
Juste après la seconde guerre mondiale, six allemands sont recrutés à Berlin pour désamorcer les nombreuses et dangereuses bombes non explosées qui gisent dans les ruines...
Comme sa carrière hollywoodienne sent le roussi (il vient d'être renvoyé du tournage de "Racket dans la couture"), Bob Aldrich tente un rebond européen en tournant en Allemagne un drame de guerre produit par... la Hammer !
"Tout près de Satan" est tout de même plus ambitieux que les films de la firme anglaise : pas d'acteurs maisons, mais des vrais vedettes américaines (Jack Palance et Jeff Chandler) et européenne (Martine Carole) ; pas de décors exigus, mais un tournage en RFA relativement fastueux, dans les studios UFA.
Comme dans "Attaque", Palance joue un rôle de gentil, Koertner, un leader courageux et aimé de ses hommes. Il entretient une rapport ambigu avec son collègue par joué Jeff Candler, mêlé de rivalité sourde et de solidarité de frères d'armes. Martine Carole joue une Française réfugiée à Berlin car s'étant mariée avec un soldat allemand durant la guerre. Elle et Koertner tentent de reconstruire leurs vies et leurs identités dans le champs de ruine de la ville dévastée.
Mais Koertner et ses amis exercent un métier hyper dangereux, celui de démineur, manipulant des monstres d'aciers destinés à démolir des immeubles entiers et prêts à éclater au moindre faux geste. Aldrich construit ainsi des scènes au suspens très fort, où sa virtuosité en terme de cadre et de montage est évidente. Le final à la tension paroxystique et au dénouement tragique est mémorable. Certes, entre les scènes de déminage, ce n'est pas toujours les mêmes réussites, avec un Palance bien larmoyant, des dialogues et des situations mélos. Sans être un grand Aldrich, "Tout près de Satan" est un honnête film de guerre, un évident prédécesseur de "Démineurs", qui mérite le coup d'oeil pour les amateurs du grand Bob.
A noter que celui-ci a fait retirer son nom du générique en tant que producteur, "Tout près de Satan" ayant été remonté dans son dos par le studio (Hammer ou le distributeur United Artists ?) et tronqué de 30 minutes. C'est cette version courte de 90mn, qui est la seule en circulation, que j'ai vue sur le replay de ciné+, copie 1.66 16/9 noir et blanc honnête, VM anglaise mono stf.