
Acheté pour 3 € dans un Disc King à 3 €, DVD Z2 de chez Bach Films (soupir), vost + la sempiternelle b.a de l'Archangel.
Copie...moyenne, quelques griffures et une grosse coupure en plein milieu du film (je suspecte une publicité quelconque qui a été enlevée à la hache ?), des sauts d'image que j'ose à peine imaginer venir...d'une copie video (?). Le côté droit de l'image est parfois à peine flou avec des traces blanches fantomatiques qui apparaissent au gré du métrage (?)

Il est dans la lignée des mélodrames policiers tendance noir qu'Hollywood a produit dans les années 40. Le summum à mon gout étant Mildred Pierce (sur un autre thread est mentionné le Tay Garnett - le facteur...- qui est plutot surestimé à mes yeux) ou encore l'excellente série B Detour d'Edgar G. Ulmer.
Du haut de ses douze ans, Martha Ivers, tentant de fuguer avec le beau Sam Masterson, tue sa sévère tante (qui, négligemment était en train de tuer son chat à coup de canne!) . Le jeune William, secretement amoureux, est témoin de la scène mais garde le silence. Ils feront accuser et pendre un innocent du crime. 18 ans plus tard, Sam (V. heflin) revient à Iversville et tentant de faire libérer une jeune délinquante (LIzabeth Scott), tombe sur William (Kirk) marié à une Martha glaciale (Barbara Stanwyck) qui a fait de son mari un pantin. Ils croient que Sam est revenu leur faire du chantage.
Difficile de faire plus haïssable que Martha Ivers : fugueuse et meurtrière à douze ans, machiavélique, cupide, belle, elle fait mourir un homme à sa place et tente de recommencer 18 ans plus tard! Le film délaisse au départ le couple Stanwyck/Douglas pour se concentrer sur le retour de Van Heflin au pays. Pas un des personnages n'est présenté sous un beau jour : ils sont soit veules, alcooliques, sortant de prison, voleurs, meurtriers... rien de positif. Les répliques sont chargées de sous-entendus hautement sexuels (comment la commison de censure de l'époque a-t-elle pu ne rien voir?) et tout pointe vers le crime sous toutes ses formes.
Le pire est que le scénario de Robert Rossen-d'après une histoire de John Patrick- (nominé aux oscars pour l'occasion) essaie de trouver des excuses à Martha Ivers. Non pas pour la dédouanner mais pour la rendre un peu plus humaine. Ceci pour mieux lui redonner le blason de salope manipulatrice sur la fin

Cote mise en scène, il manque l'étincelle qui aurait pu en faire un chef d'oeuvre. le montage, trop mou dans la première heure, fait un peu patiner le rythme mais tout prend une tornure plus noire dès que la caméra se penche sur le couple de nantis maudits.
Le censure de l'époque fait que le final demeure très moral (je me suis dit néanmoins, à deux minutes de la fin du métrage, que finalement, peu-etre... ben non. Le code Hays a bien été respecté et la morale est sauve) et les rescapés s'en tirent avec une citation de la Bible "ne fais pas comme la femme de Lot qui s'est transformée en statue de sel, ne te retourne pas" revient en leitmotiv à plusieurs reprises...ainsi que Van Heflin conseillant la lecture de la Bible à une Lizabeth Scott un peu perdue. Ceci apparaissant clairement plaqué sur le film, une sorte de concession au code. ce qui n'enlève rien au caractère provocateur du personnage de Martha Ivers, écorchée vive, amoureuse, perdue et pourrie jusqu'à la moelle.
Pour le fun : Kirk Douglas retrouvera Lizabeth Scott en 1948 dans le I Walk Alone de Byron Haskin avec Burt Lancaster.