Avant toute chose, la qualité de la copie proposée sur le NoShame est absolument excrémentielle

.
Aucune fixité des couleurs, pluie de micro-rayures blanches, contrastes pourris -il n'y a pas d'autres mots- instabilités des plans osbcurs -le noir est opaque!-, couleurs parfois lavasses... quand on lit sur la jaquette que le film a été "remastérisé à partir du négatif original de manière optimale"
Le son est lui aussi parfaitement horrible. Qu'il s'agisse dumono ou de l'abominable remixage en 5.1, il est métallique, comme passé dans une caisse de résonance et certains sons semblent avoir disparu au passage.
Version italienne avec st italiens (qui se décalent juste avant la scène de la prison en révolte, bravo la synchronisation avec l'action

)
Probablement une des pires copies qu'il m'ait été donné de voir
Sinon, on a affaire à une bonne surprise. Martino tente un sujet plus ambitieux que d'habitude (un peu à la manière d'Ercoli dans La Polizia ha le mani ligate) et a visiblement bénéficié de moyens à la mesure du projet. Je rejoins manuma sur le mélange des genres, partant d'un bis poliziesco pour élargir le propos au complot politique, la dérive droitière quasi fasciste des services secrets italiens
Par contre, j'aime beaucoup les scènes d'actions, assez brutales. La caméra de Giancarlo Ferrando se met dans des coins pas possibles lors de la poursuite de bagnole, c'est à croire qu'il y aurait laissé sa vie

. C'est très brut de décoffrage, avec caméra emùbarquée à bords des voitures qui se percutent et on voit clairement que Luc Merenda a effectué lui-même toutes les cascades!
Ne serait-ce que la cascade qui inaugure le film, à couper le souffle! La scène de l'attaque par hélicoptère est là aussi très spectaculaire et d'une ampleur inédite pour Martino. Là aussi, une caméra très mobile, qui colle à l'action. C'est là où je diffère de l'analyse ci-dessus, car Martino a su insuffler dans sa mise en scène l'énergie nécessaire requise par le scénario et l'action. Même les scènes d'exposition démontrent un savoir-faire dans les compositions du cadre (ici en Scope) : voir l'arrestation du faux-agent en début de métrage, où pas moins de 4 niveaux de lecture de l'action figure sur un même plan. C'est moins gothique que certains plans de La Queue du Scorpion (par exemple), mais n'étant pas dans un Giallo, je pense que ses audaces visuelles ne s'y prêtaient pas ici. Quant on pense à ses machins d'après comme le TV Crimes au cimetière étrusque ou encore Casablanca Express, on se demande bien ce qui lui est arrivé...
Le scénario tente de ménager des rebondissements, même si je dois avouer que la révélation finale n'en était pas une pour moi, car finalement assez mal amenée. Même si ce n'était pas le but du scénario. Ceci, l'un des aspects intéressants est le fait qu'il n'y a pas de "méchants" à proprement parler. Tous coupables, à un degré ou un autre. Même les individus les plus retors (cette sale tronche d'Antonio Casale en tête dans le rôle de Massù) ne sont pas décrits de manière unilatérale et foncièrement mauvais. Juste des maillons qui effectuent "leur travail".
Le film s'éloigne et se trouve ainsi largement au-dessus des Merlineries et autres Lenziades populistes des années 70, ne serait-ce que par l'ambiguïté qui se dégage des personnages, les ramifications d'une intrigue à tiroir, l'ambition de voir au-delà des simples bagarres et de ne pas asséner de messages à coups de poings dans la gueule.
Aussi, comme manuma a noté, de voir un Tomas Milian sobre, bien dirigé et cadré, surtout.
Luc Merenda est impeccable et se révèle un acteur qu'on a largement sous-employé (et c'est bien dommage).
Il y a d'ailleurs un interview assez rigolote de lui dans les boni, ou il parle italien comme une vache espagnole en le mélangeant de français. Il parait un peu désabusé, mais bourré d'humour et de respect pour les participants au film.
Un excellent divertissement, donc, même s'il est clair qu'on reste au niveau d'un bon film "populaire" -dans le bon sens du terme-, sans atteindre les sommets atteints par Rosi ou Petri, auquel le film fait en effet immanquablement penser.
La zique est trrrrrrrrrès Moricconienne, en effet, peut être une volonté de faire "plus sérieux" dans la livraison finale? En tous cas, je ne l'ai pas trouvée déplaisante, même si je ne considère pas Luciano Michelini comme un grand auteur, et collant très bien à l'action.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?