*** ATTENTION THREAD PATHETIQUE ***
SLAP HER, SHE'S FRENCH !
... autrement dit "Colle lui une baffe, elle est Française", ou comment un teenage movie produit en 2002 sous le gouvernement Bush aura vite fait de passer pour de la propagande francophobe vu le contexte de l'année qui suivit. Le titre à première vue honteusement racoleur, cache néanmoins une certaine ironie qui trouvera un écho dans le film lui-même.
Mais bien sûr, ça c'est la plus grosse surprise, et à la base, je vous avouerai que je n'ai pas acheté ce DVD pour être surpris, moi ! Car c'est avant tout le bonheur de voir une telle accumulation éhontée de clichés, de messages agressifs contre la culture française et de mauvais goût, qui m'a poussé à découvrir le film. Vendu comme un teen girl flick hilarant, l'affiche annonçant fièrement un choc des cultures dont celle des bérets et baguettes de pain n'étaient certainment pas donnée vainqueur, et le synopsis cachant sa bêtise apparente derrière le plaisir immédiat de voir une variation "exotique" de la comédie pour teenagers. Autant dire que le film de Melanie Mayron ne tient pas toutes ses promesses, à ma grande surprise... et mon grand plaisir malgré tout.
L'histoireL'histoire donc, c'est celle de Geneviève LePlouff, une jeune étudiante Française (interprétée avec classe et finesse
par la jolie "Coyote Girl" Piper Perabo) qui débarque, dans le cadre d'un échange scolaire, dans le lycée de la petite ville de Splendona, Texas. Croyez-le ou non, on y croise pom-pom girls, des joueurs de foot américains, et des reines de beautés. Starla Grady (Jane McGregor, je reviendrai sur son cas plus tard), de son côté, est la fille la plus populaire de son lycée. Le lien entre ces deux personnages est à priori pas évident. C'est juste que c'est la famille (un peu bourge, mais un peu beauf quand même) de Starla qui accueille gracieusement Geneviève dans sa grande maison.Starla, qui à l'origine est pas super heureuse de devoir se coltiner une nouvelle copine mal fringuée, avec lunettes et, pire que tout, un béret qu'elle porte en permanence
("en plus, on a déjà aidé ces nazes de Français pendant 2 guerres mondiales, qu'est-ce qu'ils veulent qu'on leur donne de plus ?"), se dit au final que ça serait une bonne idée, s'il elle veut réussir son examen de français, qui lui permettrait de rester dans la team des pom-pom girls (là faut pas trop chercher à comprendre je crois). Donnant d'abord l'impression d'être complètement paumée aux milieux de ces américaines vétues de mini-jupes en toutes occassions, pensant qu'à la gloire et au cul, Geneviève s'adapte finalement très vite, top vite même, au point de piquer les amies, le petit ami et la gloire de Starla, au nez et à la barbe de l'autre. D'où :
- crépage de chignon en règle
- les baffes promises dans le titre
- des matchs de foot américain et les shows des girls qui vont avec
- des concours de reines de beautés
- des discussions maquillages, mode, garçons...
- la morale sur la famille, le pardon, etc...
- la française est donc la méchante garce envieuse de la "way of life" de sa correspondante américaine
- ET... PAS DE SCENES A LA CANTOCHE
(c'est simplement évoqué à un moment)"C'est de l'Etat du Texas que sont originaires les personnes les plus célèbres. John Wayne vient du Texas. Les présidents Eisenhauer, Johnson, Bush et Bush Jr. Et Richards qui est démocrate, mais qui est quand même quelqu'un de cool."
Extrait d'un monologue en voix-off au début du film. Mais alors ce film, serait-ce donc de la propagande pro-Républicaine ?
A vrai dire, le film joue sur deux tableaux. D'un côté, c'est tout de même assez complaisant dans sa morale et ses clichés si on prend le film comme il vient (le coup du béret porté pendant tout le film est quand même énorme ! ; de même on se coltine de l'accordéon en fond sonore à chaque fois que le perso de Geneviève parle). D'un autre côté, le scénariste qui n'est autre que Robert Lee King, réalisateur de "Psycho Beach Party" (qui s'amusait déjà des clichés), insère ici et là quelques piques au mode de vie superficiel de l'Amérique, à l'inculture de sa population la plus profonde aveuglée par l'appel de la gloire et de la réussite sociale, un égoisme qui se fait au mépris parfois de la connaissance pure et simple du monde qui l'entoure (en cela le personnage de Starla est parfaitement esquissé, et la citation que j'ai sorti tout à l'heure, remise dans son contexte, et à un niveau de lecture au dessus, prend une nature subversive assez jouissive).
Par moment, on a donc un film assez bancal si je puis dire, un peu girouette. Le film a du mal à pendre clairement position, chose qui est surement du à une ré-écriture et des modifications pour rendre le tout plus politiquement correct et plus commercial, à défaut d'être homogène. Qu'à cela ne tienne, le film regorge quand même de détails plus ou moins discrets qui désamorce, par l'ironie, les craintes que l'ont pouvait avoir légitimement sur le film. En finesse, le film laisse glisser quelques jeux de mots salaces, et évoque même d'une belle de manière l'homosexualité à un court moment. Sans appuyer lourdement sur ces entorses au politiquement correct, leur présence même dans le long-métrage parait à la fois miraculeuse et maline.
Un petit gag réservé à nous autres francophones (un arrêt sur image sur la copie de l'exam de français de Starla : http://inlovewith.free.fr/slap_cap.jpg)Au niveau de la comédie, c'est plutôt réussi. Je fais pas le difficile, et j'ai ris à plusieurs reprises. Les deux actrices sont parfaites, autant Perabo qui se ridiculise bien avec ses tenues ringardes et son accent français à couper au couteau, que McGregor, nouvelle venue qui possède le charme et le talent nécessaire à ce genre de comédies (jouer à la fois la garce, la fleur bleue, la conne).
Bref me voilà bien satisfait. D'un côté, j'ai eu le girl flick que je voulais, et en prime le résultat prend beaucoup de recul par rapport au sujet de base. C'est même presque un film qui fait mal, une claque !
Bandes-annonceshttp://www.apple.com/trailers/premiere_ ... small.html
http://www.apple.com/trailers/premiere_ ... large.html
Extraitshttp://www.cinemovies.fr/fiche_extrait.php?IDfilm=675
La honte... partout dans le monde, mais pas en France. Bouh ! 
Visiblement un film Universal, qui avait donc été racheté brillament 