Benedetta (2021) Paul Verhoeven

[dario carpenter]

Je reviens de la séance et pour ma part j'ai trouvé le film égal dans son inconsistance et sa platitude du début à la fin.
Il y a une vague ambiguïté du personnage de Benedetta qui aurait pu être intéressante mais ça ne décolle pas vraiment, on se fiche du personnage, de son histoire et de sa bluette avec sa copine, le scénario ne soulève pas de propos pertinent par conséquent l'histoire parait superficielle et anecdotique, et ne parlons pas de la mise en scène, du montage et de l'utilisation de la musique très France 2/France 3 Télévision/SBS Productions, quasi dorfmaniennes.

Restent deux plans gore, un peu de nudité, quelques moments très rigolos en effet:

le prologue sur l'enfance de Benedetta, les apparitions de Jésus, les scènes d'Effira possédée façon Pazuzu/Régine, le bûcher/émeute du final avec flammes numériques, Lambert Wilson en méchant sorti d'"Au théâtre ce soir" et la foule de 20 figurants cadrée en plans serrés, -comme tout le reste du film d'ailleurs-.. )...c'est bien maigre. Et finalement on se dit qu'"Elle", c'était "pas si mal"!

[Machet]

le prologue sur l'enfance de Benedetta

aux cheveux châtains...

Spoiler : :

le gag de l'oiseau qui chie sur le voyou au début Digne des Visiteurs... Mais qu'est-ce que c'est que ce binz Verhoeven !?

[dario carpenter]

le prologue sur l'enfance de Benedetta

aux cheveux châtains...

Spoiler : :

le gag de l'oiseau qui chie sur le voyou au début Digne des Visiteurs... Mais qu'est-ce que c'est que ce binz Verhoeven !?

oui dès la scène d'ouverture avec les brigands du pauvre, l'"oiseau qui chie, les acteurs à la ramasse, la lumière plate, on se demande où on a foutu les pieds.. les 20 millions d'euros de budget je vois pas trop où ils sont passés d'ailleurs, sûrement dans les salaires de Said Ben Said, Verhoeven, Virginie, Lambert et Charlotte.

[Machet]

Après je trouve que le film trouve son rythme et son intérêt dans sa seconde moitié.
Personnellement, je pardonne et oublie les défauts au fur et à mesure que le film progresse.
Mais oui, il manque quelques millions d'euros pour l'enrobage et la figuration, et il manque probablement des frères d'armes tels que Jan DeBont ou Jost Vacano pour l'ambition formelle.

[dario carpenter]

Oui sur la forme sur le technique c'est déficient avec une lumière plate, des cadrages tremblotants (l'écran large sert à rien dans ce film!!), c'est monotone dans le filmage, le découpage, le montage est d'une mollesse, et que de plans moyens, serrés qui ne mettent jamais en valeur le décor..

Et pour moi l'autre gros souci c'est le scénario...la vie de ce couvent, Benedetta et son histoire avec sa copine, tout ça j'ai trouvé ça convenu, sans intérêt, il y a quelques scènes gentiment érotiques pour pimenter mais la provoc tombe à plat, comme vieillotte, éculée.
On pense que le récit va un peu décoller dans la dernière 1/2 heure quand la Peste, Wilson et Rampling débarquent, qu'un peu de dramaturgie s'installe enfin, vaguement...mais tout s'effondre avec le final voulu spectaculaire mais cheap et rigolo, et l'épilogue faiblard qui suit...on finit par s'interroger sur ce qu'a bien voulu raconter Verhoeven avec cette histoire... l'ennui et l'indifférence l'emportent pour moi largement.

[hitcher]

Et finalement on se dit qu'"Elle", c'était "pas si mal"!

Et moi je me dis qu'il ne peut pas tomber plus bas que ELLE.
C'est pas possible.

[dario carpenter]

Et finalement on se dit qu'"Elle", c'était "pas si mal"!

Et moi je me dis qu'il ne peut pas tomber plus bas que ELLE.
C'est pas possible.

Si c'est possible même si ça parait certes difficile à croire, là il avait plus d'ambition à la base donc inévitablement il chute de plus haut le ratage est encore plus embarrassant...

