Délicat sujet que Wiktor Grodecki mit en scéne en 1997. Auteur de documentaires choc sur la prostitution des adolescents à Prague, Body without soul et Angels we're not angels, Grodecki poursuit son chemin et donne une vision sordide et desespérée de la jeunesse perdue de la ville mystère. Il le fait sans concession, le poids des dialogues, le choc des images.
Marek a 15 ans, gueule d'ange desoeuvrée, traine ds les halls de gare, les salles de jeux, proie facile pour dealers et proxènetes. Une sevère altercation avec son père et c'est la fuite.
Un mac le repère vite, l'entraine chez un vieux pervers qui le drogue et le sodomise, brutal bapteme sexuel pour Marek qui est désormais la nouvelle pute du cercle.
Maisons closes pour ados, junk félins et sauvages se vautrant au son de musique techno, passage à tabac, epreuve de force pour se faire sa place. Tout va trés vite, Grodecki filme à la vitesse de l'éclair au rythme de la musique et des spots bariolés, comme un cauchemar urbain.
David va le prendre sous son aile, jeune rebelle accro au visage angeliquement fauve. Il devient son meilleur ami, son protecteur mais son destructeur egalement en l'initiant à la prostitution sauvage et aux drogues dures, seuls élements leur permettant un peu de rêve.
Mandragora est un voyage au bout de la nuit, suite de scénes obscènes et révoltantes, visions de la vie nocturne et interdite de Prague, la vente et la traite d'adolescents, les clubs spéciaux, le non-retour condamnant l'enfant à un funeste destin.
La dernière partie du film, la plus réussie, est aussi la plus sordide.
On assiste à la déchéance de Marek, sa lutte, ses cauchemars, ses hantises nées des drogues.
Grodecki nous plonge enfin dans l'univers clandestin de tournages de films gays pornos SM dans des maisons minables tenues par des propriétaires libidineux.
La soumission, l'obeissance, la Peur, tout accepter sans rien refuser.
Si David n'est plus apte à comprendre, machine à sexe junk, il reste à Marek un peu lucidité.
Aprés avoir été obligé de sodomiser David tout en se faisant prendre avant une orgie SM, adolescents nus et bardés de cuir et de chaines, drogués et obligés de subir les pires humiliations pour le besoin du film, Marek aura la force de s'échapper et avertira la police.
Détruit par la drogue et usé sexuellement, Marek se fera un dernier shoot ds les toilettes d'une gare avant de mourir.
Le twist final est l'un des plus ironiques et des plus cruels. Dure, trés dure la Vie!!


Film témoignage, Grodecki aurait tourné de véritables scénes de prostitution avec l'accord de ses jeunes acteurs qui auraient payé leurs passes.
Le problème est ce coté trop soft qu'il dégage durant tte sa première partie. Le réalisateur choisit de dénoncer cet univers et de le faire sans concessions, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout?
Oubliez le trash, amis voyeurs de jeunesses nues et délabrées, les séq. osées demeurent d'une gentillesse desarmante, flirtant plus avec l'erotisme qu'avec le hard surtout dans sa 1ere partie. On est loin du cinéma d'exploitation auquel Mandragora ne se referencie pas du tout.
Le fait d'avoir lu nombre d'articles tres durs dessus avant de le visionner m'en avait donné une image autrement lus insoutenable.
Il faut attendre la 2eme partie pour du plus consistant.
Le problème pour moi est que Mandragora a un coté lisse, propre qui tranche avec l'univers sordide qu'il dépeint.
Grodecki aurait du jouer la carte du trash, du desespoir, de la déchéance ultime, d'un bout à l'autre.
A cet égard, Moi Christiane F. 13 ans.. ou même L'homme blessé dans leur style sont à mes yeux beaucoup desespérés.
Tous les jeunes acteurs souvent amateurs et proches de Grodecki ont un air de magazine facon Cadinot ou Decoteau. Soit, on est ds le monde du marché humain du jeune male, on ne va pas vendre du boudin acnéen mais ca intensifie un peu trop l'aspect artificiel.
Sûr que le casting fera craquer le spectateur coquin..
On se prend tout de même à rêver à ce que Larry Clarke aurait pu faire de ce film..
Outre ces reproches personnels, Mandragora reste un film unique et sans concessions, un film douloureux et hautement dérangeant qui jettera le malaise dans l'esprit du spectateur et choquera surement les âmes sensibles. C'est un constat tragique sans voyeurisme aucun ni coté racoleur, le parcours initiatique/destructeur d'un jeune paumé.
Ciné trash, ciné-vérité, où l'autre face de la vie à l'Est!! J'aime!!


Le corbeau qui aime la clandestinité!!


