Harmonie Korine, Gummo (1997) et Julien Donkey-Boy (1999)

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Shinji
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Message par Shinji »

Julien Donkey-Boy est dispo sur Play.com, mais sans st :

http://www.play.com/play247.asp?page=ti ... itle=91858
Art Core
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Message par Art Core »

Harmony Korine est un grand espoir du cinéma indépendant américain au même titre que Todd Solondz ou Vincent Gallo. Gummo est un pur chef d'oeuvre, une succession de tableau tous plus fascinant les uns que les autres. Techniquement le film est également assez abouti et mélange plusieurs supports du 35 mm aux polaroïds.
Julien Donkey-Boy est un film beaucoup plus radical. Esthétiquement c'est clairement du dogme inavoué (mouvement dont Harmony Korine a toujours été très proche) avec une image granuleuse, une caméra hésitante et des passages franchement expérimentaux. On y suit Julien, un simple d'esprit évoluer dans sa famille avec sa soeur (Chloë Sévigny ex de Gallo et ex de Korine), son frère qui fait de la lutte et notamment son père joué par Werner Herzog qui se shoote au sirop pour la toux et respire dans un masque à gaz... Je préfère très nettement Gummo mais Julien Donkey-Boy reste un film assez marquant encore une fois par le sentiment infiniment glauque et oppressant, reflet d'une réalité condensée, détournée, cachée, sale et désagréable où plane un linceul de folie.

Et le travail qu'il fait avec Larry Clark et vraiment très différent, beaucoup plus humain et moins théorique que ses oeuvres de cinéastes.
http://www.chuckpalahniuk.net

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Frenchie
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Message par Frenchie »

Pourquoi dogme inavoué ? Il me semble que Korine ne s'en ait jamais caché d'ailleurs quand on fait des recherches sur "Julien Donkey-Boy" on remarque qu'il est souvent referencé comme etant le "Dogme #6"...
fiend471
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Message par fiend471 »

donkeyboy a qq bonus gratinés aussi, scenes coupées, confessions, sur un forum bizarre ricain que je parcours c'est un quasi culte.. ça sent bon le quart monde tout ça , j'avais ADORE gummo
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Frenchie
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Message par Frenchie »

C'est quoi l'adresse du forum... ça m'interesse :D
eric draven
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Re: Harmonie Korine, Gummo (1997) et Julien Donkey-Boy (1999)

Message par eric draven »

Pas évident de parler de Gummo tant le film semble partir dans toutes les directions. Jeune réalisateur ami du fabuleux et a jamais inégalé Larry Clark, mon ombre, à qui il ecrivit le scenario de Kids entre autre Korine brosse ici un tableau d'une detonnante acidité d'une certaine Amérique à travers tout un défilé de portraits plus trangressif le uns que les autres.
On était ici face à l'Amérique interdite, une Amerique cachée, celle dont on ne parle pas ou ne veut pas parler, celle des tabous, de la crasse, de la souillure, de la perversion.

Sans fil conducteur précis si ce n'est pas cette perpetuelle chasse aux chats qu'on tue avec cruauté à laquelle se livrent deux adolescents sniffant sans cesse de la colle, Gummo nous plonge dans une Amerique apocalyptique, cette apocalypse dont on parle lors de l'ouverture, symbole de ce qu'est cette societé pourrissante.. et la pourriture, Korine va la montrer au travers d'une galerie de familles plantées sur ce no man's land qu'est Xenia, petit village en Ohio.

On se retrouve dés lors face à toute une série de freaks, de laissés pour compte, de marginaux nous accompagnant dans un voyage au bout du sale, de la désillusion et de la detresse: Trash-chic peroxydées, travestis, prostituée trisomique obése et pedophile, adolescent souffrant de Deficit Disorder ou d'autres se balladant nu avec des oreilles de lapin postiches, jeune gay alcoolique en manque d'affection, nain difforme, grand-mère dont on débranche le respirateur artificiel, psychotiques, adolescent heroiné... pour ne citer que quelques uns des personnages de ce film singulier et autarcique.

Gummo prend vite la forme d'un documentaire hyper réaliste et malsain dans la plus pure veine des Strip Tease, documentaire étouffant et dérangeant où Korine avec une aisance hallucinante parle de tous les travers de notre société et de ses tabous. Drogue, sexe, pedophilie, desillusion, alcool, violence... la caméra du réalisateur traine de terrains vagues en décharge, de ghetto en masure accumulant le sordide.
Pourtant dans tout ce desespoir et cette crasse, il y a quelque chose de beau, d'émouvant. Korine filme avec une certaine sensualité cette saleté la rendant presque lumineuse tout comme ses personnages, enfants ou adultes, qui outre leur detresse semblent pourtant sereins même face à la mort.
Snas compassion ni concescendance et surtout sans jugement aucun mais avec tendresse, Korine filme cette Trash America sans complaisance et évite egalement toute béatitude face à ces portraits. Ces marginaux, ces freaks issus d'une Amerique putrescente ne sont jamais pitoyables ou à plaindre, point de sanctification ici.

Bénéficiant d'une trés belle photographie et d'une Bande son étrange quand elle ne se fait pas rock, Gummo peut aussi se targuer d'une interprétation sans faille, étonnante de justesse et de réalité... et pour les fans de la evigny, un role déjà sur mesure, une trash girl d'un vulgaire :lol: !
On notera une apparition de Harmony lui même dans le role du jeune gay alcoolique voulant de doux moments avec le nain. Eric a craqué sur ce bel ephèbe et lui aurait bien donné moi même quelques doucereux moments. 8)

Gummo est une meteorite noire, un exemple parfait de ce cinéma trash underground américain qu'Eric adore.

Pour tous les désillusionnés, tout ceux qui aiment la crasse, la souillure, le subversif et crachent sur la morale et les valeurs... ceux ci risquent de vite eteindre leur DVD!!
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
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