
Un livre écrit par l’énigmatique Jacques Thorens (

Je n’ai personnellement jamais fréquenté ces cinémas de quartier, j’ai l’âge d’avoir pu y aller lorsqu’elles existaient encore, mais je ne suis pas Parisien... j’ai, comme beaucoup, découvert leur existence par le biais de revues comme Mad Movies bien sûr, puis aussi par le revival de ce type de salle lors de la sortie de Grindhouse de Tarantino. Ma connaissance du Brady se résumait alors essentiellement aux élucubrations de Christophe Lemaire a son sujet. Alors, un livre sur le Brady ? Boarf, encore un truc de fan pour les vieux nostalgiques, ou l’on va relire pour la centième fois qu’il y a des clochards et des putes dans la salle lorsqu’on regarde un vieux Hammer...
Eh bien oui... et non ! J’ai adoré ce livre, tout simplement. Par le biais d’une sorte de journal, écrit simplement en style commun découpé en courts chapitres à thème, nous sommes plongé dans l’ambiance d’un quartier, de rues, d’une époque aussi. On y parle bien de clochards, de prostituées, mais aussi de toute la population locale gravitant autour du cinéma, dans les rues alentours. C’est là que le livre trouve son titre , « le cinéma des damnés » tant l’auteur nous dépeint le lieu comme un refuge ou juste un témoin des mœurs, de la misère ambiante,un épicentre du rayonnement de farfelus et paumés gravitant autour du Brady. Et nous, lecteurs, comme lui, nous prenons d’affection pour tous ces personnages singuliers.
Mais pas que... au delà des portraits sont distillés plein d’infos, de révélations sur le boulot de projectionniste, sur les magouilles de distributeurs, sur Mocky et ses extravagances, sur le cinéma bis, sur les passionnés qui bravent le délabrement de la salle pour aller voir d’obscurs films, sur le fonctionnement des salles de quartier, mais aussi sur les travaux surréalistes d’un lieu en perpétuelle rénovation, sur les visites du CNC etc... le tout dans l’ambiance interlope d’un authentique quartier populaire. Comme ce livre, un vrai livre populaire, qui rend hommage avec tendresse à tous ces damnés qui ont fait vivre , financièrement ou juste au sens propre, ce lieu emblématique d’une époque révolue.
Et c’est aussi très drôle, bourré d’humour, au sens strict ou simplement par biais de l’invraisemblance des situations et anecdotes révélées. Vraiment un super bouquin, simple, qui peut intéresser sans problème un lecteur tout à fait étranger aux cinéma bis et aux salles de quartier disparues, tellement ce Brady semble surréaliste !
Et merci à Savoy1 d’avoir éveillé ma curiosité envers ce livre.