[Roderick Usher]

Je suis très admiratif de la carrière de Verhoeven, c'est un des rares cinéastes qui ne faiblit pas au fil des années, qui réussit à sortir des films énergiques, provocants, pertinents, et ce, quelque soit le contexte de la production. On peut lui reprocher des films moins bons que d'autres (et Benedetta n'est pas son meilleur film), mais pour moi c'est toujours un vrai plaisir de les découvrir. Benedetta prends le parti de traiter son époque comme un moment de survie, de cruauté, dans lequel la foi est un instrument de pouvoir (au lieu de se concentrer sur les amours lesbiens entre nonnes que oui, on a un peu tous espéré! ). Effectivement, certaines scènes puent le numérique (la comète craint quand même bien..) mais les visions de Benedetta, qu'on peut qualifier de kitsch, rentrent parfaitement dans le contexte de la vision de cette époque. En tout cas, ça me semble crédible et suis sorti de là plutôt enthousiaste, espérant qu'a 82 ans, ce ne soit pas son dernier film.

Quand je lis que le film est déficient techniquement...la photo est très naturaliste, très cru, et je veux croire que c'est un parti pris. Quand aux cadres tremblotants, je pense qu'il est préférable de prendre l'apéro après la séance plutôt qu'avant.

[dario carpenter]

à part le fantôme de Jean Paul II je vois pas trop qui pourrait être dérangé par le film...un combat d'arrière garde si c'était dans les intentions de Verhoeven de provoquer, mettre mal à l'aise les (derniers) cathos. Quelques pets et un peu de nudité, y a eu pire ailleurs. Un film comme "les diables" avait un autre souffle et même le "Jésus 2 le retour" des Inconnus certes sans Virginie Efira nue était plus amusant et percutant en quelques minutes, il y a 30 ans..

Quand aux cadres tremblotants, je pense qu'il est préférable de prendre l'apéro après la séance plutôt qu'avant.

on parle de quelques cadrages et pas d'effets "shaky cam" non plus
pourtant 20 millions d'euros c'est un budget très très généreux pour un film français, il y aurait eu moyen d'avoir plus de plans larges sans forcément faire du Fleischer ou du Carpenter, de se payer aussi plus de figurants notamment pour "l'émeute" finale, d'avoir un découpage plus varié, un montage plus dynamique...

https://www.youtube.com/watch?v=GAfBWwA ... CAPTUREMAG

Les effets spéciaux vont du limite (serpent, sang numérique et ciel) au très bon (le final).

Pour le final tu fais référence aux flammes du bûcher?

Ici l’éclairage m’a semblé platement français. Il manque une ampleur, une figuration plus massive, etc.

Mais oui, il manque quelques millions d'euros pour l'enrobage et la figuration, et il manque probablement des frères d'armes tels que Jan DeBont ou Jost Vacano pour l'ambition formelle.

C'est probable pour l'absence de ces chefs opérateurs et surtout quand on voit le CV des productions Said Ben Said le rendu à l'écran s'explique un peu mieux .. après peut-être que le budget réel est largement inférieur à celui annoncé?
Enfin la forme c'est une chose mais si au moins le scénario avait été plus consistant...C’est très plan-plan. Une histoire de cul, 2 trucs sur la religion, une ambiguïté sur la santé mentale de l’héroïne pas si ambigüe, vite réduite à une affabulatrice. J'avais trouvé son "Black book" plus dynamique, plus enlevé, plus prenant, mais bon c'était il y a quinze ans déjà.

[Teurk le Sicaire]

Conquis par cette nunspoitation un peu plus élevée que les bisseries à la Mattei malgré la présence du saphisme de rigueur dans ce genre. La reconstitution historique est plaisante et permet de s'immerger dans cette petite communauté où le destin de Benedetta pourra s'accomplir, à la force du poignet si nécessaire. L'exploration du fonctionnement ecclésiastique par Verhoeven est clairement à charge, décrivant toutes les déclinaisons possibles d'une spiritualité en déperdition ; entre la mère supérieure qui négocie le prix des postulantes pour faire tourner la boutique, le prévôt qui rêve d'accéder à un poste épiscopal, le nonce cynique qui parait tirer un large profit personnel de son statut, ne reste que la sœur en titre qui semble sincèrement adhérer à une mystique avec laquelle elle entretient une relation complexe et que le film prendra un malin plaisir à rendre confuse.

Les acteurs livrent tous une prestation appréciable, avec un choix intrigant de contrebalancer le théâtralisme un peu formel de Charlotte Rampling et de Lambert Wilson par le ton franc du collier de Daphné Patakia et de Virginie Effira. Cette dernière mérite néanmoins d'être célébrée car elle se débrouille très bien avec un rôle particulièrement exigeant, tant dans l'exposition physique qu'il réclame que dans le délicat équilibre à tenir lors des scènes de manifestation mystique (l'apparition des stigmates frontales est un moment assez puissant). Une pensée également pour les scènes oniriques de super Jésus (Mattei, encore lui, n'est cette fois plus si loin).



