
Des jeunes, une tour HLM de Noisy-le-Grand, des araignées, et voici Vermines, dernière production fantastique du cinéma français. Le film est bien emballé par Sébastien Vanicek (dont c'est là le premier long après 15 ans à faire des courts) et ne sonne jamais cheap. La photographie et l'exploitation des décors assurent une belle dimension cinématographique, avec la mise en lumière de bâtiments à l'architecture assez étonnante (les camemberts). L'une des grandes forces de Vermines est la prestation de ses acteurs qui incarnent avec naturel des personnages plutôt crédibles, donnant un sentiment de cohérence et de crédibilité au groupe dont on va suivre les tentatives de survie, non-dénuées d'une touche d'humour bien dosée.
Vermines a également pour lui d'assumer son propos fantastique, donnant la part belle aux araignées et à leur expansion fulgurante. Le travail sur les visuels et sur le son est bien foutu et donne lieu à de jolies séquences de panique (la scène de la douche). Vanicek parvient à doser le développement des créatures pour ne pas virer à la série Z. J'ai donc bien adhéré à la proposition, jusqu'au dernier tiers où je trouve que l'écriture trouve ses limites : les personnages commencent alors à prendre des décisions trop stupides (le point de bascule est pour moi le passage dans la cave), guidées par les besoins du scénario. Les faiblesses du script (l'absence de recherche de contact avec l'extérieur) et les incohérences deviennent plus visibles, la survenue de scène d'exposition émotionnelle ne matche plus très bien avec le danger environnant, la critique des flics est assez grossière (alors qu'au final, les pouvoirs publics réagissent de manière plutôt adaptée à la menace) et la scène finale est vraiment trop nawak.
La perception de ces défauts, sommes toutes pardonnables pour une série B, n'a pas fait l'unanimité parmi les spectateurs, la plupart ayant apprécié le ride jusqu'au bout. Les échanges avec l'équipe du film étaient de plus très intéressants, Sébastien Vanicek défendant une vision ciné pertinente et réfléchie, assumant à raison de chercher à d'abord faire du divertissement de genre avec un sous-texte (ici le deuil et une certaine critique de la violence) plutôt que l'inverse. Pour ces raisons et pour toutes les qualités précédemment décrites, Vermines mérite donc d'être soutenu et découvert en salle (sortie le 27/12).