
Après la mort imprévue de T'Chala, roi du Wakanda et alter-ego de Black Panther, la reine mère Ramonda reprend le pouvoir et doit défendre sa nation contres les puissances qui convoitent le vibranium. Elle est contactée par le roi d'un peuple sous-marin qui prétend aussi détenir du vibranium...
Quelques petits spoilers dans le texte ci-dessous...
"Black Panther : Wakanda Forever" doit relever le défi de donner une suite à "Black Panther", un des films Marvel les plus populaires (mais loin d'être le plus réussi), alors que son acteur principal est décédé entretemps. Avouons-le, le film ne s'en sort pas mal sur ce point, "Black Panther : Wakanda Forever" devenant plus un film de science-fiction qu'un pur film de super-héros. Le nouveau Black Panther n'arrive en fait qu'en toute fin de métrage. Les acteurs, en particulier Laetitia Wright et Angela Bassett, se sortent bien de ce tournant difficile.
Mais une fois constaté ce passage de relais habilement négocié, il y a vraiment à boire et à manger dans ce "Black Panther : Wakanda Forever". Formellement, déjà, on s'étonne de scènes super-sombres en début de métrage (l'attaque bateau américain, la rencontre au bord du lac), franchement mal éclairées, irregardables avec le contraste des sous-titres. Mais ça s'arrange en cours de métrage. Les effets spéciaux sont variables, mais à nouveau en deça de ce que l'on est en droit d'attendre pour un tel métrage affichant un tel budget, avec des doublures numériques aux mouvements peu naturels, des plans truqués manquant de texture. Ca se regarde, mais bon, pour la suite d'un métrage qui a fait plus d'un milliard de dollars de recettes, c'est regrettable.
Ryan Coogler parvient à insuffler de la vie et de l'émotion à ses personnages, à faire vivre ses univers fantastiques et high tech foisonnant. Mais en terme de cinéma, il souffre de n'avoir vraiment aucun style identifiable, contrairement à des Sam Raimi, Taika Waititi et autres James Gunn. On est dans un cinéma de blockbuster standard, sans surprise, grouillant de plans et de séquences clichées. Et cela se ressent d'autant plus que "Black Panther : Wakanda Forever" affiche une durée - délirante - de 2H47, presque trois heures, qu'on sent vraiment trop passer.
D'autant plus que le métrage s'égare en perdant du temps sur des intrigues secondaires pas passionnantes comme la disgrâce du général Okoye ou, surtout, un placement de produit Disney +, avec l'introduction au forceps de "Iron Heart", personnage de petite ado super-héroïne marchant sur les traces des récentes "Hawkeye" ou "Miss Marvel", et d'ores et déjà agaçante et creuse, en attendant sa série qui arrive l'année prochaine sur le service de streaming !
"Black Panther : Wakanda Forever" introduit Namor au cinéma, le vétéran des grands super-héros Marvel faisant donc son arrivée dans une version un peu modifiée. L'acteur Tenoch Huerta livre une prestation correcte dans ce rôle, et le métrage restitue les ambiguités du personnage, parfois malfaisant, parfois bienveillant. Ce qui évite la redite d'"Aquaman". Il est d'ailleurs assez pertinent de l'introduire dans le cycle "Black Panther" fortement teinté d'anti-colonialisme. Cela dit, la partie sous-marine est à nouveau déservi par une photo discutable et des sffets spéciaux inégaux, et ce Namor manque un brin de grandeur quand même.
Ryan Coogler et ses acteurs réussissent à faire passer un coeur et une âme dans ce métrage, ce qui est déjà pas mal au vu des deux autres films Marvel de 2022, qui sont des titres plus froids. Mais le manque de style cinématographique de "Black Panther : Wakanda Forever", sa narration éparpillée et sa longueur délirante en font - encore - un métrage trop moyen.
Vu à l'UGC Ciné Cité les Halles.