
Il y a bien longtemps, au nord de l'Europe, Claus, un brave bûcheron, fabrique des jouets sur son temps libre pour les distribuer aux enfants de son village. Leurs sourires est le seul salaire dont il a besoin ! Une nuit, il s'égare dans une tempête et est recueilli par les Elfes du Pôle Nord. Ils le rendent immortels et le baptisent Santa Claus, pour qu'il distribue leurs jouets magiques à tous les enfants du Monde, chaque nuit de Noël !
Alexander et Ilya Salkind, père et fils, sont des producteurs indépendants européens dont le coup d'éclat est l'achat au début des années 70 des droits cinématographique de "Superman", avec l'idée alors avant-gardiste d'en tourner une adaptation à très gros budget.
Avec leur complice Pierre Spengler et le studio Warner, ils concrétisent leur projet pour les deux premiers "Superman", qui sont des triomphes mondiaux. La suite sera plus compliquée : le troisième "Superman" est reçu plus tièdement, mais les Salkind maintiennent le cap avec deux nouvelles idées de blockbuster : "Supergirl" et, juste après, "Santa Claus".
Ce dernier est un projet en gestation depuis la fin des années 70 chez les Salkind, et plusieurs réalisateurs sont évoqués comme Guy Hamilton (qui avait aussi failli réaliser "Superman") et même... John Carpenter dans sa (courte) période réalisateur de Major, qui a très sérieusement discuté à son sujet !
C'est finalement Jeannot Szwarc, qui vient de terminer "Supergirl", à qui échoit la mise en scène. "Santa Claus" est un vrai blockbuster, avec un très gros budget, et des vraies pointures aux effets spéciaux, des techniciens de premier plan ayant travaillé sur les "Superman", "Le retour du jedi" ou "Dark Crystal".
Le rôle de Santa Claus est tenu par David Huddleston, acteur plutôt identifié pour les seconds rôles, tandis que Burgess Meredith incarne un elfe ancien et sage (une seule scène dans tout le film), et qu'on retrouve aussi Dudley Moore dans le rôle d'un elfe bricoleur (il était au sommet de sa carrière au début des années 80, avec des comédies comme "Elle" ou "Arthur') et un John Lithgow surexcité dans celui d'un businessman capitaliste qui veut dévoyer l'esprit de Noël.
Les Salikind reprennent en fait la structure du premier "Superman" : la première moitié de "Santa Claus" étant dédiée aux origines du personnage, et la seconde à un affrontement avec un méchant hommes d'affaires qui rappelle le Lex Luthor de Gene Hackman. La découverte du refuge des elfes au pôle nord renvoie immanquablement à la découverte de la Forteresse de Solitude. Et le coeur du métrage est une longue scène de survol de New York, qui là aussi rappelle "Superman" ! Même les deux derniers plans du métrages pastichent ceux célèbres de "Superman" !!
Hélas qualitativement, on est un très gros cran en dessous. La première moitié est d'un ennui redoutable et d'une niaiserie consommée, Szwarc semblant surtout préoccupé par la mise en valeur du décor (énorme) des maisons des Elfes et de leurs ateliers. La seconde partie, à New York de nos jours, est un peu plus nerveuse, avec un John Lithgow à nouveau en pleine crise de cabotinage cynique, plutôt pour notre plaisir ! On apprécie aussi des effets spéciaux très soignés, en particulier des séquences de vol panachant effets optiques et maquettes avec une réussite certaine, vraiment au top niveau de l'époque.
Mais l'écriture déplorable, des acteurs enfants énervants, le cynisme idiot de l'entreprise (avec énormes placements de produits Coca Cola et McDo dans un, film qui critique la commercialisation de l'esprit de Noël !), tout cela fait de "Santa Claus" une grosse pâtisserie indigeste, reposante pour les neurones, mais un peu inutile. Et puis si la musique de Mancini se défend, on a quand même le droit à des chansons de variété dégueulatoires !

Les échecs commerciaux successifs de "Supergirl" et "Santa Claus" vont mettre un terme à la carrière des Salkind en tant que producteurs de Blockbsuter, ils s'orienteront ensuite vers des projets plus modestes...
Vu sur Mycanal/Ciné+.