On aura attendu longuement mais notre patience sera récompensée le 15 septembre prochain puisque d'une édition simple reportée l'an dernier et finalement jamais sortie, on passe à une édition collector 2 DVD aggrémentée de suppléments à la hauteur. On a visiblement réparé la machine à café chez Warner !
DVD 1 :
-LE FILM. Français (Dolby Digital 2.0 Mono), Anglais (Dolby Digital 2.0 Mono), Italien (Dolby Digital 2.0 Mono)
ST : Français, Anglais, Italien, Espagnol, Allemand, Arabe, Néerlandais, Roumain, Anglais et Italien pour sourds et malentendants
Format cinémascope respecté 2.40:1
-La galerie de photos de la Venise de Visconti
DVD 2 :
L'introduction au film : Mort à Venise dans la carrière de Visconti
La rencontre avec Piero Tosi dans les ateliers de couture Tirelli à Rome
L'analyse filmique
documentaires "De Thomas Mann à Visconti en passant par Malher" & "A la recherche de Tadzio"
Les bandes-annonces.
A signaler le même jour LES DAMNES, également en édition collector.
Un coffret regroupant les deux oeuvres sera parallèlement disponible.
Elle devait sortir en aout initialement, mais, bon : mieux vaut une bonne édition en retard qu'une mauvaise édition à l'heure ! Ce sont des gens proches de Carlotta qui s'ocupe des suppléments des second DVD...
Prodigy a écrit :J'arrive pas à me mettre à Visconti
Il suffit pourtant de se laisser porter, de contempler et d'admirer la beauté du geste sans égal dans le cinéma mondial !
Comme son auteur n'osera pas le faire lui-même, je signale quand même le site francophone consacré (en plus il est à jour, bravo): http://emmanuel.denis.free.fr/visconti.html
Oui, enfin, je l'ai un peu laissé tomber dernièrement. Je n'ai pas chroniqué et acheté le livre paru aux éditions de la BIFI (assez bof d'ailleurs) ou le gros et beau livre publié sur "Visconti et le théâtre" à l'occasion d'une rétrospective en France.
Surtout, il y a un DVD italien de "Nuits blanches" qui a l'air pas mal du tout (avec STA) qu'il faudrait que j'échète et que je chronique. 20 euros sur DVDland.it, environ 35 euros à MK2 biblio. Cherchez l'erreur !
Au début du vingtième siècle, Gustav Von Aschenbach, un compositeur allemand renommé, se rend seul à Venise pour y passer quelques temps en convalescence. Il s'installe à l'Hôtel des Bains, un palace situé sur une plage du Lido. Parmi les touristes qui y résident, il remarque un adolescent polonais appelé Tadzio. Dans Venise elle-même, des évènements étranges semblent être cachés aux touristes...
Après "Les damnés", qui est un gros succès au moins en Italie, Visconti veut adapter un texte de Thomas Mann, auquel "Les damnés", justement, renvoyait déjà beaucoup. Il choisit de s'attaquer à "Mort à Venise", une nouvelle assez courte et suffisament visuelle pour être transposer au cinéma. Il obtient sans difficulté le soutien de célèbres acteurs, comme l'italienne Silvana Mangano ou, surtout, le britannique Dirk Bogarde qui se voit confier le rôle d'Aschenbach. Néanmoins, il a du mal à réunir le financement nécessaire. On veut lui faire changer Tadzio en une jeune femme, afin d'obtenir un espèce de "Lolita" rétro, par exemple. Finalement, l'argent viendra des USA, et plus précisément de la Warner qui avait déjà aider à terminer "Les damnés". Point négatif : le réalisateur et les acteurs principaux, entre autres, sont payés en "participation", c'est à dire sur le pourcentage des recettes. En fait, comme c'est l'usage aux USA pour ce genre de montage finanicer, personne ne sera jamais payé, la comptabilité étant dûment arrangée pour que l'on considère que le film ne soit jamais rentable. A la fin des années 80, Bogarde disait n'avoir toujours rien toucher pour ce film...
"Mort à Venise" est donc l'adaptation d'une nouvelle extrêmemnt visuelle, si bien que toute l'action vénitienne est quasiment muette. Tout s'y déroule à travers les gestes et les regards tandis que ceux qui parlent beaucoup (le maître d'hôtel incarné par Romolo Valli, un fidèle de Visconti) le font essentiellement pour ne rien dire. Par rapport au texte d'origine, Visconti insère des flash back, dont certains inspirés par "Faustus", un roman, de Mann, afin d'expliciter de façon didactique les thématiques approchés par l'écrivain et comment elles enrichissent le contenu de "Mort à Venise".
Aschenbach, compositeur bourgeois et idéaliste, croit en l'Art comme le fruit d'un labeur incessant et d'une hygiène morale irréprochable. L'expression artistique doit alors servir de modèle à l'auditeur, et l'esthétique doit se plier à un ordre de valeurs philosophiques rigoureuses.
