La Chute (Der Untergang) d'Oliver Hirschbiegel (2005)
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Attention, pour ce qui est l'holocauste et l'antisémitisme de Hitler (l'un est lié à l'autre tout de même), je trouve que le film est irréprochable à ce sujet. Dans les cartons de la fin du film, ils distingfuent bien, parmi les morts de la guerre, ceux des camps, ce qui est très pertinent. Il n'y en a pas des tonnes, vu que ce n'est pas le sujet du film, mais il y a ce qu'il faut.
Je répète, ce qui m'a un peu géné (pour moi, c'est le terme), c'est cette concentration des points les plus négatifs sur quelques persos. Qu'on nous rappelle, au cours d'un des dialogues, que les hommes de tel officier ont rasé un village, cela aurait pu paraître didactique, mais, en même temps, le film l'est aussi sur pas mal de sujets. Et une grande fresque historique de ce genre (visant un large public) a, je pense, quelques obligations didactiques.
Je répète, ce qui m'a un peu géné (pour moi, c'est le terme), c'est cette concentration des points les plus négatifs sur quelques persos. Qu'on nous rappelle, au cours d'un des dialogues, que les hommes de tel officier ont rasé un village, cela aurait pu paraître didactique, mais, en même temps, le film l'est aussi sur pas mal de sujets. Et une grande fresque historique de ce genre (visant un large public) a, je pense, quelques obligations didactiques.
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C'est pas faux.Manolito a écrit :Qu'on nous rappelle, au cours d'un des dialogues, que les hommes de tel officier ont rasé un village, cela aurait pu paraître didactique, mais, en même temps, le film l'est aussi sur pas mal de sujets.
Certes, encore faut-il que ces obligations ne deviennent pas l'alpha et l'omega du scénario. Rappelle-toi du désastreux Pétain de Jean Marboeuf (d'après la bio par Marc Ferro, ce dernier ayant été engagé comme conseiller historique sur le film).Et une grande fresque historique de ce genre (visant un large public) a, je pense, quelques obligations didactiques.
Tiens, j'eusse bien aimé une scène dans La Chute oùsque les Soviétiques arrêteraient la miss Junge, découvriraient son identité puis l'interrogeraient (la vérité historique plutôt que cette note d'espoir final qui sonne faux). Mais vu la complexité et le degré polémique des débats portant sur la mise en parallèle des deux totalitarismes (cf. la correspondance entre François Furet et Ernst Nolte, entre autres), la dimension "fresque historique touchant un grand public" aurait pu sembler trop contradictoire, je pense... Bah, on saura jamais.
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Beaucoup aimé pour ma part. J'ai principalement apprécié que le film soit assez soigné visuellement (les ruines la nuit, l'hôpital...) alors que je redoutais un rendu beaucoup plus téléfilmesque.
De même, bien que ça se traîne un peu au milieu, les 2 H 30 sont passées assez vite, ce qui n'était pas évident pour un film dont l'action se cantonne principalement dans un bunker...
Et surtout l'ambiance de folie et de fin du monde qui suinte de tout ça me plaît beaucoup. Un regard de cinéaste plus marqué et on tenait peut-être un chef-d'oeuvre... En tout cas, ça fait plusieurs jours que je l'ai vu et le film me trotte encore dans la tête, ce qui est plutôt bon signe.
Une bonne surprise, alors que j'avais trouvé "L'Expérience" franchement moyen.
De même, bien que ça se traîne un peu au milieu, les 2 H 30 sont passées assez vite, ce qui n'était pas évident pour un film dont l'action se cantonne principalement dans un bunker...
Et surtout l'ambiance de folie et de fin du monde qui suinte de tout ça me plaît beaucoup. Un regard de cinéaste plus marqué et on tenait peut-être un chef-d'oeuvre... En tout cas, ça fait plusieurs jours que je l'ai vu et le film me trotte encore dans la tête, ce qui est plutôt bon signe.
Une bonne surprise, alors que j'avais trouvé "L'Expérience" franchement moyen.
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A noter que la chaîne "Histoire" va rediffuser ce film italo-britannique d'Ennio de Concini le 28 avril à 20H50. Chuis très curieux de voir le résultat (Guinness grimé est simplement hallucinant sur les tofs).nick a écrit :La fin d'Hitler avait déjà donné lieu à un film "Les dix derniers jours d'Hitler", avec Alec Guinness (c'était un film italien, complètement oublié)
...
Pour en revenir à la curieuse interprétation de Buralo et Manolito au sujet d'une scène de La Chute (comme quoi le perso de Traudl Junge découvrirait tardivement l'antienne hitlérienne de la "Juiverie"), j'ai consulté les mémoires de la secrétaire ("Dans la tanière du loup", éd. Lattès). Voici le passage s'y rapportant :
"Puis, brusquement, le Führer lance dans la pièce les premiers mots : "Mon testament politique." [...] Ce que nous attendons depuis des jours arrive enfin : l'explication de ce qui s'est produit, un aveu, voire un aveu de culpabilité, peut-être une justification. [...] Mais mon espérance est vite déçue. Froidement, presque mécaniquement, le Führer prononce des explications, des accusations et des revendications que je connais, que le peuple allemand et le monde entier connaissent.""
