The Klansman / L'homme du Clan de Terence Young (1974)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Dragonball
Messages : 13091
Enregistré le : ven. déc. 17, 2004 8:43 pm
Localisation : Dans un Bunker avec Playboy, une Dreamcast et un M16

The Klansman / L'homme du Clan de Terence Young (1974)

Message par Dragonball »

"The Klansman"


Image
Un jeune fille blanche est violé dans le conté d'Akota, une petite bourgade du sud. Il n'en faut pas plus pour que la petite ville du sud, sous l'emprise du Klu Klux Klan, s'embrase et que la violence aveugle se déchaine.
Un excellent film de Terence young, à qui on doit entre autre nombre de James bond avec Sean Connery.

Attention, pas mal de spoilers.

"The Klansman" fait partie de ces films, qui, sans être vraiment démonstratif ou spécialement graphique (mise à part une première scène assez épouvrante, ou une jeune noir manque de se faire violé par un débile mentale sous le regard de blancs hilares), distille cependant une ambiance de violence et de cruauté bien plus oppréssante et dérangeante que celle de n'importe quel thriller ou polar plus "sanglant".

Car ici, ce qui est décrit, c'est une violence quotidienne, une violence prennant ses racines dans les préjugés les plus crasseux d'une population aussi ignarde que lache, une violence tolérée par les institutions (le personnage du shériff joué par Lee Marvin) voir encouragé par celle ci (L'hallucinnante scène dans l'église), une violence dont les noirs sont évidement les premières victimes, mais touchant aussi tous ceux dont l'idéologie s'oppose à celle pronnée par le KKK et ceux qui le soutienne, en gros, la majorité de la population.

La force du film réside dans le fait de s'intérésser à un personnage ambigu, le sheriff d'Akota, essayant de vivre dans cet univers de violence sans trop s'y impliquer, pas foncièrement raciste, mais couvrant cependant les agissements du KKK afin de préserver l'ordre et de ne pas s'attirer d'ennuis. On ne saura jamais, par ailleurs, si celui ci fait lui même ou non parti du Klan. Element participant de cette volonté du film de s'éloigner de tous manicheisme, à laquelle on pourrait aussi ajouter le fait qu'on ne disent jamais vraiment si la jeune fille violée l'a été par un noir ou par un blanc.

A la vision de ce film, on pense énormément à "Straw Dogs", les 2 films ayant en commun un même univers, une même monté progrésssive de la tension, et enfin, un final très similaire, ou des individus jusqu'ici laches et passifs, auront enfin le courage d'affronter les problèmes de façon direct, c'est à dire, en déployant une violence similaire à celle de leurs adversaires, seule manière éfficace de combattre ceux ci.
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: The Klansman de Terence young (1974)

Message par manuma »

Un film étrange qui surprend par sa façon presque détachée de nous servir un contenu d'une rare violence. On a ainsi droit à pas mal de séquences particulièrement dures (le petit jeu avec l'attardé cité par Dragon, l'émasculation du jeune noir précédent son assassinat, le viol de la militante noire), de situations et dialogues pour le moins choquants (la petite réunion entre le maire et le KKK, certains laïus de Marvin) sans que jamais Young et ses scénaristes ne cherchent à souligner la gravité de ce qui se déroule sous nos yeux. Tout est filmé sur un ton neutre, dans une ambiance bucolique apaisante et un visuel rassurant façon Petit maison dans la prairie. Cerise sur le cake : le personnage de shérif campé par Marvin, un type extrêmement ambigü, qui pourrait d'ailleurs bien faire parti du KKK.

Il y a donc de quoi être destabilisé, d'autant que le scénario (co-écrit par Samuel Fuller, lequel, me semble t'il, devait réaliser le film à l'origine) est un peu brouillon, avec des personnages secondaires à première vue importants au sein de l'intrigue mais qui n'apparaissent parfois que furtivement ou surgissent à la fin seulement (ceux de Luciana Paluzzi, d'O.J Simpson ou celui du fils de Marvin).

Et puis, autres temps autres moeurs, il y a cette séquences censée être comique hier mais assez déroutante aujourd'hui dans laquelle Marvin fait sortir de cellule un mec bourré de la veille, qui a castagné femme et enfants (mais ne s'en rappelle plus ... ce qui est encore plus cocasse ici), et, tout en lui tapant chaleureusement sur l'épaule, lui assure qu'il peut rentrer sans crainte chez lui car il a "arrangé le coup avec sa femme", elle n'est donc plus fâchée après lui ...

Un des films les plus intéressants du père Young.
Superfly
Modérateur
Messages : 13246
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:13 am
Localisation : Avec Milla en train de casser du zombie ...

Re: The Klansman de Terence young (1974)

Message par Superfly »

bientôt chez le chat qui fume... 16/9 et tout le toutim mais pas de piste vf pour l'instant.
Dragonball
Messages : 13091
Enregistré le : ven. déc. 17, 2004 8:43 pm
Localisation : Dans un Bunker avec Playboy, une Dreamcast et un M16

Re: The Klansman de Terence young (1974)

Message par Dragonball »

Hey ben, ça c'est une bonne nouvelle, toute mes félicitations !

C'est quoi le problème avec la VF ? (Il me semble que le film était sortie chez René Chateau.)

Enfin bon de toute façon, ce genre de film, c'est de loin préférable de les regarder en VO ne serait ce que pour profiter pleinement des accents sudistes à couper au couteau des differrents protagonistes.
el hombre lobo
Messages : 404
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 6:44 pm
Localisation : dans la zone Z

Re: The Klansman de Terence young (1974)

Message par el hombre lobo »

je confirme la sortie de ce film chez René Chateau, sous le titre "L'Homme du clan".
Maintenant est-ce que la vf est toujours dispo ?
Superfly
Modérateur
Messages : 13246
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:13 am
Localisation : Avec Milla en train de casser du zombie ...

