
Frank, un vagabond, trouve un travail dans un restaurant au bord d'une route. Le patron y est marié avec une belle jeune femme bien plus jeune que lui. Frank s'éprend d'elle...
Le roman "Le facteur sonne toujours deux fois" de James M Cain est adapté pour la première fois à Hollywood avec ce film de 1946. Il a déjà été adapté deux fois dans la décennie précédente : une fois officiellement en France ("Le dernier tournant") puis une seconde officieusement en Italie ("Les amants diaboliques" de Luchino Visconti).
Ce film américain s'inscrit dans l'âge d'or du Film Noir hollywoodien, qui débute avec "Le faucon Maltais" en 1941 puis se termine vers la fin des années 50. "Le facteur sonne toujours deux fois" est une production de la MGM, alors la plus prestigieuse des Majors, qui s'est jusqu'alors peu frottée à ce nouveau genre.
En effet, si on prend une filmographie des grandes titres classiques du genre, c'est le premier titre MGM à apparaître, 5 ans après "Le faucon maltais". Alors que les quatre autres majors d'alors (Fox, Universal, RKO, Paramount) ont déjà donné pas mal de classiques dans ce filon. Il faut dire que le Film Noir est alors un genre connoté petit budget, série B, violent, immoral... Bref, un genre qui marche très bien commercialement, mais pas toujours recommandable... La MGM s'en était donc tenue prudemment à distance jusqu'alors.
La major se jette à l'eau avec "Le facteur sonne toujours deux fois", qui est en fait plus ou moins un véhicule pour sa nouvelle bombasse blonde, la pin up Lana Turner, que le film nous fait reluquer dans toutes les tenues les plus affriolantes possibles pour l'époque - encore très verrouillée par la censure.
Cette adaptation bénéficie de qualités de cinéma d'un grand film hollywoodien de l'âge d'or, avec une mise en scène et une narration par l'image parfaites de concision, de rigueur et de fluidité, dénuées de tout gras ou de toute digression. Les personnages sont parfaitement dessinés, le rythme est soutenu et tendu, la photo noir et blanc est superbe, les acteurs sont très bons, en particulier John Garfield dans le rôle de Frank et Cecil Kallaway dans celui du mari Nick. Le jeu de Lana Turner est globalement bon, malgré quelques petits moments un peu en dessous ; et son look trop policé et glamour amène parfois le métrage à la limite du kitsch.
Mais en fin de compte du cinéma hollywoodien carré, bien fait, un bon classique du cycle Film Noir, totalement au service de son récit et de son sujet.
Vu sur le replay de TCM.