
Un personnage traverse un pays souterrain de cauchemar pour déposer une étrange valise...
Second long métrage de Phil Tippett (il avait déjà signé le mineur, mais sympathique "Starship Troopers 2"), "Mad God" est un long métrage d'animation que ce spécialiste des marionettes et de la stop motion a mis plus de trente ans à terminer. Tippett, créateur clé du fantastique hollywoodien dont la participation a été fondamentale pour des titres comme "L'empire contre-attaque", "Robocop", "Le dragon du lac de feu", "Jurassic Park", "Starship Troopers"... Dont on sait aussi qu'il a connu une profonde dépression dans les années 90.
Et "Mad God" est clairement un grand film dépressif, un film totalement dans le négatif. Les humains ne sont que des pantins de chairs et de merde, qui naissent par hasard et meurent de façon arbitraire, passent leurs existences pathétiques au gré de circonstances qu'ils ne maitrisent ni ne comprennent. Si il y a un Dieu dans tout ça, c'est un Dieu fou qui crée des univers et des planètes sans que cela n'ait aucun sens.
"Mad God" est un programme d'animation nettement adulte, gore, crade, dégoulinant de sangs et de fluides dégueulasses, rappelant par certains aspects "Junkhead", mais en encore beaucoup, beaucoup plus noir dans le regard. L'animation est virtuose, les décors et séquences variées et étonnantes, toujours créatives. Mais le trip est sombre, très sombre, et n'est vraiment pas pour tous les publics. On pense aux bobines les plus désepérées de Terry Gilliam ou David Lynch...
Le seul équivalent artistique que je trouverai vraiment sont les recueil BD "Idées noires" de Franquin, rédigés par l'auteur de Gaston Lagaffe quand il traversait une grave dépression lui aussi. On est vraiment dans le même esprit, les mêmes visions désespérées.
Tout est laideur, tout est horreur, tout est futile.
Vu à l'UGC Ciné Cité les Halles.