Une review du film issue du site Trash Times
Calvaire (Fabrice du Welz , 2004)
Avec : Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Brigitte Lahaie, Philippe Nahon, Jean-Luc Couchard, Joe Prestia...
Sortie : décembre 2004 (ou début 2005)
Ceux qui pensent avoir déniché la nouvelle perle du genre avec Save the Green Planet (au demeurant bon film sud-coréen bien barré) devrait se pencher sur cet objet inestimable. On en rêvait : Fabrice du Welz l’a fait : un survival délirant, déjanté, original, gore, terrible, suffoquant, insupportable... et pourtant horriblement maîtrisé où les monstres, les démons ont des figu-res humaines. Marc Stevens (Laurent Lucas, admirablement déphasé) est un chanteur itinérant. Après s'être produit dans un hospice, l'artiste reprend la route mais tombe en panne dans un endroit désert. Il se rend dans une auberge tenue par un hom-me (Jackie Berroyer, exceptionnel d’ambiguïté) qui lui confie ne plus avoir reçu personne depuis… la mort de sa femme. Un aubergiste énigmatique dont l’hospitalité intrigue, dont l’obséquiosité angoisse, dont le mystère incise. Une nuit passe, rien n’a changé. Ou plutôt si, tout a changé. Mais le protagoniste et nous autres spectateurs ne nous en sommes pas rendus compte. C’est le début d’un long calvaire. Un cauchemar qui va prendre des proportions inimaginables...
Calvaire est un premier film fantastique tellement drôle, tellement flippant, tellement impressionnant, telle-ment surprenant... qu’il est préférable de ne pas trop en savoir avant de le voir. Au mieux, disons que ça commence comme une comédie à l’humour belge cinglant ; que ça lorgne progressivement vers le fantasti-que et les obsessions chères au Polanski première période (aficionados des affects paranos du Locataire, c’est pour vous), que ça poursuit comme du Hitchcock et que ça s’achève avec une conclusion digne de Massacre à la Tronçonneuse. Une réussite d’autant plus formidable que sous les références explicites, le style s’avère extrêmement personnel. Une telle maîtrise formelle et une telle liberté de ton sont rares pour un premier film. Baignant dans une ambiance que Gaspar Noé n’aurait pas reniée, cette fiction a ébranlé nos convictions, assouvi nos envies trash, avec une générosité, une énergie, une drôlerie et une férocité qu’on ne croyait plus possible aujourd’hui. Quelque part entre le merveilleux cauchemar et l’inquiétante étrangeté, une expérience radicale, glauque et fascinante. Un choc, indubitablement.
Sinon
http://www.trash-times.com/archives/rev ... lvaire.htm
"Comme disait mon ami Richard Nixon, mieux vaut une petite tâche sur la conscience qu'une grosse sur l'honneur. Allez en vous remerciant bonsoir."