Le portrait de Dorian Gray - 1977 - Pierre Boutron

[Manolito]

A Londres, le peintre Basil fait le portait de son ami Dorian Gray, un jeune homme à la beauté surnaturelle. Epoustouflé par le résultat, Dorian en vient à souhaiter que le tableau vieillisse à sa place. Corrompu par les idées pernicieuses de Lord Henry Wotton, un homme qui prône la décadence et le vice comme des modes de vie supérieurs, Dorian Gary commence à mener une vie de débauche... Pourtant, son visage ne reflète aucun vieillissement ni aucune altération. Le voeu de Dorian Gray a été entendu en enfer. Son portrait viellit à sa place...

Bien que co-produit par la SFP et TF1, ce Portrait de Dorian Gray n'est pas un téléfilm, mais bien un long métrage qui fut exploité en salles (et sorti en vidéo). Cette adaptation frappe pour des parti-pris de mise en scène radicaux, évoquant des idées théâtrales des années 70. Décor minimaliste, plan-séquences étourdissants, jeu de reflet et de transparences, glaces sans tain, plateau tournant... Un peu plus de simplicité aurait parfois été louable (le personnage du domestique incarné par une actrice, qui se met à jouer du piano en virtuose). Certaines coquetteries paraissant parfois maladroites, ou trop théâtrales pour réellement passer à l'écran.

Néanmoins, on apprécie la qualité de l'écriture, cette adaptation dépiautant avec beaucoup de précision et d'intelligence le texte d'Oscar Wilde et ses diverses facettes. L'interprétation est de très bonne tenue, Patrice Alexsandre s'avérant un très bon Dorian Gray. Surtout, Raymond Gérome est un formidable Wotton, cynique, vénéneux et diaboliquement tentateur, mais aussi hypocrite, lâche. Son rapport avec Dorian Gray est un aspect les plus intéressants de cette adaptation somme toute recommandable, même si sa mise en scène assez spéciale ne plaira pas à certains. Tant pis pour eux !

Vu sur Cine FX dans une superbe copie (en format panoramique 1.66). Un peu trop de bruit de fond dans la bande-son, mais ça reste très audible.

[japi]

Ce qui permet au film de se démarquer c'est la mise en scène, avec un parti-pris artistique assez radical, avec les jeux de miroirs, transparences...
Mais il est aussi assez plombé par son aspect théâtral, beaucoup trop présent.
Certaines scènes sont un peu étirées et l'ennui affleure parfois, malgré les qualités.
Les dialogues sont brillants, soutenus, mais trop nombreux aussi.
Raymond Gérome, interprétant un personnage cynique, est le meilleur de la distribution.
Quelques idées astucieuses dans la réalisation permettent au film de se distinguer des autres versions.
Mais les défauts l'empêchent de surpasser les plus réussies. Au final, c'est loin de valoir Le Portrait de Dorian Gray (1945).