
Dans le futur, des condamnés à mort se sont vus proposés d'être envoyés dans l'espace, hors du système solaire, à bord d'un vaisseau spatial, pour une expérience scientifique...
Claire Denis a été pionnière d'un certaine cinéma mixte, piochant aussi bien dans le cinéma d'auteur que dans le cinéma de genre, avec "Trouble Everyday" et sa Béatrice Dalle cannibale. Ici, elle continue à explorer les limites avec ce film de science-fiction sciemment dérangeant, explorant les marges de la folie, du désir, de la violence...
Des personnages déséquilibrés se retrouvent enfermés durant des années, pour des expériences menées par une scientifique elle-même condamnée à mort pour infanticide, une espèce de professeur Frankenstein (jouée par Juliette Binoche) obsédée par la procréation artificielle. Viols, meurtres, bagarres, rituels sexuels déshumanisés... En partant de base rappelant "Silent Running" (le vaisseau en autarcie pour un voyage sans fin) ou "Solaris" (l'expédition spatiale scientifique qui dégénère), Claire Denis signe donc un métrage assez trash et potentiellement prometteur.
Pourtant, pourtant... Même si j'ai plutôt de la sympathie pour Claire Denis, il faut reconnaître que beaucoup de choses ne vont pas dans son métrage : à part Robert Pattinson plutôt bien (les scènes les plus réussies sont celles avec la petite fille), le reste du casting joue assez mal, l'amateurisme n'est souvent pas loin. On sent aussi le film fauché, avec ces décors de vaisseau spatial très limités, peu crédibles ; on a jamais l'impression d'être dans l'espace, mais plutôt dans un studio vite arrangé. Certaines scènes ne servent à rien (les chiens) et peuvent être retirés sans que le métrage en souffre. D'autres sont bien ratées (la scène de masturbation un peu SM de Binoche dans la "boîte")... L'écriture laisse à désirer.
Bref, un ratage, qui ne va pas rester dans les mémoires à mon avis, malgré toutes les bonnes intentions derrière ce projet européen... Ca m'a pas mal fait penser à "Dante 01" de Marc Caro, dans le genre SF sombre, fauchée, et hélas inaboutie...
Vu au Cinéma du Panthéon à Paris, belle salle (à balcon) du quartier latin, qui est gérée par Wild Bunch, distributeur de ce film sorti il y a quelques semaines.