Maléfices - 1962 - Henri Decoin

[Manolito]

François, vétérinaire en vendée et jeune marié, rencontre Myriam, une étrange femme vivant dans une demeure désolée sur l'île de Noirmoutier en compagnie de son guépard domestique. Ils entament une relation illégitime. Mais François soupçonne Myriam de se livrer à la magie noire...

Adaptation de Boileau-Narcejac, "Maléfices" est un Film Noir rustique, jouant fortement sur l'ambiguité avec le fantastique et entretient de nombreux points communs avec "Les diaboliques" (Boileau-Narcejac aussi), sorti quelques années avant avec succès. On est même proche du thriller gothique, avec son ambiance insulaire aux relents de "Rebecca" ou "Vaudou'.

Henri Decoin, réalisateur rôdé au Film Noir, propose un film tourné dans un beau scope noir et blanc, en grande partie à Noirmoutier (avec de nombreuses scènes sur le passage du Gois), avec une musique abstraite signée par le pionnier de la musique expérimentale Pierre Henry, et Juliette Gréco dans le rôle d'une vamp mystérieuse, qu'on soupçonne de se livrer à de la sorcellerie africaine.

Une rareté à redécouvrir d'urgence ? Hélas non, car ce "Maléfices" est d'un grand ennui, la romance "sulfureuse" entre les deux amants est totalement plate et ratée ; et à part quelques scènes ponctuelles, ce "Maléfices" est un ratage à éviter...

Vu sur le dvd Gaumont (dans sa collection "Gaumont à la demande" rouge), très belle copie restaurée 2.35 16/9 noir et blanc VF mono

[Superwonderscope]

Ca démarre plutôt bien, ambiance mystérieuse à souhait, musique atonale, Juliette Grécoen sorte de Circé moderne...et patatras. On songe vaguement à Liaison fatale sur beaucoup d'aspects. La lisière du fantastique semble franchie par moments, mais Decoin manque de conviction. C'est assez mou, les acteurs pas vraiment incarnés, Bory en tête. Gréco est plutôt convaincante, elle possède une aura particulière.
mais ce fatras de pseudo magie noire héritée "du Nord du Cameroun" fait penser à du post-colonialisme bon teint, paternaliste et aujourd'hui bien dépassé. D'autant que ça ne sert à rien, même si Decoin tente de se dédouaner en faisant projet un faux documentaire sur le sujet de la Magie Noire par un des protagonistes qui lui aussi ne sert absolument à rien dans l'histoire.

restent quelques images marquantes (Bory entouré par les eaux à Noirmoutier), les séquences avec le Guépard -c'est peu et on s'ennuie mollement. Dommage.

Le film distribué par la Paramount (et exploité aux USA, du fait de la renommée de Greco) avait été un gros échec avec ses 295 871 entrées, les copies ayant disparu d cela circulation après 1967.

Vu sur la chaine Gaumont Classique, dans un très beau DyaliScope noir et blanc 2.35:1.