Liste des sketches:
Episode 1: Kanojo no Omoide / [ Her Memories ], a.k.a. Magnetic Rose – Koji Morimoto
Une equipe de “nettoyeurs” de dechets spatiaux captent un appel de secours et decident de se rendre a son point d’emission; une mer des Sargasses cosmique. Ils y trouveront un vaisseau etrange empli d’une non moins etrange atmosphere et…personalite…
Premier sketch et premiere reussite narrative et artistique. Essentiellement un recit de maison hantee / bateau fantome, sorte de variation science-fictionnelle du recit du Hollandais Volant, puissant des idees de Legend of Hell House (1973), l’esthetique baroque de l’opera ( que l’on retrouve notamment en partie dans The Haunting (1960) ), le tout dans un recit qui puise sa source dans Alien (1979), le tout matine d’un soupcon de legende Faustienne. A noter d'ailleurs que Le Hollandais volant et Faust ont tous deux ete adaptes a l'opera ( esp. par Gounod et Wagner, cqfd ).
Au scenario Satoshi Kon ( Perfect Blue (1997), Tokyo Godfathers (1993), Mousou no Dairinin / [ Paranoia Agent ] TV (2004) ) parvient a souffler le chaud des decors et le froid spatial, tandis qu'a la realisation, Koji Morimoto ( Robot Carnival (1991), Onkyou Seimeitai Noiseman / [ Sound Being Noiseman ] (1997), The Animartix (2003) ) reussissant haut-la-main le defi d'adapter visuellement ce meme recit.
La BO, resolument lyrique ici, comportera notamment un extrait de Maria Callas et donnera a Yoko Kanno ( Please save my Earth OVA (1994), Cowboy Bebop TV (1998), Wolf's Rain TV (2003) ) l'occasion de s'attaquer au monde de l'opera pour ses compositions.
KnO presente une superbe realisation technique, ainsi qu’une reflection non pas sur la realite, mais sur les souvenirs et notre facon de vivre avec eux, par eux, voire...malgre eux. Magnifique, et comme tout opera, au final: tragique…
5 / 5
Episode 2: Saishuuheki / [ The foulest Weapon ], a.k.a. Stink Bomb – Tensai Okamura
Prefecture de Yamanashi. Un employe d’un laboratoire de recherches grippe prend par inadvertence un produit experimental aux consequences pour le moins…facheuses…
Avec Katsuhiro Otomo aux scenario de son propre recit, ce deuxieme sketch laisse Otomo se dechainer son cynisme destructeur et propose une course-poursuite meurtriere en mode “comique”.
Si la qualite technique de l’opera de destructions imagine par Otomo et mis en images par Okamura (Wolf's Rain TV (2003), Soul Eater TV (2008), Ao no Exorcist / [ Blue Exorcist ] TV (2011) ) est passablement incroyable, l’argumentaire reste quand meme faiblard et repose sur un triple gimmick unique; le hero, sa malediction et les efforts entrepris pour l’arreter. Un regal pour les yeux, mais quand meme et emotionnellement, un serieux cran en-deca du premier sketch.
Un autre bon point "technique" sera la musique jazzy-funk de Jun Miyake ( Pina (2011) ) qui ajoutera un plus que sympathique cacophonie au chaos visuel de l'episode.
L’on retrouve en filagrane le cote frondeur et contestataire d’Otomo. Ainsi, rappellons pour memoire, qu'en 2012, le budget militaire du Japon est le sixieme au monde. Ce qui est non negligeable, surtout pour un pays…qui ne possede pas d’”armee”. ( Les forces militaires du Japon appellees Jieteitai / JSDF – Japan Self-Defense Force n’ayant qu’un role de defense du territoire, mais restent essentiellement percues—par la population elle-meme—comme une infraction a l’abandon du “droit a la guerre” de la constitution du pays ).
Un recit, dont on devine qu’il se dirige vers une chute…en fait previsible.
4.5 / 5 ( pour la technique, l'histoire penche pour...nettement moins )
Episode 3: Taihoo no Machi / [ Big Gun City ], a.k.a. Cannon Fodder – Katsuhiro Otomo
07:00 du matin. Debut d’une journee comme les autres dans une ville pas comme les autres. Ici, tout, absolument TOUT, tourne autour du cannon, sa fonction, son entretien, sa science. Une journee dans la vie des citoyens-soldats.
Un episode, cette fois sous controle total d’Otomo ( Akira (1988), Robot Carnival (1991), ushishi (2006) ), pour resulter en un episode assez decontertant.
Ainsi, le graphisme fait plutot “auteurisant” au sens europeen que “anime ( nippon )”.
Cote narratif, il s’agit encore moins d’un recit, que la creation d’une atmosphere, celle d’un monde completement fou ou l’armement est une finalite en soi. De nouveau, Otomo joue la fibre anti-militariste, et encore plus que dans l’episode deux du metrage.
Que faut-il y voir? Une fable sur l’ideologie ( de nombreuses references quant a l’iconographie de la propagande sovietique parcourent le metrage )? Une fable sur une paranoia gouvernementale ou sur la folie ( calculee? ) d’un “regime” ( 1984 pour la fiction, ou la Coree du Nord pour la—triste—realite )? Ou s’agit-il d’une denonciation d’un certain Japon et de sa societe pre-formatee ou toute remise en question est fortement deconseillee…? A chacun d’y voir ce qu’il veut…ou peux…
Si la technique fait merveille et les saynettes sont amusantes, les buts sont quelque peu “flous”, et le spectateur se sent plutot en presence d’un “exercice de style” que d’autre chose…Le bon cote, etant que ce sketch est le plus court des trois!
La BO de ce sketch sera en adequation avec son cote "experimental" et sera compose par Hiroyuki Nagashima.
3.75 / 5
Comme beaucoup de films a “sketches”, Memories souffre donc de clivages entres les recits.
Contrairement a la majorite des films a sketches, le probleme est moins la “qualite” ( la forme ) des sketches qui reste hallucinante tout episode confondu, mais le contenu ( le fond ), qui oscille entre une tres forte implication emotionnelle ( episode 1 ), un recit-gag ( avec punch-line …pas vraiment fraiche… ), et un episode “artsy” pour cloturer le tout.
Aux visuels passablement incroyables offerts par les studios 4C ( Robot Carnival (1991), Spriggan (1998), Metropolis (2001) ) pour les sketches 1 & 3 et Madhouse ( The Cockpit OVA (1994) ) Trigun TV (1998), Texhnolyze TV (2003) ) pour le deuxieme sketch, l’ordre des episodes suit celui du “fond”, et va donc…en decroissant. Mouais
Memories reste un anime visuellement assez incroyable, meme si affichant un petit cote “auteur” qui peut, selon les gouts, un tantinet irriter le spectateur. Un film a decouvrir neanmoins, car offrant sans doute a n’importe quel spectateur au moins un sketch majeur auquel se rattacher et a apprecier.
Memories: 4.5 / 5
P.S. J'hallucine, ou aucun thread sur ce film n'existait a ce jour?
