. Promare s'inscrit dans la droite lignée des délires foutraques de l'animation japonaise, de cette école qui sacrifierait tout au bénéfice d'expérimentations graphiques et d'une action débridée. Le style est ici assez atypique (j'avoue toutefois ne pas encore avoir vu les précédentes œuvres, pourtant réputées, du réalisateur Hiroyuki Imaishi) avec des aplats de couleur pastel sans détourage noir marqué et un univers visuel s'autorisant différentes explorations, du jeu smartphone un peu trop propre aux combinaison 2D/3D de dessins bordéliques plus tradi, et même quelques passages très numériques (tronesques pour reprendre les propos d'un spectateur). Les thèmes géométriques sont également très présents, avec une opposition cube/triangle particulièrement prégnante. Le rendu est en tout cas très propre, même sur un big écran de ciné.
Promare met surtout son dessin au service d'une action survoltée et soutenue par une réalisation et un montage au cordeau mais qui savent pour autant se ménager quelques temps de pause et surtout s'amuser de leurs propres imperfections. Il en va de même pour ce scénario de pompiers du futur en proie aux exactions de supposés terroristes incendiaires (les burnish), qui assume pleinement une dimension archétypale que le film moque régulièrement (il suffit de voir débarquer le mécha Deus Ex Machina) tout en s'autorisant une certaine noirceur et en traitant la pureté héroïque de nos soldats du feu avec un sérieux papal, sur ce ton 3ème degré très nippon. Imaishi en profite pour caser le maximum d'influences qu'il peut dans son film qui vous jouit durant 1h50 au visage une purée multicolore de toutes les briques élémentaires de la pop culture japanim : le spectateur averti a donc intérêt à avoir les chakras bien ouverts.
Inutile donc de vouloir citer toutes les idées qui se bousculent au portillon (retenons entre autre tout le délire sur l'affichage à l'écran des noms d'attaque, de plus en plus énormes et débiles et qui finissent pas interagir avec leur environnement) car il faudrait sans doute un 2nd visionnage pour tenter de toutes les retenir (proposition refusée par un public trop éprouvé après la séance). Promare fait en tout cas du bien au moral en offrant un spectacle ravageur et criard auto-conscient mais trop concentré à tout faire péter dans tous les sens pour se soucier de savoir si le spectateur suit, ce qui nous change radicalement d'une animation occidentale plus pépère. Le chaos n'attend pas, même quand c'est le bien qui gagne à la fin.