
Grand classique parmi l'éternel dont il ne me restait en mémoire que de vagues bribes, le visionnage en salle des 7 Samouraïs a donc constitué une totale redécouverte. Un film costaud par son ampleur, ses défis techniques et sa durée (qui en aura laissé certains sur le carreau). Le scénario parvient à être aussi simple que riche en sous-texte culturel et social, avec une critique des castes et des archétypes qui ne cherche pas à stigmatiser plus les uns que les autres, s'appuyant sur un personnage pivot à la croisée des classes. Même les brigands, dont la fonction d'oppression est pourtant évidente, sont brièvement montrés comme des crève la dalle en proie à leurs propres conflits internes.
Le film tire une grande force de ses acteurs et de leurs personnages, la plupart parvenant à imprimer l'écran de leur personnalité dont l'écho se faire encore ressentir dans la pop culture actuelle (la manière dont Mifune parade avec son nodachi). De son côté, Kurosawa réussit à rendre cette impression de danger et de lutte de chaque instant face à un nombre d'assaillants qui paraitre presque faible dans le cinéma moderne, avec ce décompte laborieux des morts adverses. Et quel pied de nez à la prestance du bushido dans la manière expéditive, et même minable, dont périssent les défenseurs.
Un film naturaliste et social (on me souffle que c'est du Zola sauce soja), loin des délires chanbara bis que j'affectionne, mais dont la synthèse mentale post-visionnage confirme la force.