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Bon je viens de voir le film, et pour moi, y'a du bon et du pénible.
Je trouve d'abord interessant que le film commence justement dès le début de la Chute du 3ème Reich. On comprend ainsi facilement que le point de vue sur ce sujet part d'une intention objective. J'imagine que si le film avait montré la "grandeur" et la "décadence" de l'Allemagne nazie, le résultat aurait été différent, peut-être plus ambigü.
L'introduction est excellente, avec la rencontre entre le personnage de Frau Traudl Junge (dont le film est le point de vue) et le Führer. Il y a ce malaise fait d'attente fascinate et d'appréhension avant de voir apparaitre le "personnage" au coin de la porte, que je trouve rendu avec force.
Ensuite, la première heure du film est plutôt décevante. Les acteurs semblent un peu livrés au seul ordre de représenter soit une caricature de leur personnage, soit une idée, un message à faire passer. Même si je comprend qu'il soit dur de présenter la situation et les personnages d'une manière très différente, les dialogues auraient mérités effectivement d'être moins forcés, et parfois moins didactiques. Les acteurs interprétant les personnages importants sont bons, mais ça manque vraiment de direction quelconque (ça se ressent encore plus sur les autres acteurs, qui du coup paraissent très mauvais). Dans cette première heure, on est donc témoin directement de la colère d'Adolf Hitler quand il apprend au fur et à mesure l'échec de son armée. On en viendrait presque à compatir, il est vrai, quand il se rend compte que ses généraux le délaissent progressivement. Et c'est cette sensation un peu étrange qui vient troubler le côté tout objectif de l'intrigue politique. Hitler paraît encore à cet instant là comme un homme puissant, et comme tout l'aspect concret de la guerre et du génocide est écarté, il est difficile sur l'instant de voir en Hitler autre chose qu'un triste chef de guerre tenu en échec.
Sur la deuxième heure, je n'ai eu aucun problème. Il y a des instants purement terrifiants de maîtrise quand il s'agit de mettre en image la chute finale de l'Allemagne Nationale Socialiste et les derniers instants de folie d'Hitler. On comprend alors mieux peu à peu ce qui peut se passer dans sa tête quand il doit faire face à l'éveil de tout son commandement à la réalité de la capitulation. Tous les personnages prennent enfin une dimension plus humaine (humaine dans le sens où ils existent en temps que personnage à part entière, et ne représentent plus quelconque idée ou stereotype), et le film se ressent alors plus comme un drame objectif. Parmi les scènes fortes du film, je retiendrai celle où la femme de Goebbles vient supplier Hitler, à la porte de la pièce où il va se suicider, de ne pas les abandonner. Le moment qu'on attend alors, vient être retardé, et en tant que spectateur le malaise est alors à son comble.
Concernant d'ailleurs la mort d'Hitler dans le film, qu'elle soit montrée en hors-champ ne m'a pas tant dérangé (puisque le film n'est pas un point de vue d'Hitler, mais de ceux qui l'ont entouré, et comme ils n'étaient pas dans la pièce où le suicide a eu lieu, c'est tout à fait logique). Mais que celle de tous ses généraux le soient également m'a paru être une décision ambigüe, d'autant plus que le ton vers la toute fin du film relève un peu de la compassion pour l'ancien régime nazi. C'est comme ça que je l'ai un peu ressenti, même si je me doute que ce n'était pas le but du réalisateur. Ceci dit, c'est effectivement interessant que le film soit un point de vue d'allemands, puisque cette fin peut-être interprétée de différente manière. On peut y voir le deuil d'un peuple sur une époque noire, le pardon peut-être d'une certaine manière. Le même sujet dans d'autres mains auraient sûrement fini différement. En cela, "Der Untergang" est un film nécessaire, bien qu'il ne se suffise pas à lui-même. Le film appelle de toute façon, par l'intermédiaire du court entretien avec Frau Junge située avant le générique de fin, à ne jamais fermer les yeux sur ce qu'il s'est vraiment passé, que l'on a aucune excuse pour ne pas se renseigner sur la vérité.
Je trouve d'abord interessant que le film commence justement dès le début de la Chute du 3ème Reich. On comprend ainsi facilement que le point de vue sur ce sujet part d'une intention objective. J'imagine que si le film avait montré la "grandeur" et la "décadence" de l'Allemagne nazie, le résultat aurait été différent, peut-être plus ambigü.
L'introduction est excellente, avec la rencontre entre le personnage de Frau Traudl Junge (dont le film est le point de vue) et le Führer. Il y a ce malaise fait d'attente fascinate et d'appréhension avant de voir apparaitre le "personnage" au coin de la porte, que je trouve rendu avec force.
