Kim Jong-il est, si on en croit la version officielle nord coréenne, le plus grand cinéaste de tous les temps. C'est surtout un despote qui laisse son peuple dans la misère et le dénuement le plus total. Passionné de cinéma, il produit (et réalise paraît-il) des films de propagande montrant la gloire du communisme triomphant face aux capitalisme sanguinaire. Cependant, il lui arrive d'avoir envie de se faire plaisir. C'est pourquoi en 1985, ce fan de kaiju décide de produire un film qui a quelques ressemblance avec la série des MAIJIN de la Daiei. Le résultat est assez surprenant. Je m'attendait à un gros truc bien raté, et finalement ce n'est pas si mal que ça !
Tout d'abord, le monstre : un peu bedonnant, il reste néanmoins assez efficace, bien que sa version "jeune" m'a fait rire tant ce passage du film est teinté de ridicule. La plupart des effets spéciaux reste rudimentaire : quelques effets peints à même la pellicule pour suggérer des boulets de canon enflammés, ou bien projection de Pulgasary sur un écran (avec parfois des caches bien visibles) pour le montrer gigantesque à côté des acteurs. C'est surtout les maquettes de bâtiment qui m'ont surpris car elles sont, je trouve, très réussies, donnant par là des scènes de destruction assez sympas. Pulgasary n'étant pas aussi grand qu'un Godzilla, il a été possible de faire des maquettes à une échelle qui permet de bien les détailler. Aussi surprenant que cela puisse-être, le film a bénéficié du travail de spécialistes japonais. Le monstre est même joué par Kenpachiro Satsuma, un des interprètes de Godzilla !
La musique est un sommet de synthé cheap, sauf curieusement vers la film où on a l'air de bénéficier d'un orchestre (musique repompée ?).
Pour le reste du film, Corée du Nord oblige, on a droit à une figuration qui ne se limite pas à deux pelés et trois tondus. Tout ce petit monde bénéfice de bons costumes. Par contre, l'interprétation laisse à désirer. Il faut dire que les deux acteurs principaux sont des coréens du sud enlevés pour tourner dans les productions de Kim, ce qui ne doit pas être très motivant(*). Le reste des comédiens joue comme on peut s'y attendre, à la manière des grandes productions de propagande.
Une des plus grosses surprises vient du rythme qui est assez bien géré, car les séquences différentes sont suffisamment nombreuses pour ne pas que l'on s'ennuie. J'étais assez inquiet à ce sujet (d'autant plus que le coréen sous-titré en japonais c'est pas trop ça

Nul doute que dans l'esprit dérangé de Kim Jong-il, ce film représente le peuple coréen affamé par un méchant roi armé de canons et de flèches propulsées avec de la poudre, représentant les ennemis de la Corée du Nord, et sauvé grâce à son indestructible leader (Kim Jong-il lui-même ?). Cependant, difficile pour nous autres occidentaux de ne pas y voir plutôt une image du peuple coréen affamé par la dictature du dernier régime stalinien de la planète. C'est peut-être pour ça que le film est sorti bien plus tard en Corée du sud où il fit un magistral… bide !



(*) A noter que le réalisateur Shin San-ok fut également enlevé pour tourner des films à la gloire du régime. Il réussit à s'enfuir avant la fin du tournage de PULGASARY.