"Ju-on: the curse of one who dies in the grip of powerful rage. It gathers and takes effect in the places that person was alive. Those who encounter it die, and a new curse is born."

Rika (Megumi Okina) est assistante sociale. Bien que ce genre de déplacement ne fasse pas réellement partie de ses fonctions, son collègue Toyama l'envoie rendre visite à Madame Tokunaga. Sur place, Rika trouve la vieille femme enfermée dans sa chambre, le regard vide. En nettoyant les lieux, l'assistante entend des bruits inquiétants en provenance d'un placard à l'étage. Quelle n'est pas sa surprise de découvrir en ouvrant celui-ci, un chat noir et…
Après le succès de ses Ju-on et Ju-on 2 destinés au marché de la vidéo, son créateur Takashi Shimizu adapta lui-même au le premier de ses deux téléfilms pour le grand écran.<A noter qu’un remake américain sortira en 2004 avec Bill Pullman et Sarah Michelle Gellar, du même réalisateur. Buffy ou pas, ce ne sera jamais mieux que Megumi Okina...
Au passage : marre de ces remakes américains, qui plus est lorsque c'est par les mêmes réalisateurs

Le film de Takashi Shimizu est découpé en plusieurs chapitres de tailles inégales et aux articulations implicites, mais n'est aucunement constitué comme un film traditionnel. Chaque segment à l'exception du premier, puise son exposition et son protagoniste dans un segment antérieur, et participe à la propagation de la malédiction Ju-on.
En guise de fil directeur, c'est une enquête policière suite à la découverte de trois cadavres dans la maison des Tokunaga, mais soyons clairs, Ju-on, n'est pas un film à proprement parler narratif. Il n'y a pas vraiment de quête à élucider et aucune surprise finale.
On en sait peu sur l'intrigue et sur le pourquoi du comment...Quelle est cette malédiction ? pourquoi dans cette maison ? pourquoi ces personnes ci ? Trop de non-dits, qui apparemment sont relatés dans les deux épisodes TV : ce qui nous fait une belle jambe

Cependant, c'est avant tout une œuvre d'ambiance, qui fait recette des scènes magiques des meilleurs productions asiatiques d'épouvante, construit comme un film à sketches autour d'une série de tableaux. Le sujet de ces toiles humaines ? La peur, bien entendu

Et ces tableaux pour tout vous dire sont absolument redoutables. Vous aurez peur! Insistants et immobiles, ils interviennent en fin de chapitres, superposant les différentes couches de terreurs distillées au cours des minutes précédentes (apparitions fugaces, ombres inexpliquées, bruitages inquiétants) en un même arrêt sur image éprouvant.
J'en garde deux en mémoire au son d'un croassement maléfique: Kayako sous la couette d'Hitomi… avec elle; et surtout cette image de Rika alitée, le petit Toshio recroquevillé à une extrémité de son lit alors que de l'autre, Kayako semble sortir du mur à l'horizontale pour la fixer, droit dans les yeux ! Shimizu ose dépoussièrer le mythe de la maison hantée et le pari est relevé.




Le scénario est bien maigre certes, mais je n’en ai que faire, tant la succession de scènes glauques et malsaines fut jouissive. Ju-on se concentre donc sur la réalisation au sens pictural du terme. Il y a un véritable souçis du détail qui fait plaisir aux fans du film d’épouvante. D'ailleurs on sent vraiment la patte des deux creative consultant sur le film, que sont Kiyoshi Kurosawa et Hiroshi Takahashi (screenplay de Ringu).
Tout semblait déjà avoir été fait...il faut croire que non, tant les surprises ne manquent pas ! Néanmoins, je reprocherais un certains manque de suggestion par moment qui nuit un peu aux frissons à cause d'une "habitude" qui s'instaure petit à petit.
Certains reprocheront (mais est-ce un mal ?) un certain nombre de traits de Ju-on, directement hérités de l'univers de Ringu : le mode de déplacement du fantôme de Kayako, les manifestations "photo-numériques", ou encore certaines apparitions aux cheveux longs…moi j’adore :aime:

- La mise en scène par personnage - découpage du scénario.
- La succession de scènes glauques surprenantes

- Le "Character Design"
- Enfin un film sur une maison hantée qui tient la route depuis The Haunting de Robert Wyse.
- Le soucis du détail qui fait frissonner.
- Les croassements
- La patte de Kurosawa
- Megumi Okina et quelques écolières… :aime:

- Le manque de profondeur du scénario

- L'absence d'infos sur la mythologie de la malédiction

- L'absence de réponses

- A trop vouloir montrer...
- Les photos, pompées sur Ringu.
Edition DVD – Z3 – STA et STC



Rien que pour ces compositions cauchemardesques exceptionnelles de simplicité, Ju-on est un film envoutant. C'est en effet l'un des seuls films avec Tale of two Sisters, à transcender le cadre de la peur cinématographique et de ses effets de montage ("peur en mouvement") en se concentrant paradoxalement sur celui, plus subtile et durable, de la peur "figée". Peu profond, mais si bien conçu et réalisé. Je vous supplie de découvrir celui-ci avant de voir le remake.
Ce frisson qui nous glace l'échine est beau, subtile. J'en redemande malgré son manque de background.


