Venecia Frenia - Alex de la Iglesia (2021)

[Superwonderscope]

Un groupe de touristes espagnols se fait pourchasser à Venise par un tueur psychopathe et des locaux qui n'aiment pas trop les touristes.

Très beau générique en collage numérique pour sujet qui démarre en slasher/giallo pour dériver vers un truc de société secrète/conspirationniste en réponse aux gigantesques bateaux qui déverse des milliers de touristes dans la lagune vénitienne.

A l'arrivée, cette production Sony/Amazon a été retardée de sortie en Espagne à plusieurs reprises pour sortir en avril 2022 et se prendre une grosse veste. (NB: le titre apparait en 2 mots distincts à l'écran)

Iglesia perd de sa folie pour une oeuvre longuette au discours assez peu clair. le groupe de touristes est insupportable (et ils parlent à une vitesse effarante et donne plus envie à les gifler et à les buter qu'autre chose).Niveau développement, c'est zéro tant ils sont interchangeables, hormis l'héroïne. Ca fonctionne bien en slasher et puis tout bascule avec une assez bonne idée

Spoiler : :

des véritables vénitiens se révoltentcontre le tourisme de masse

mais ça tombe totalement à plat. Confus, dans ce plan "machiavélique" somme toute très incertain, sur qui on rajoute une couche de

Spoiler : :

tueurs jumeaux

pour arriver à la longueur réglementaire.

Ca puise dans le Giallo (Argento, Lado, etc.) au niveau des idées comme du look gothique. Mais aussi dans dans la Fantôme de l'opéra, un peu de Une Femme disparait d'Hitchcock. Ca se pare du jeu de mal theatralisation du macabre et de la comédie dell'Arte. On pense aussi beaucoup à Bloody Bird. Iglesia joue avec les genres mais se perd au final dans des personnages quelque peu illogiques (Enrico lo Verso, bon mais WTF?), voire de l'évidence -Caterina Murino dès son premier plan est une mauvais fille!- des scènes beaucoup trop longues (la scène de rave party sur Die Antwoord qui beugle non stop pendant 5mn, au secours), des personnages inutiles. On croit que le film est fini... ban non, on rallonge la sauce avec 10mn supplémentaires qui n'en finissent pas. Le scène sur le toit ressemble à un croisement du

Spoiler : :

Chat à 9 Queues

et tout Giallo vénitien existant. Qui plus est, je n'ai pas du tout été fan de la musique crispante de Roque Baños, affublé ici du role de producteur associé.

Y'a de l'argent, les thématiques sont riches (thème du double en avant) mais assénées avec la légèreté d'un tractopelle à propos des masses ignorantes. On est plus dans le ridicule involontaire qu'autre chose, hélas.

Le film fait partie d'une collection qui traite de la notion de peur.

Aux vues du résultat, c'est bancal, désordonné avec des plans flamboyants perdus dans une écriture brouillonne.l'échec public local et le bouche à oreille négatif me parait justifié.

[DPG]

Je serais moins sévère même si tout n'est pas parfait.

Bon, déjà, premier point, je l'ai vu sur Amazon Prime, et la VO Espagnole n'est pas dispo, j'ai donc vu le film en anglais STFR et le résultat est pas terrible...

Le film a quand même de vrais atouts. Une idée de départ plutôt bien sentie, avec ce mélange improbable entre le slasher / giallo et une critique acérée du tourisme de masse (et plus globalement du tourisme tout court, à travers le comportement insupportable du groupe de jeunes qu'on suit). Le cadre de Venise est toujours aussi incroyable, quoiqu'on en fasse. De la Iglesia n'utilise pas le côté glamour ou la lagune, mais il se concentre plutôt sur les ruelles, la ville en déliquescence, où le sublime côtoie la moisissure, les vénitiens authentiques, saoulés de voir leur ville souillée par des moutons avides de selfie et de likes. Il arrive à créer une vraie ambiance mortifère, angoissante, l'aspect flippant des masques et du carnaval vénitiens sont bien exploités. A coté de ça, il y a des défauts, quelques longueurs, des persos vraiment interchangeables et antipathiques (c'était le but, mais disons que le groupe aurait pu être moins caricatural), une facture visuelle pas toujours flamboyante (la lumière va du quelconque au carrément moche), un message pas toujours très fin, même si parfois très efficace

Spoiler : :

le scène de l'égorgement sur le pont sous les centaines de téléphones qui filment

. Voilà, bilan mitigé, mais quand même envie de voir le verre à moitié plein. Il y a des idées, de l'envie, on retrouve l'aspect frondeur du cinéaste espagnol, on passe quand même un bon moment !