Re: The Klansman de Terence young (1974)

Message par Superfly »

la vf existe effectivement... mais on ne va peut être pas payer ce que Gans n'a pas voulu payer pour ses Bruce Lee :D
bluesoul
Messages : 5040
Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!

Re: The Klansman de Terence young (1974)

Message par bluesoul »

Vu sur Prime (Japon).

Houlaaaa,ca envoit du lourd. :shock: :shock: :shock:

Base sur un roman de William Bradford Huie, entre autre journaliste et ecrivain sur (notamment) les mouvements civils aux USA, le film choisit une direction resolument "bis", mais aussi TRES confrontationnelle (un euphemisme(!) ).

N'ayant pas lu le bouquin de Huie, il est difficile d'affirmer a quel point roman et adaptation se recoupent ou s'eloignent l'un de l'autre, mais a l'arrivee le film semble nettement plus viser le circuit "grindhouse" que les pages "societe" des grands journaux. :?

En fait, vu l'etalage de violences en tous genres, l'on est pas loin du racollage pur et simple. :shock: Viols, emasculation, lynchage, meurtres, executions et massacres tous teintes de racisme primaire, clair que le film ne fait pas dans la dentelle (un euphemisme(!) ). :shock:

Par contre, aussi vil que le film peut paraitre comme "divertissement", est-il pour autant a vouer aux gemonies? C'est la qu'il faut s'arreter, reprendre son souffle et y regarder a deux fois a mon hunble avis.

Si le recit enchaine les violences a tire-larigot, il se degage quand meme l'idee d'un cercle ou un viol entraine un meurtre qui entraine un autre meurtre au quel on repond par un autre viol, et ce, jusqu'a l'explosion de violences finale qui consumera la plupart du cast. :shock:

On se retrouve ainsi face a un ehchainement d'evenements ou les parties en presence (la communaute, le Klan et les blacks du coin--representes par un "vigilante" ethnique ne font que repondre a la violence par encore plus de violence dans une escalade sans fin), escalade qui les consumera donc (presque) tous et, on ne peut que s'en douter, laissera la communaute balafree a jamais.

ll est aussi interessant de noter que les partis en presence ont toute un representant; le chef local du Klan pour, bien sur, le KKK, le sheriff (Lee Marvin) pour la communaute et un proprietaire foncier (Richard Burton) pour l'aile progressive et l'aspiration aux changements d'un facon pacifique, ainsi qu'un "revolutionaire" violen.Si leurs fonctions repsectives sont a la base resp. noire, grise et blanche, leurs positions individuelles sont par contre unanimement "grises".

Ainsi, le chef du Klan et pour des raisons economiques et politiques (cad l'image du coin dans les medias nationaux) prefere que les Klanistes limitent leurs exactions pour ne rester que dans le "folklorique" (p.ex. croix brulee, etc), le sheriff etant le plus "gris", car essayant de maintenir un equilibre precaire et voue a l'echec a moyen-long terme entre les forces en presence et ne fait qu'accumuler les compromis, et ce, jusqu'aux plus innomables, tandis que le representant de l'avancee sociale se limite a surtout parler mais a n'agir que peu tandis que le revolutionnaire tire sur tout ce qui bouge.

Essentiellement, les trois representants ne sont que des "tigres de papier" et de par leurs compromis ne font que soit implicitement viser a / accessoirement maintenir un status quo impossible tandis que le revolutionnaire ne chercher que la violence en reponse a la violence, et ce, sans chercher a atteindre quoi que ce soit d'autre. :?

Ainsi, le Klan sont surtout de (dangereux) agites, les progressistes be beaux-parleurs et le sheriff / la societe regardent ailleurs. La recette est, bien sur, explosive au final et le coeur du recit semble surtout mettre les trois forces en presence les pieds au mur, tant leurs (in)actions ne font au final que laisser place aux elements les plus radicaux tant d'un cote (les Klanistes) que de l'autre (O.J. Simpson dans le role d'un "justicier" ethnique).

Apres, bon...il y a le message et (ahem), la facon de le transmettre. :roll: La, le film n'y va pas de mains mortes :shock: et on est TRES loin de Sidney Poitier dans In the Heat of the Night. :?

Cote casting, vu le cote du film resolument "bis", on a (quand meme) avec Cameron Mitchell (tres a sa place dans un produit de serie B), Linda Evans et surtout le duo Lee Marvin et, un tres mal caste, Richard Burton. Notons que si ces deux derniers etaient deja tres alcoholiques a l'epoque, et ce, au point de ne plus se rappeller avoir joue ensemble (dans le present film(!) :lol: ), Burton, lui a quand meme BEAUCOUP de mal a tenir sur ses quilles et on devine qu'il n'est guere plus qu'une eponge sacrement imbibee sur le tournage :shock: . A ce titre, un grand moment de la prestation de Burton le fait se battre et demonter un Cameron Mitchell qui l'aide quand meme beaucoup, tellement Burton a du mal a tenir debout :shock: :lol: .

Au final, le film est a mon sens plus qu'une simple addition de ses differentes composantes et est a voir avec plus de recul pour ce qu'il a a dire, mais bon, il n'en demeure pas moins eminemment criticable sur bien des aspects.

Un film bancal donc, mais un film neanmoins interessant. Egalement un film a reserver a un public sacrement averti. :shock:
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Répondre