Tout est bien : acteurs impliqués et inspirés (Montand-Auteuil-Depardieu + la révélation Emmanuelle Béart), histoire tragique, la belle musique au thème entêtant de Jean-Claude Petit, décors, costumes, ambiance... Tout est bien donc, sauf que...
J'ai un vrai problème avec la mise en scène de Claude Berri d'un académisme ronflant. C'est plan-plan, on s'enfonce dans le canapé comme dans du sable mouvant, tel de vieux croulants assommés par l'absence totale d'idée de mise en scène (allez si, je retiens un joli fondu de Daniel Auteuil sur ses oeillets). Le montage est lénifiant, on a le sentiment de tourner les pages du roman de Pagnol une à une.
L'autre souci (selon moi) est que le spectateur est placé du côté des deux salopards qui fomentent leur plan mesquin (et tragique). Dès le début, quand le papet tue son voisin, et que ça ne semble pas l'émouvoir, on sait que ça va être bizarre. Voir le Papet et Ugolin se bidonner à l'idée que Jean allait tout perdre nous rend complice de leur petitesse, créant un malaise, avec le sentiment d'être placé du mauvais côté de la barrière (mais c'est sûrement fidèle au récit de Pagnol). Un peu comme si Les Misérables était raconté du point de vue des Thénardier. Bref, ça m'a posé problème, et ce malgré la vengeance de Manon.
Mais l'univers de Marcel Pagnol est très attachant, je retrouve bien, dans le caractère de Jean, la description du paternel de La Gloire de mon père, à savoir un être intellectuel, optimiste, théoricien, mais inadapté à la campagne, ne la connaissant qu'à travers les livres.
Cela me donne envie de voir les adaptations cinéma de Marcel Pagnol lui-même. J'ose imaginer qu'elles seront moins pantouflardes.