PS : Superbe générique d'ouverture, le fond et la forme se complètent à merveille !

[Drac]

Un Alex de la Iglesia en petite forme, en mode plaisir coupable, ça reste sympa quand même.

[Dragonball]

Un film malheureusement raté et qui ne décolle jamais.
Et la fin est vraiment naze !

[Stilleben]

Pour ma part, j'ai bien aimé.
Si le thème abordé de la tourismophobie* est assez développé en Espagne (j'en ai entendu reparler ces derniers jours sur Fr Inter, également en rapport aux pénuries d'eau que connaît le pays), Alex de la Iglesia l'a donc transposé dans le cadre magnifique de Venise et de son folklore costumé (là aussi la population avait redécouvert sa ville et pris encore plus conscience du fléau touristique - évoqué avec cet événement réel du paquebot heurtant les quais - durant le confinement dû au covid). Bref, je trouve que c'est plutôt bien vu.
Et je ne peux qu'apprécier le petit côté giallo donné au film.
Un Accion mutante revisité ? où cette fois le groupe terroriste vise les touristes...


*https://www.courrierinternational.com/a ... Ci_v5lyuOw

[bluesoul]

Vu sur Prime (Japon).

Bien aime pour ma part.

Melange entre slasher (avec jeunes c.ns post-modernes adeptes des selfies et likes) et giallo tendance conspiration (vu que pas mal de monde semble etre au courant de ce qui se passe), le tout dans le cadre impressionnant et decadent de Venise sur fond de la problematique du surtourisme "mal necessaire(?)" pour les economies locales.

Au passage, le Japon aussi est une victime du tourisme de masse qui divise de plus en plus les locaux (l'absence de touristes pendant la pandemie et l'economie est en berne avec la faillite qui guette, suivie d'une invasion de touristes ou les locaux ne se sentent plus chez eux...) Dilemne cornelien que tout cela.

Pour le reste, pour du de la Iglesia, c'est tres sage. 'Bon, a vrai dire, ce n'est pas pour me deplaire, vu que la folie de ses films passes fait aussi montre d'une energie peu commune et appreciable, mais que d'un autre cote, le portnawak n'est jamais loin non plus...

Bon, c'est loin d'etre parfait ou surtout...subtil, mais le message passe assez bien, tout comme la representation de tous ses touristes-guignols qui, considerant que tout le decorum de ce qu'ils viennent voir ne sert qu'une function: leur propre plaisir, un peu comme Westworld en son temps, les deconnecte completement de toute realite. Bien vu pour ma part.

Venise, comme dit est bien exploitee et les decors de l'opera a moitie sous les eaux sont assez impressionants, donnant un cote baroque...assez italien tres a propos et dont les decors renvoient adroitement a Venise qui ne sert plus que de "decor" / arriere-plan pour selfies...Notons aussi la cruaute parfois toute aussi "italienne" comme la "danse de la poupee" qui n'aurait pas depareillee d'un giallo ou film d'horreur rital des annees 70s.

Le dernier tiers, par contre, est moins convainquant, car assez flou quant a ses intentions: terrorisme? anti-tourisme? anti-rencontre internationale? anarchie pure et simple? velleites intertionalistes? sectarisme? Le tout pour cause de traumatisme perso? Sans dec'? A balancer toutes sortes d'ingredients, la tambouille devient un peu trop brouillon pour son propre bien...Sans compter le final expedie en deux coups de cuillere a pot! Dommage, mais je ne boude pas mon plaisir. (ni celui de voir des "()0%#)0=$)" de touristes se faire dezinguer! )

Comme dit, et malgre les quelques scories, ca fonctionne assez bien comme giallo ou slasher avec un postulat post-moderne dans l'air du temps.

Tres sympathique et a decouvrir.