Encore un ratage signé Spike Lee.
Produit par Netflix, tout comme la série NOLA DARLING et le film SEE YOU YESTERDAY, DA 5 BLOODS a tout du film pour me plaire. Du moins sur le papier.
Quatre vétérans noirs du Vietnam retournent sur les lieux d’une intervention où jadis, ils ont trouvé et enterré plusieurs dizaines de lingots d’Or. Ce voyage va faire ressurgir les souvenirs, les traumatismes, les rancœurs, les beaux souvenirs...
On a là un sujet magnifique, une occasion de rappeler que les noirs représentent à peine plus de 10% de la population, mais que plus de 30% de la chair à canon envoyée au Vietnam était noire. Bref, un sujet idéal, pertinent, engagé.
Sauf que c’est comme toujours compliqué avec Spike Lee. Le mec a trop d’idée, et surtout trop de colère. Du coup les idées s’entrechoquent, la colère prend le pas sur la construction du récit, on part dans toutes les directions, on fait moult parenthèses, on développe des choses sans aller au bout etc. Résultat on assiste à un film chaotique, bordélique, qui dénonce à la volée, insère des images pour pointer du doigt, tente de développer des personnages mais finalement les abandonne (tous, sauf un), lance des coups de gueules hors sujet etc. Au-delà de ça, le film est très long (2h35), peine vraiment à décoller avec quelque chose d’assez plat. Puis sur la dernière heure, les morts s’alignent et on s’en fout ! Spike semble même oublier qu’il vient de buter un personnage important ! Les autres personnages sont insensibles, continuent l’aventure sans savoir où ils vont, comme Spike Lee semble t-il, et le spectateur à coup sûr...
Enfin on a des choix douteux. Celui de tourner les souvenirs du vietnam avec les mêmes acteurs qui jouent les vieux papys en 2020 ! Donc lors des flashbacks, on a juste des vieux papys avec des bandanas pour faire jeune. Des acteurs de 65 piges qui sont supposés jouer des jeunes de 20 ans ! C’est ridicule. Moins que les effets numériques de THE IRISHMAN mais quand même. D’ailleurs sur une image de cloture, on cède finalement à une retouche numérique calamiteuse.
Le numérique s’invite également lors des séances de guerre en Flashback. C’est pas la cata mais c’est assez cheap et l’action n’est pas crédible une seule seconde. Pour tout dire, les épisodes de L’AGENCE TOUS RISQUES qui se passaient au Viet-Nam étaient plus crédibles que l’action molle de ce film…
Dernière maladresse dans l’usage de la Bande Originale. Spike Lee est généralement très bon pour ça. Là, y’a une belle sélection mais parfois, ou même souvent, ça tombe en total décalage avec ce qui se passe à l’écran. Genre une scène de bateau placide sur le fleuve, avec la Chevauché des Walkyries à donf !

Et la prouesse ultime, c’est quand même de mettre une chanson (avec un mec qui chante donc) sur une scène dialoguée (avec des mecs qui parlent donc) ! La cacophonie. Je comprends même pas qu’on puisse faire un truc comme ça, en gâchant la chanson et en tuant les dialogues…
Bref. Y’a des choses très très intéressantes dans ce film, un discours militant comme toujours très pertinent, des informations à prendre, des séquences touchantes, puissantes. Mais dans la forme, c’est un bordel pas possible sur plus de 2h35, et c’est vraiment compliqué de trouver des excuses à un mec qui a autant de bouteille…