Scarecrows - William Wesley - 1988

[Teurk le Sicaire]

Scarecrows démarre bien avec sa promesse de confronter des braqueurs militaires à une menace surnaturelle dont la nature est dans le titre du film. Mais bien vite, le caractère fauché de la prod se rappelle à nous et confronte les nobles intentions du réalisateur à ses limites budgétaires : prévoyez de l'étirage de scènes de marche, une multitude de plans similaires d'épouvantails et des raccords de scènes de nuit pas toujours exposées de la même manière. Sans compter les tropes habituels de ce genre de série B, avec des comportements insensés des personnages.

Une fois ces défauts relevés, on peut reconnaitre à William Wesley de réussir parfois à distiller une ambiance de poésie macabre, avec ses épouvantails fixes (comme actifs) qui hantent inexorablement le film, sans explication précise de la nature de la menace. L'obsession mortifère des personnages pour leur magot donne également lieu à des moments sympas, comme l'extraction des dollars ensanglantés du corps meurtri d'un militaire. Enfin, quelques plans gores marquants confirment la sincérité du réalisateur. A chacun de voir si cela compense les sérieuses limites de ce Scarecrows.

Vu sur le BR du Chat qui fume, qualité vidéo et audio plutôt propre pour un film de cet acabit. Présence étonnante d'une VF alors qu'il est dit que Scarecrows était inédit par chez nous. En bonus, une intervention de Damien Granger qui survend un peu le bouzin mais met en lumière le point de départ qu'il fut pour plusieurs de ses protagonistes. On y apprend que le film s'est fait sur l'impulsion de Ted Vernon, un concessionnaire de voitures d'occasion qui rêvait d'être une movie star (ça se voit à l'écran, avec sa grosse pétoire et son cigare), avec une distribution par Manson International, déjà responsable de mon chouchou ROTOR.

[antropophagus]

Les plus :
- Les épouvantails ont un bon look, assez dérangeant. D'ailleurs, le film multiplie les mêmes plans tout le long pour les mettre en valeur.
- Assez gore et un sadisme bienvenu dans les meurtres, avec quelques idées drôles comme le gars empaillé vivant.

Les moins :
- C'est cheap au possible, surtout les scènes dans l'avion (plafond du cockpit en carton, ça annonce la couleur).
- Très mal filmé, peu ou pas éclairé, avec un abus de ralentis les rares moments où il se passe quelque chose et une vision nocturne dégueulasse.
- Les persos sont juste nuls, mal écrits ; les acteurs ne sont pas crédibles dans le rôle de soldats et surjouent de façon ridicule en gueulant dans leurs radios.
- Les tueurs eux-mêmes sont moins réussis que les épouvantails.
- Tout le film se passe dans le noir et le seul décor est une maison abandonnée, c'est pas folichon...

Un slasher original puisqu'on suit une bande de braqueurs/militaires parachutés au milieu de la pampa et attaqués par des épouvantails/zombies. Sur le papier, c'est sympa, mais le résultat est très mauvais. L'année de sortie m'étonne, car ça ressemble vraiment plus à un film des années 90. Ce Predator du pauvre n'a donc pas grand-chose pour lui à part ses épouvantails malsains !