Ensuite, la première heure du film est plutôt décevante. Les acteurs semblent un peu livrés au seul ordre de représenter soit une caricature de leur personnage, soit une idée, un message à faire passer. Même si je comprend qu'il soit dur de présenter la situation et les personnages d'une manière très différente, les dialogues auraient mérités effectivement d'être moins forcés, et parfois moins didactiques. Les acteurs interprétant les personnages importants sont bons, mais ça manque vraiment de direction quelconque (ça se ressent encore plus sur les autres acteurs, qui du coup paraissent très mauvais). Dans cette première heure, on est donc témoin directement de la colère d'Adolf Hitler quand il apprend au fur et à mesure l'échec de son armée. On en viendrait presque à compatir, il est vrai, quand il se rend compte que ses généraux le délaissent progressivement. Et c'est cette sensation un peu étrange qui vient troubler le côté tout objectif de l'intrigue politique. Hitler paraît encore à cet instant là comme un homme puissant, et comme tout l'aspect concret de la guerre et du génocide est écarté, il est difficile sur l'instant de voir en Hitler autre chose qu'un triste chef de guerre tenu en échec.
Sur la deuxième heure, je n'ai eu aucun problème. Il y a des instants purement terrifiants de maîtrise quand il s'agit de mettre en image la chute finale de l'Allemagne Nationale Socialiste et les derniers instants de folie d'Hitler. On comprend alors mieux peu à peu ce qui peut se passer dans sa tête quand il doit faire face à l'éveil de tout son commandement à la réalité de la capitulation. Tous les personnages prennent enfin une dimension plus humaine (humaine dans le sens où ils existent en temps que personnage à part entière, et ne représentent plus quelconque idée ou stereotype), et le film se ressent alors plus comme un drame objectif. Parmi les scènes fortes du film, je retiendrai celle où la femme de Goebbles vient supplier Hitler, à la porte de la pièce où il va se suicider, de ne pas les abandonner. Le moment qu'on attend alors, vient être retardé, et en tant que spectateur le malaise est alors à son comble.
Concernant d'ailleurs la mort d'Hitler dans le film, qu'elle soit montrée en hors-champ ne m'a pas tant dérangé (puisque le film n'est pas un point de vue d'Hitler, mais de ceux qui l'ont entouré, et comme ils n'étaient pas dans la pièce où le suicide a eu lieu, c'est tout à fait logique). Mais que celle de tous ses généraux le soient également m'a paru être une décision ambigüe, d'autant plus que le ton vers la toute fin du film relève un peu de la compassion pour l'ancien régime nazi. C'est comme ça que je l'ai un peu ressenti, même si je me doute que ce n'était pas le but du réalisateur. Ceci dit, c'est effectivement interessant que le film soit un point de vue d'allemands, puisque cette fin peut-être interprétée de différente manière. On peut y voir le deuil d'un peuple sur une époque noire, le pardon peut-être d'une certaine manière. Le même sujet dans d'autres mains auraient sûrement fini différement. En cela, "Der Untergang" est un film nécessaire, bien qu'il ne se suffise pas à lui-même. Le film appelle de toute façon, par l'intermédiaire du court entretien avec Frau Junge située avant le générique de fin, à ne jamais fermer les yeux sur ce qu'il s'est vraiment passé, que l'on a aucune excuse pour ne pas se renseigner sur la vérité.
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J'aurai du rajouter un "!!!" parce que j'avais jamais entendu parler de ce filmHeu, ça se voit pas assez ?
"Si on devait tirer sur tout ce qui bouge,on vieillirait bien seuls"
"En France je suis considéré comme un gros nul, En Allemagne comme un raté, En Angleterre aussi et aux Etats-Unis pareil"
Michael Bay
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- Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:19 am
Acheté et commencé à regarder hier. J'aime beaucoup, ça donne un peu l'impression de passer à travers le miroir de tous les films racontés du point de vue des alliés. Le film est honnête, montrant les moments d'hystérie d'Hitler comme son côté humain, quand il demande à ses secrétaires de partir tant qu'elles le peuvent. On évite ainsi la caricature.
C'est le capitaine d'un navire sombrant qui nous est montré, un démagogue qui révèle ne rien avoir à faire du sort de son peuple. Un film indispensable pour l'Histoire.
C'est le capitaine d'un navire sombrant qui nous est montré, un démagogue qui révèle ne rien avoir à faire du sort de son peuple. Un film indispensable pour l'Histoire.
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- Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 11:27 am
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vu (enfin !) il y a quelques jours. J'ai bien aimé (même si le film est un peu longuet au milieu). J'ai surtout été très impressioné par la bande son. On entend les bombardements au loin tout au long du film, une vraie chappe de plomb (mauvais jeu de mots invonlontaire...) qui s'abat en permanence et qui aide fortement à rendre l'ambiance si glauque et noire.
mais pour l'ambiguité et le ton complaisant je crois que tu te montes la tête
est-ce qu'on voit qq tout court mourrir dans ce film ? je ne m'en souviens pas !Mais que celle de tous ses généraux le soient également m'a paru être une décision ambigüe
mais pour l'ambiguité et le ton complaisant je crois que tu te montes la tête

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