Je n'arrive pas à trouver Friedkin de "droite" ou "d'extrême droite" comme je viens de le lire. Traqué narre l'histoire d'un militaire détraqué qui tue du bon gros beaufs chasseurs ricains. Ce serait plutôt d'extrême gauche pour le coup ! Le film est assez désabusé (le maître qui assiste au désolant spectacle de son élève), et l'approche plutôt lucide.
Dans Sorcerer, Friedkin tape sur l'Eglise, on y magouille dans les arrières salles, on y marie des couples qui se tape sur la gueule, pourtant le film ne tape pas sur la religieux et utilise d'ailleurs un certain onirisme religieux dans sa deuxième partie.
je ne pense pas qu'on puisse étiqueter aussi facilement Friedkin. Je pense plutôt qu'il n'a aucun a priori politique, que son cinéma se positionne autrement.
"Rules of engagement" est un film aux idées plutôt d'extrême-droite, on est bien d'accord. mais c'est vrai que j'ai un peu de mal à coller une telle étiquette sur le bonhomme lui-même, sur l'ensemble de sa filmographie... Même si "Traqué" n'est pas non plus gauchisant ! C'est les pauvres militaires contre le système qui les jettent après les avoir exploiter. C'est plutôt du "Rambo"...
Manolito a écrit :C'est les pauvres militaires contre le système qui les jettent après les avoir exploiter.
D'ailleurs le système en question est de droite (2003, nous indique un titre au début de Traqué), c'est toujours sympa de montrer les limites et les paradoxes de la logique militaire / guerrière. Ce n'est pas politisé donc, mais l'oeil me semble lucide, et sans a priori.
Ce que, personellement, je me demande, c'est si Friedkin sortirait un tel film aujourd'hui, connaissant toute les horreurs dont se rend coupable l'armée amériquaine en Irak, au non de la liberté.
En 2000, la situation était beaucoup moins tendue qu'aujourd'hui. Sortir un film comme "Rules of engagement" dans la situation actuelle, serait, pour le coup, extrement malvenu.
Samuel Lee Jackson, chef d'une escouade de Marines, découvre une planque d'armes de destructions massives dans le palais de Saddam Hussein. Mais peu de temps après, ces armes disparaissent mystérieusement, escamotée par un conglomérat médiatique de libéraux haineux qui ont infiltré le gouvernement Bush et veulent salir l'honneur de l'armée. Ils font même des photos truquées montrant Benicio Del Toro, un membre de l'escouade de Jackson, pratiquant des tortures dans une prison irakienne... Les salauds...
celia0 a écrit :Des politicards tout pourri il y en a dans tous les films ce n'est pas nouveau. Et l'honneur militaire n'est pas l'apanage de l'extrême droite.
Je n'ai pas dit que "Traqué" était un film de droite ! Ne déformosn pas mes propos...
Manolito a écrit :Les notions de militaires hommes d'honneur contre politicards tout pourris, si on creuse un peu, c'est plutôt inquiétant quand même...
First Blood nous dit finalement ça ! Je n'ai jamais rien vu "d'inquiétant" là dedans. C'est un son de cloche plutôt humaniste (hippy ?), un cri de douleur face à la bêtise. Et puis, Friedkin ne tape pas contre "des politicards tous pourris" ou alors j'ai loupé une scène - il tape contre les chefs militaires (ou contre leurs élèves) - le point de vu est double, ce qui rend l'approche intéressante car sans a priori. Autrement on y zigouille des chasseurs et du flic (et au début l'équivalent d'un nazi) mais l'assassin n'est rien d'autre qu'un détraqué, et Friedkin ne cautionne rien.
Il y a quand même un gout de l'imagerie guerrière, virile, d'une amitéié paternelle, qui éloigne "Traqué" d'une simple réfelexion sur les hommes conditionnés et brisés par le système. ce n'est pas "Capitaine Conan". Friedkin aime l'armée, et ça se sent...
Manolito a écrit :Il y a quand même un gout de l'imagerie guerrière, virile, d'une amitéié paternelle, qui éloigne "Traqué" d'une simple réfelexion sur les hommes conditionnés et brisés par le système. ce n'est pas "Capitaine Conan". Friedkin aime l'armée, et ça se sent...
Je ne sais pas si il l'aime idéologiquement (ça reste à prouver) mais cinématographiquement, c'est vrai, oui.
Faut dire, que ça l'est (cinématographique). C'en est devenu un genre en soi.
Vu lors de la diffusion tv de cette semaine.
Ce n'est vraiment pas terrible.
Spoilers
-Ouais, on va faire un film qui va montrer que l'armée américaine c'est vachement bien avec des anciens de la guerre du vietnam!
-Oui mais c'est connu maintenant qu'au vietnam, ils n'ont pas fait que des trucs jolis jolis...
-C'est pas grave, on montrera qu'ils ont été obligés de tuer de sang-froid pour sauver des soldats américains!
Déjà, au début, donc, on nage en pleine hypocrisie et tout le reste du film est à l'image de ce début au vietnam. L'hypocrisie continue lorsque l'officier vietnamien vient témoigner et dit qu'il aurait fait de même pour sauver des soldats viernamiens.
Et la toute fin où le même officier salue le soldat américain. Ouais, entre militaires, on se comprend, ils ont été ennemis mais se reconnaissent dans les mêmes valeurs.
Tout ça m'a bien gonflé, les soldats américains n'agissent qu'en légitime défense et c'est reconnu par un tribunal. C'est vraiment grotesque.
Et puis, c'est un film de procès comme on peut en voir souvent avec les poncifs largement éculés sur l'univers dans lequel il se déroule. Ici, c'est l'armée américaine avec ses sentiments fraternels exacrbés, ses amitiés viriles, etc.
Du cinéma avec des grosses couilles de mâles et la bite bien tendues dressant au bout du gland l'étendard américain.
Excusez moi pour cette vulgarité mais ce film m'a bien énervé.
Ici, c'est l'armée américaine avec ses sentiments fraternels exacrbés, ses amitiés viriles, etc.
Du cinéma avec des grosses couilles de mâles et la bite bien tendues dressant au bout du gland l'étendard américain.
Excusez moi pour cette vulgarité mais ce film m'a bien énervé.
Pourquoi t'excuses-tu alors que tu as soigneusement préparé cette phrase ? Pour l'instant, l'hypocrite, c'est toi.
Ce film de William Friedkin n'est en aucun cas raciste ou militariste. Friedkin confronte la toute puissante armée américaine et une foule en colère et armée. A aucun moment la foule n'est décrite comme pacifique : jets de cocktails molotovs, tirs de mitraillette... Mais une foule composée d'hommes armés et de civils nécessite-t-elle la réponse disproportionnée telle qu'on la voit dans le film ?... A aucun moment Friedkin ne justifie une telle action de force. Il met en accusation l'armée américaine (et non le soldat qui ne fait que ce qu'on lui a dit de faire)...
Il est temps de réhabiliter Rules of engagement...
Il y a un très bon article dessus dans le numéro 4 de la revue Panic...
"Et si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus."
Maurice Pialat
La fin du film montre que les civils sont en fait armés, jusqu'aux enfants (plan hallucinant, indéfendable). La réplique des militaires était donc justifiée contrairement à ce que pense le spectateur jusqu'à cette révélation. Qu'on défende ce film je veux bien, mais restons quand même dans l'exactitude...