[Spoilers]

Comme dit plus haut, Verhoeven fait le choix d'entretenir pendant un temps le doute sur la réalité des miracles puis sur l'adhésion authentique ou non de Benedetta à ceux-ci. J'ai justement trouvé cet aspect des plus intéressants dans ce qu'il donne à voir d'un fonctionnement psychique individuel et de sa rencontre avec un collectif.De mon point de vue, Benedetta apparait comme une authentique illuminée, convaincue dès son enfance de son statut exceptionnel et donc du destin qui va avec. On la sent s'enorgueillir d'être l'épouse de Jésus, quasi la seule et l'unique, et s'il faut aider un peu à la survenue de preuve de ses dons mystiques, cela ne lui parait pas être de la triche, juste une auto-confirmation naturelle de sa conviction profonde. En psychiatrie, on pourrait classer ce fonctionnement dans les paranoïas en secteur où cette fameuse conviction est le noyau de tout un système psychique qui ne sert et ne cherche qu'à la valider.

Cela explique que Benedetta n'est pas une douce naïve qui veut répandre le Bien autour d'elle, elle sait faire montre de rouerie pour parvenir à ses fins et en tirer un bénéfice personnel, dans une recherche de réalisation égoïste de ses désirs (y compris sexuels, il suffit de voir l'évolution de sa relation amoureuse) qui se confondent avec son illumination religieuse, autre support à son narcissisme puissant. Et c'est ce dernier qui parvient à emporter avec elle les plus crédules ; si les plus cyniques restent méfiants et se contentent de vouloir en tirer profit, pour eux ou pour la congrégation, c'est le contexte de crise sanitaire par l'épidémie de peste qui viendra à bout de leurs doutes et leur fera plier le genou. Benedetta apparait alors comme une pure graine de gourou, racontant ses jolies histoires autant à elle-même qu'à ses adeptes qui veulent y croire, mais tout en gardant la présence d'esprit de capter la lumière pour elle, d'éliminer ses adversaires et de tirer avantage des angoisses infectieuses du moment. Une Didier Raoult, quoi (avec une puissance érotique supérieure, toutefois).

Un film très actuel, donc, alors même qu'il a été écrit et tourné avant la pandémie de COVID. Visionnaire le Paulo !

[dario carpenter]

Dirty Tommy ex forumeur nouveau Youtubeur s'exprime au sujet de "Benedetta"!:

https://www.youtube.com/watch?v=vdU67L7 ... DirtyTommy

[DPG]

C'est pas mal. Le film ouvre pas mal de pistes de réflexion, on ne sent pas passer les 2h et quelques, y a du gore et du cul, mais ça ne sombre jamais ds un vulgaire bis racoleur. Tout n'est pas parfait non plus, si les acteurs sont très bien, on sent que visuellement c'est pas toujours au niveau où le film aurait pu aller. Idem dans le scénario, tout n'est pas complètement maitrisé, les ellipses sont parfois un peu brutales, comme s'il manquait quelques bobines ici ou là. Sans aller jusqu'à parler d'un film cheap, on n'est pas non plus face au nouveau "Nom de la rose". Voilà, inégal, imparfait, avec des creux, mais quand même une offre intrigante et qui mérite une vision. Pour un réal de plus de 80 balais, on a qd même de quoi voir le verre à moitié plein !

[japi]

J'ai eu l'impression de retrouver un film dans la lignée de ce qui se faisait dans les années 70, dans le registre de la "nunsploitation".
Si Verhoeven applique un traitement sérieux, le film n'échappe pas à certains moments à un aspect bis, à cause, entre autres, d'effets numériques un peu décevants.
J'aime plutôt sa mise en scène, il y a plusieurs scènes intéressantes.
Par contre, le scenario manque de matière, surtout dans la première partie.
On sent la durée un peu excessive, et le rythme assez languissant, même si le sujet si prête bien.
Virgnie Effira, dans un rôle difficile, s'en sort bien. L’ambiguïté, maintenue suffisamment longtemps de son personnage est intéressante.
Daphne Patakia est également convaincante.
Les autres comédiens sont inégaux, certains sont très biens, le jeu d'autres manquent un peu de subtilité (Lambert Wilson).
L'hypocrisie de l'église est également bien montrée.
Il y a un côté provocateur aussi, mais on est très loin de la réussite qu'avait eu un autre cinéaste provocateur, Ken Russell, avec Les diables.
Néanmoins, un film intéressant, malgré ses défauts.