Frogs - 1972 - George McCowan

[Manolito]

Pas terrible, terrible cette petite production AIP...

Les bons points, ce sont les paysages variés et assez superbes de ce parc naturel en Floride, avec sa vieille villa pleine de caractère et son superbe jardin, bien servi par une photographie étudiée. Le studio, toujours féru de vieilles gloires, débauche Ray Milland, oscarisé pour "Le poison" en son temps, qui incarne ici un savoureux patriarche sudiste, décidé envers et contre-tout à mener à son terme sa fête d'anniversaire !

"Frogs" n'est pas si mal fait, et propose un bestiaire tueur très varié, à base de lézards, mygales, iguanes, serpents en tous genres et même une improbable tortue tueuse d'hommes !

Le problème, c'est qu'en très grande majorité, ces attaques ne sont pas du tout crédibles et impliquent des proies sacrément passives ! Donc, bon, une petite production avec une bonne idée de départ, avec ce bayou qui se révolte contre les hommes... Mais à l'exécution quand même très mollassonne...

Vu sur le vieux dvd MGM, copie 1.85 16/9, télécinéma 60hz compatible 24 i/s de bonne tenue, partant d'une copie un peu sale quand même. VO mono avec STF.

[orco]

Vu sur le Blu-Ray allemand. Avec sous-titres anglais, master très honorable.
Autant j'aime beaucoup des films comme Squirm ou Slugs qui portent leur sujet à bras le corps en tirant un maximum d'un budget serré, autant ici on est clairement dans le registre du nanar. A aucun moment, McCowan ne se pose de questions en termes de montage, d'effets ou de prothèses pour rendre palpables toutes ces attaques animales (à sa décharge, nous ne sommes qu'en 1972 et Jaws n'est pas encore passé par là). Il ne fait qu'alterner gros plans sur des animaux et plans sur des victimes apeurées mais sans réelle interaction entre les deux (à part les araignées), ce qui devient vite risible. Et le film finit par en devenir assez fun (involontairement), chaque nouvelle mort étant plus ridicule que la précédente (mention spéciale à la tortue ). Et un certain surréalisme finit par s'installer dans l'accumulation de tous les animaux possibles. Crapauds, serpents, lézards, mygales, crabes, papillons, crocodiles, sangsues, j'en oublie... et certains que je ne pensais même pas trouver en Floride, mais en fait si! (https://fr.wikipedia.org/wiki/Gekko_gecko). Mais alors du coup, pourquoi le titre Frogs ?
Tout ça plus une BO à base de bruitages électroniques chelous et nous voilà vivre une expérience hautement improbable. Et il n'y a d'ailleurs aucune véritable morale ici. Nulle vengeance de la nature face à un scandale environnemental. Non, juste un papy qui voulait fêter son anniversaire avec toute sa famille.

[bluesoul]

N'ecoutez pas les deux beotiens precedents.

Frogs est un grand film. Un film qui a des millions de fans qu'on appelle les Froggers! Ils sont surtout localises en Allemagne et j'en fais partie (meme si je ne suis, ni n'ai jamais ete allemand).

La raison pour cette reconnaissance de Frogs chez nos amis d'Outre-Rhin tient en sa diffusion assez reguliere sur les chaines nationales, notamment dans l'encart "Der phantastische Film (le film fantastique)" les samedi aux alentours de minuit et ou je l'ai vu assez souvent, CQFD.

Bon, c'est une ch'tite prod AIP (Zaroff / Nicholson inside) qui paie pas de mine, coute peau d'zob, emploit une vieille vedette sur le retour (Ray Milland, pour les completistes de la star donc) ainsi qu'une future vedette en devenir (Sam Elliott, sans moustache, d'ou interet historique!).

Comme dit precedemment, la realisation est molle, les morts (et les methodes avec lesquelles les animaux commettent les meurtres) sont hautement suspects (on n'y croit pas un instant), le fait que malgre que les cadavres s'accumulent personne ne semble s'inquieter outre mesure assez risible, mais...

...j'aime bien. Notamment a cause du cote decrepit des environs, limite decadent et resolument hostile. L'idee de passer des vacances dans un sud aussi moche et lugubre est assez hallucinante. Ne parlons pas de la faune locale. (Anecdote perso: en '84 j'ai ete a Cap Canaveral, justement en Floride. Le bus nous emmenant vers la-bas a du s'arreter un bon moment parce que deux alligators avaient decide de bronzer en plein milieu de la route. Bref, si vous traversez la Floride en voiture, faites gaffe si vous devez vous arreter pour aller vider votre vessie quelque part en plein milieu de nulle part. Perso, je conseille fortement de vous retenir ou d'utiliser une bouteille, question d'eviter les,disons, "mauvaises rencontres" sur la route.)

J'accroche aussi aux ziguiguis synthe-modernes qui etaient (parfois) tendances a l'epoque et rajoute au cote inquietant de l'atmosphere.

Pour le reste, c'est du bis destine aux drive-ins (comme tous les AIP, donc), qui ne fera certes jamais de l'ombre a Squirm ou Slugs (que j'adore!) mais qui a son petit cote bizarro-etrange (pas toujours pour les bonnes raisons d'ailleurs) et sa petite ambiance sinistre grace auxquels il parvient a rester dans les esprits.

Bref, un ch'tit film que j'aime bien. (bon, on est d'accord, les souvenirs jouent sans doutes beaucoup sur le coup).

Frogs: 4.0 / 5 (je sais je suis fou sur le coup!)

P.S. Assez marrant de revoir le film avec cette histoire d'anniversaire de Milland qui me rappelle beaucoup le sketch de "Father's day" dans Creepshow (1982). Hasard? Bizarrement, je ne crois pas.

[Algor]

... Mais alors du coup, pourquoi le titre Frogs ?

J'aime à penser que le ou les scénaristes avaient réfléchi à la question écologique. C'est un fait, paraitrait-il, que la population des grenouilles soit un indicatif de la bonne santé d'un environnement marécageux ou de milieux humides. Et que la peau de ces dernières sont on ne peu plus sensible aux polluants de toutes sortes.
On peut comprendre alors la participation (dans un contexte fantastique toujours) de plusieurs espèces à défendre leurs petits amis batraciens en péril. Et s'attaquer aux humains qui sont à l'origine de la dégradation du monde animalier.
Évidemment, cette idée a pu être bâclée par une réalisation approximative due à un manque de moyens ou d'imagination.
Quant au film, je ne l'ai pas revu depuis un bail. Impressionné par celui-ci, mais j'étais très jeune.
Ceci dit, il y a des tortues d'eau particulièrement agressives:
https://naturecanada.ca/news/apercu-esp ... la%20route.

J'ajoute que Eric Draven et Haribo avaient aussi évoqué le contexte écologique:

...Frogs n'innove guère quant aux raisons de cette nature révoltée, un pesticide étant à l'origine de la multplication des crapauds et l'agressivité des animaux. On est donc face au schéma classique du film d'horreur écologique, à l'image de son personnage central définitivement écologiste face à l'arrogance et l'insouciante richesse de la famille Crockett, peu préoccupée par les problèmes de pollution.

Et puis carcharoth y est allé de sa petite explication:

mais les batraciens apparaissent plutôt dans le film comme les « meneurs » de cette révolution animale. Ces derniers semblent en effet contrôler, planifier et surveiller tout ce qui se passe dans la propriété et sa forêt avoisinante. Je trouve que cette idée est réellement un des points fort du film, qui aurait autrement pu se terminer en série Z de seconde zone, et permet au film de proposer un aspect plus profond que les classiques thèmes instinct/prédation.