Vu sur Prime et, 'ben decu pour ma part aussi.
Bon, "deception" peut etre un bien grand mot. Dison que je vois le verre plus a moitie vide que plein.
D'abord, concernant le realisateur, autant je reconnais a Del Toro beaucoup de talent, de passion dans tout ce qu'il fait, un grand amour et une vaste connaissance du cinema. Bref, un profil sans failles qui lui permet de sortir film apres film auquel j'adhere sans limite...Pas si vite!
En fait, je trouve a Del Toro un cote "James Cameron" qui a tendance a me bloquer dans l'appreciation de ses films. Cameron fait une fixette sur la technique et, a mon sens, s'interesse de moins en moins a l'humain dans ses films. Dans un meme ordre d'idee, Del Toro me parait de plus en plus lance dans une recherche de l'esthetique pour au passage laisser l'humain de plus en plus sur le bas cote...
Bilan, des films assez "leches", mais tres (trop en fait) "lisses" que je trouve..."jolis" a voir, mais regarde avec une certaine distance. Par example: Hellboy 1&2 (je suis tres fan du comics!

) ou Pacific Rim (je suis fan de grands robots japonais!

) qui sont tous techniquement reussis, sympas a voir mais sans que je parvienne a entrer dans l'univers en question

. Crimson Peak (du gothic!

)...meme topo, joli a voir, mais peu d’implication de ma part ou presque...
A ce jeu-la, Nightmare Alley ne fait pas exception alors que je suis tres fan de films noirs

.
La seule exception a ce jeu dans la filme de Del Toro est son premier film: Cronos, qui comme premier film, est encore plein d'"asperites", donc j'accroche. Le reste? Trop lisse. Une exception notable: The Shape of Water qui beneficie d'un couple compose d'un monstre (inspire de la creature du lagon noir

) et d'une femme...pas vraiment "canon", CQFD. L'imperfection m'accroche. Bilan: j'ai (enfin) adore. Une autre excetion etant la serie TV The Strain, mais je la met a part, vu qu'il s'agit d'un autre media.
Cote narration, Nightmare Alley est aussi divise en deux parties. Comme les autres forumeurs, je vois un probleme dans le traitement des deux sections sans compter que le film est trop long pour ce qu'il a a raconter...
Des 2 parties, Del Toro est TRES interesse par la partie consacre a la kermesse / Freak show, apparemment beaucoup moins par la (seconde) partie "film noir".

Ainsi, il se montre TRES detailles dans les attractions et l'univers de la foire. Il rappelle presque un peu Tobe Hooper avec The Funhouse, meme si visiblement Hooper et Del Toro traitent le meme univers de facon radicalement differente: avec un sens de l'emerveillement (Del Toro), avec un malaise (Hooper).
A ce jeu-la, Del Toro a, a mon sens, aussi tendance a enjoliver et magnifier l'univers des forains et des freaks. On a ainsi des trains fantomes et des attractions TRES impressionnantes techonologiquement parlant et "magiques", un peu trop pour l'epoque (1939), je dirais...

On a souvent plus l'impression de voir un parc a theme comme il en existerait seulement plusieurs decennies plus tard...

Bref, Del Toro "lisse" un peu trop le propos et les visuels et la proposition est "biasee.
Quand commence la partie "film noir", Del Toro semble se mettre plus en retrait, comme s'il etait moins interesse. Par contre, il continuer de lisser son film, y compris certains de ses acteurs comme Cate Blanchett qui fait tellement "femme fatale" qu’elle fait presque personnage genere par intelligence artificielle(!)

. Plus une couverture de Pulp Magazine qu'une actrice qui incarne un personnage. Lissee au point de ne plus paraitre "humaine"...
Il faut dire que le film noir est un genre TRES codifie (detective desabuse, femme fatale, flic corrompu, etc). Les possilibites de combinaisons s'en trouvent donc limitees a la longue. J'irais meme jusqu'a dire que si on limite la description a: film narrant (a) la chute d'un personnage ou (b) sa redemption, on doit couvrir une tres large majorite des films du genre. Nightmare Alley n'echappe pas a cette regle.
Ici, on a une "chute". C'est clair du moment ou dans la partie "foraine" le personnage principal met la main sur le carnet de notes et se voit donner une avertissement qui, comme dans Gremlins (1984) le public saura qu'il sera ignore, sinon il n'y aurait pas d'histoire a raconter

. Meme schema ici: ignorer l'avertissement entrainera la chute, CQFD. Le metrage se met donc sur des rails dont il ne sortira plus.
Quelque part, Del Toro laisse juste l'histoire se raconter toute seule, d'ou: moins d'interet de sa part.
Le film fait 2h30. Ca fait long. J'en viens a me demander si plus que d'un film trop long destine aux salles ou une serie TV ou le propos ne tiendra pas l'entierete d'une saison, on ne devrait pas en revenir aux "telesuites". Les telesuites fesaient generalement 75min ou 90mins + encarts publicitaires (15 min pour les premiers et 30 minutes pour les deuxiemes).
Ainsi, quand on avait plus a raconter, mais que ca ne suffisait pas a en tirer une serie TV on fesait une "telesuite", essentiellement 2-3 soirs (parfois d'affiles) de 75 ou 90 minutes. J'ai tendance a penser que ca marcherait mieux pour pas mal de ces trop longs films dont on nous abreuve en salles ces deux derniers decennies.
On laisserait le real aux commandes, il monte un film pour le cinema (laissant a Nightmare Alley ses 150 minutes), mais par exemple pour l'exploitation sur plateformes, le laisse libre d'en tirer une "telesuite" de 2 episodes de 90 minutes: 90 minutes sur le freak show, 90 minutes pour le film noir, avec une coupure nette au milieu entre les deux. Ca equilibrerait le film. Apres, il faudrait que le Del Toro rende le tout plus "palpaple" pour le public (un autre probleme en lui-meme), mais je pense que ca reglerait le probleme de desequilibre du film.
Au final, un film "joli" (comme Crimson Peak), je reconnais une recherche esthetique, un univers, mais ne parviens pas a me passionner pour les persos du film et tend a regarder ma montre un peu trop...Dommage.
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.