Documentaire sur un cas reel de Skye Borgman (realisatrice du recent Unknown Number) qui emploie la meme technique: interroger les survivants de l'histoire, tenter de tracer une ligne temporelle et re-creer certains moments cles de l'histoire par des silhouettes et élaborer un suspense.
Skye Borgman raconte l'histoire chronologiquement, au fur et à mesure que la police et le FBI la découvrent les multiples personnalités de chacun.e, faisant des allers retours géographiques et temporels au gré des indices découverts sur près de 40 ans. Le résultat est l'histoire ahurissante d'un sociopathe et des dégâts qu'il a causés. Si ce type d'histoire avait été écrite pour le cinema, la reaction (comme pour Unknown Number) aurait été : c'est trop peu plausible. et pourtant
Ici, les retournements de situation sont tels qu'on se les prend en pleine figure, choc après choc. C'est juste impossible qu'un être humain eut pu agir de la sorte. Effarant. J'ai toujours un peu de mal a garder de la distance et parler de ce type de film après avoir été soumis a ce traitement - si ce n'est que le coeur va auprès des victimes, apres la montagne d'horreurs subies toute leur vie.
Je n'en dévoilerai pas plus sur l'histoire et ses ramifications car sur 102mn, et sans rallonger la sauce, je me demandais ce que cette histoire pouvait encore bien cacher vu le summum atteint a chaque fois. Et ca empire, a chaque fois.
Girl in the Picture est un film triste, désenchanté et déchirant. Juste au moment où on pense que ça ne peut pas être pire, ca l'est. La (les) jeune victime a été abandonnée à tant de niveaux.
Comme pour Unknown Number, Girl in the Picture est un documentaire tourné et monté dans le style routinier mais efficace de Netflix. Cependant, le mystère central est suffisamment captivant et émouvant pour en faire une expérience captivante. Le film parvient également lui aussi à éviter les pièges de l'exploitation - bien que la camera n'hésite pas a bien capter les larmes nécessaires a l'écran de la part de certains intervenants, dont la douleur est palpable et bien comprehensible.
Plus que de documentaire élaboré comme un thriller, Il s'agit d'une histoire de féminicide, de patriarcat, de système de santé mentale défaillant, des conséquences de la guerre. C'est tout ce qui ne va pas dans ce monde et les enfants en payent la note. Les garçons qui deviennent des prédateurs, les filles qui deviennent des proies. En consequence: les hommes sont les plus grands prédateurs des femmes et des enfants.
C'est aussi tout ce qui va de mal dans le système judiciaire américain malgré la bonne volonté de tous les intervenants.