Pourtant, au cours de ce voyage à Venise, le bilan qu'il fait de sa vie et de sa carrière semble lui prouver qu'il a, en fait, eu tort sous toute la ligne. Sa probité masque en fait sa lâcheté face à la vie et lui-même ne supporte plus sa propre hypocrisie. Sa fascination pour Tadzio devient alors le reflet de cette crise. Le jeune garçon le renvoie d'abord à sa fille et à l'univers de l'enfance, puis à une prostitué avec laquelle il faillit coucher avant de résister, ou de fuir, au dernier moment. Alors que les touristes quittent Venise, apparemment contaminée par une épidémie, Aschenbach meurt à Venise.
Comme dans tous les films à costumes de Visconti, la reconsttution est absolument impeccable, le moindre détail, le moindre geste nous plongeant dans une ambiance totalement "exotique" au sens temporel du terme. Beauté des costumes, splendeur des couleurs, virtuosité de la mise en scène et des mouvements d'appareil (cf. les combinaisons de panoramiques et de zoom sur les touristes dans le salon de l'hôtel ou sur la plage, avec un travail hallucinant sur la gestion de la mise au point), construction complexe du récit (entre flash back et rêves...), musique magnifique de Mahler, bien entendu, que le film contribuera largement à populariser. Et surtout interprétation stupéfiante de Dirk Bogarde restituant les multiples nuances du personnage d'Aschenbach, à la fois pathétique et magnifique.
A noter que ce film est sans doute le Visconti qui flirte le plus avec le fantasique. Si la nouvelle de Mann était clairement un texte liée à la culture décadente et symboliste (particulièrement à travers une scène de cauchemar), Visconti se montre un peu plus sage, bien que le final nous révèle clairement la vraie nature de Tadzio, l'ange solaire de la mort.
Vu sur le DVD Warner zone 1 Pour l'anecdote, tous les négatifs originaux (du moins, ceux qui sont encore disponibles) des films de Visconti ont été restaurés et nettoyés à grands frais en Italie ces dernières années. Sauf "Mort à Venise" dont les éléments originaux sont conservés par Warner qui a refusé de les confier pour restauration. C'est malin...
On imagine donc que le négatif original a du être utilisé ici et le résultat est très correct. Certains passages laissent traîner pas mal de petits points blancs et les noirs tournent parfois à la bouillie (le générique de début, avec la lente ouverture en iris sur la lagune est ratée), mais, contrairement aux "Damnés", je n'ai pas trouvé que Warner ait triché pour faire ressortir le plus de détails possibles dans les noirs ou pour saturer excessivement les couleurs. On retrouve donc bien les couleurs un peu pastels des copies cinéma du film, tout comme les contrastes assez doux. A noter que certaines scènes sont très lumineuses, presque éblouissantes (la fin), ce que rend très bien ce DVD contrairement à la plupart des copies que j'ai vues en salles. La bande-son est très convenable, à part un peu trop de rumble au début. Le disque américain ne propose que la piste anglaise, mais c'est clairement celle du tournage et elle est infiniment supérieure à la piste italienne.
En bonus, on trouve, sur le DVD américain une sympathique galerie de photos de tournage et une featurette d"époque, très intéressante, nous montrant Visconti tourné un des plus beaux plans du film. Avec un peu d'interviews de Bogarde et de Visconti, qui reviennent sur les méthodes de travail du metteur en scène. Et puis la bande annonce et c'est tout.
Pendant la préparation du tournage de "Mort à Venise", Visconti tourne un documentaire d'une trentaine de minutes, "A la recherche de Tadzio", film assez rare dont on voit quelques secondes dans la featurette Warner (la visite de l'hôtel abandonné). Il aurait dû être inclus dans le DVD zone 2 français, et était même annoncé jusqu'au dernier moment (cf. le message de Haribo en haut de page). Pourtant, il n'y était point... Le zone 1 me suffit donc.
Ami Prodigy.. un conseil: met toi au cinéma de Visconti.. tu risques de ne pas le regretter..
Un jour où tu te sens.. puis tu te laisses porter et envouter comme le disais haribo
Bonne nouvelle que la prochaine sortie de ses deux films..
J'imagine que Rencontre avec Tadzio sur les bonus de Venise est le même reportage qu'il y avait déja sur les bonus du film D'etienne Faure avec Sebastien Roch, In extremis, je crois que c ce film.. Bizarrement d'ailleurs..
Les retrouvailles du jeune acteur de Mort à Venise et ce qu'il est devenu par la suite.. assez interessant mais déplacé sur In extremis!!!
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.
Superbe film, ça on est d'accord, mais y a une chose qui me fait peur pour un achat DVD, c'est que j'ai vu ce film une seule fois, c'était l'an passé, et j'ai eu la chance de le découvrir en salles. Et j'avoue que le revoir sur un écran de télé me fait peur, j'ai vraiment peur que ça retranscrive pas le 100e des sensations d'une salle. C'est pour ça que je l'ai pas pris. Qu'en dites vous ceux qui ont pu tester les deux experiences ?
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
C'est clair que "Mort à Venise" à la télé, au début, ça fait un choc... Maintenant, j'y suis habitué et c'est tout de même un plaisir de voir un télécinéma globalement très beau. Mais on reste très loin des sensations ressentis en salle, ne serait-ce que par la qualité des lumières, l'ampleur des images, etc.