Tracking - Pierre B. Reinhard (1981)

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Teurk le Sicaire
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Tracking - Pierre B. Reinhard (1981)

Message par Teurk le Sicaire »

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Curiosi-rareté éditée par le Chat qui fume, Tracking est un film français jamais sorti sur notre territoire et réalisé par Pierre B. Reinhard, connu pour ses œuvres pornographiques mais surtout pour le fantabuleux La Revanche des mortes-vivantes. La filiation avec celui-ci est immédiatement évidente tant tout transpire la France de fond de province des années 80 (un tournage dans la Sarthe, again), avec une grande maison qui servira de lieu unique où le mobilier et la décoration ont ravivé chez moi des souvenirs d'enfance.

Autre point commun, la qualité du casting. Notons que le chien Ubu est annoncé en tête d'affiche du générique d'intro, et c'est clair que c'est lui l'acteur le plus naturel. Car boudiou que ça joue mal : les trois jeunes femmes qui passent un WE girlie à la campagne n'ont que ce film à leur actif, et ça se comprend. Même leur chaperonne qui a un chouille plus d'expérience caméra ne relève pas le niveau. La technique vaut de même, avec un éclairage et une photographie peu cinégéniques. Et pour le scénario, on tire autant que possible sur la corde pour faire trainer (le bien-nommé training montage d'habillage et de maquillage terriblement trop long !).

Le ton du récit se veut vaporeusement étrange et fantastique : le trio est récurremment agressé par un mystérieux soldat français issu du récit des exactions algériennes paternelles de l'une d'elle. L'occasion, surtout, de déshabiller le joli casting. Mais les victimes ne parviennent jamais à identifier ni à se débarrasser de leur bourreau, personnage intangible dont l'existence réelle en devient incertaine (d'autant qu'il est principalement filmé en vue à la première personne). La prémisse d'idée d'une sorte de "peur du loup", dans tous les sens du terme, chez des (supposées) adolescentes est intéressante, symbolisant une émergence hormonale face une sexualité masculine perçue comme menaçante, agressive et dominatrice. La représentation des quelques figures mâles du film, montrées de dos, sans visage, renforce cette impression que tout homme est un prédateur potentiel.

L'impossibilité des victimes à décrire leur agresseur, et à ne finalement le repérer qu'à l'odeur, peut également évoquer les amnésies traumatiques où la mémoire ne va conserver que des détails sensoriels particuliers. Mais toutes ces bribes thématiques sont limitées par l'exécution et les moyens techniques réduits, sauf peut-être dans la dernière partie à Paris où les jeunes femmes décident de se confronter à leur violeur, négociant avec lui pour pouvoir avancer dans leur vie d'adulte puis se décidant à l'affronter, dans une scène qui dégage vraiment quelque chose de fort. Mais que de médiocrité pour en arriver là, surtout que la voix-off sentencieuse sur la véracité des événements montrés (!!) nique tout, sans parler de ce prologue désiconisant où le fantomatique et halluciné boogeyman va finalement boire une p'tite mousse en attendant sa prochaine victime !!!

Le master du BR du Chat est vraiment nickel vu le produit originel. L'interview de Pierre B. Reinhard confirme que le film est né dans l'urgence sur une simple opportunité financière d'un reste de fond de soutien à écluser (150.000 francs !) et qu'il a fallu le tourner en mode commando en 10 jours. Difficile de jeter la pierre (ni le Pierre) à tout le monde, particulièrement aux jeunes et inexpérimentées actrices, dans ces conditions ; l'indulgence nous amènera donc à valoriser les thématiques intéressantes, les 2-3 scènes efficaces et cette belle affiche de Chuck Norris dans Portés Disparus en rappel de la menace militaire. Le film fut exporté en Europe mais ne trouva pas de distributeur en France à l'époque. Il aura donc fallu toute la passion de sauvegarde patrimoniale du Chat pour réparer cette injustice (?).
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igorfx
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Re: Tracking - Pierre B. Reinhard (1981)

Message par igorfx »

J'ai vu récemment le film et franchement j'ai bien aimé. C'est un véritable tout de force d'en dire autant avec peu de moyens. L'imagination est au service du film et Pierre B. Reinhard montre qu'il est plus qu'un tacheron du hard.

Concernant les actrices effectivement ce n'est pas le top niveau, j'ai juste remarqué qu'une avait des boobs de compét' c'est dommage qu'elle n'ait pas poursuivi une carrière dans un "genre" proche :wink:

A voir je trouve, le film mérite le coup d'oeil.
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