Film marquant en son temps, mais dont la redécouverte en salle a confirmé ma crainte d'un vieillissement peu profitable. Ses défauts me sont apparus bien plus saillants : une approche simpliste et pataude de la problématique addictive, une intrigue inexistante, des personnages peu développés et un abus d'effets de style (d'aucuns diront que le film n'est que cela). Je me suis ainsi senti peu engagé émotionnellement, car la mécanique m'a semblé trop perceptible. Petite critique supplémentaire dans la représentation négative des soins psychiatriques, mis sur le même plan de montage que les autres conséquences délétères (prostitution, amputation, incarcération...). A la décharge du film, même si cela reste un défaut, il est adapté d'un roman des années 70, ce qui amène un décalage quant à la situation sociale et sanitaire réelle des années 2000.
Tout n'est pas non plus à jeter dans Requiem for a dream : l'histoire de la mère est la plus intéressante car elle est un personnage mieux construit, au carrefour d'addictions (ou d'équivalents addictifs) plus institutionnelles (alimentation, TV, médicaments) et donc plus complexes. Certaines scènes fonctionnent bien, tel que l'engouement fiévreux dans la supérette pour la livraison d'héroïne ou la violence collective du cul à cul. Et bien sûr la musique de Clint Mansell est passée à la postérité. Mais le film donne l'impression de ne pouvoir convaincre que les convaincus des méfaits de la spirale addictive, et n'aura sans doute eu que peu d'influence sur les réels consommateurs.
Pour nuancer mon avis assez lapidaire, rapportons que dans la salle, de nombreux spectateurs, dont des lycéens, ont exprimé avoir véritablement été frappés par sa découverte. Ce qui prouverait qu'il fonctionne donc mieux que ce que j'en ai perçu.
Requiem for a Dream - Darren Aronofsky (2000)
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