
Evacuons d'emblée l'écho assez évident du Château dans le ciel, bien que le prénom de la doubleuse (Lupita) témoigne d'un humour particulier du karma, et reconnaissons au Robot Sauvage de tracer sa propre voie dans cette histoire de robot à l'abandon contraint de se créer ses propres buts. J'ai bien aimé la première partie qui traite, entre autres, de la construction du lien parental et de la nécessité de faire au mieux sans savoir trop où on va, dans un univers où la mort frappe à chaque coin de buisson, un choix de réalisme sauvage vraiment intéressant. Le film aurait gagné à s'éviter de faire parler les animaux (surtout avec cette idée idiote qu'ils ont tous la même langue), mais le challenge narratif aurait sans doute été trop ardu et l'astuce justificative passe encore. L'histoire se suit bien et y'a des running gags sympas (les bébés opossums), surtout que la direction artistique est vraiment chouette.
Mais je trouve que le script dévisse complètement dans sa deuxième partie, tombant dans une redondance thématique qu'il tente de compenser par tous les travers du cinéma d'animation à la Disney, quitte même à contredire son approche initiale : fini la prédation, place à Eden et à la cohabitation dans la paix et la félicité. Apparemment, plus aucun animal n'a besoin de manger pour survivre, on est une grande famille au coin du feu et l'amour est plus fort que tout. Les scories apparaissent alors plus visiblement : une tempête de neige sur une île océanique (c'est peut-être possible mais ça m'a paru étrange), une population animale si réduite (genre un ours tout seul) qu'il ne devrait plus y avoir grand monde à la prochaine génération, des robots de combats nul à iéch avec leurs lasers piou-piou là où Roz est surbalaise multifonction, etc.
Dommage de démarrer avec des idées si fortes pour finalement tout réduire en cendres, telle une forêt livrée à des chasseurs Terminators.