
Au Vietnam, dans les années 60, une jeune paysanne, Le Li, est prise dans le tourbillon de malheurs et de destruction s'abattant sur son pays...
En 1993, Oliver Stone réalise cette fresque ambitieuse, basée sur les autobiographies d'une sud vietnamienne nommée Le Ly Hayslip, qui reçut un accueil tiède.
Le projet est toutefois ambitieux et rare puisqu'il s'agit d'adopter sur la guerre du Vietnam le regard d'un personnage vietnamien. Et plus encore, d'une femme profondément bouddhiste. Cette fresque retrace des décennies d'une vie chaotique qui donne l'occasion à Stone de parler de beaucoup de choses différentes : inefficacité de l'action US, brutalité partagée par les deux camps dans un conflit contre-insurrectionnel (avec une scène de torture dans la parfaite logique de ce qui se faisait en Algérie quelques années auparavant), déchirure de l'émigration, contraste des vies entre tiers monde et USA, traumatisme des soldats américains, choc des cultures, spiritualité asiatique, famille et j'en passe !
Evidemment, cela fait un film qui se retrouve coupé en plusieurs épisodes, usant beaucoup la voix off. De plus, plutôt qu'un style retenu comme le terrible "La déchirure" (dont l'acteur principal incarne ici le père de la jeune héroïne), Stone se jette à corps perdu dans un cinéma romanesque et très sentimental, dès les premières images splendides du Vietnam sur une superbe musique sirupeuse de Kitaro (qui lui valut le Golden Globe, seule récompense notoire reçue par le film...).
Je trouve que l'indifférence reçue par ce film est injuste, il est plus original et courageux à mon sens que "Platoon" ou "Né un quatre juillet" (ce dernier marchant nettement sur les traces d'un prédécesseur comme "Le retour"), avec une vraie parole donnée au point de vue vietnamien (le discours du frère à la fin) sur le conflit et ne donnant guère le beau rôle à l'armée américaine, rappelant, en plus beauf, les paras français de "La bataille d'Alger" ! Bref, un film avec des défauts et des déséquilibres, mais aussi un projet singulier, ambitieux, réalisé avec sincérité et panache. Avec une Joan Chen méconnaissable et excellente dans le rôle de la mère !
Vu sur le dvd français Warner sorti en 2001, un disque qui a pris quelques rides : ainsi la copie 2.35 16/9 laisse apparaître quelques saletés et rayures flagrantes, des halos de edge enhancement assez réguliers, des contrastes et couleurs parfois un peu ternes. Sinon, cela reste un télécinéma quand même décent, avec une agréable résolution et une compression invisible. Bonne bande son dolby digital anglaise 5.1 d'origine, avec VF et STF dispos.
