
La régularité de sortie des derniers films de Dupieux est impressionnante. L'avantage de contenir ses récits en 1h15 ? Incroyable mais vrai signe le retour de Chabat dans son univers absurde dont les ressorts sourdent de plus en plus d'une banalité apparente. Il y a bien ce concept brindzingue de trappe dystemporelle dans la cave (n'en disons pas plus) mais le plus étrange demeure ces échanges conversationnelles d'une platitude malaisante : la recherche de reproduction minutieuse d'une réalité quotidienne et anti-cinématographique parvient étonnamment à être dérangeante et ne déclenche le rire que par son non-sens (pourquoi regarder un film qui met en scène des échanges aussi plats ?). Bon, j'exagère un peu car le perso de Magimel, très confort dans son rôle de beauf, apporte également une belle note bizarroïde avec ses choix chirurgicaux.
J'aime beaucoup comment Dupieux parvient à mettre en scène l'obsession envahissante, que ce soit Léa Drucker avec la trappe ou Magimel avec son engin (sur ce thème, Le Daim restera son chef d’œuvre, scandaleusement inédit en BR). Dans Incroyable mais vrai, c'est le vieillissement et la perte qui rongent les personnages, à l'exception de celui de Chabat, roc quasi-imperturbable d'une vie plan-plan où on ne se pose pas beaucoup de questions. Le choix de montage de la conclusion a ainsi du sens, au vu du thème évoqué, mais il s'avère également hyper frustrant tant on aurait aimé voir développées toutes ces idées. Sans doute que Dupieux, conscient de ses limites, a préféré abréger la farce qui, en l'état, reste toutefois un spectacle recommandable.