Vu avec ma moitie ce week-end. Beaucoup a dire sur Bond XXIII, alors commencons...par la conclusion.

(attention, ca spoile un tantinet par-ci, par-la).
On a aime. Malgre le...bordel...que le film represente. Mme Bluesoul, peut-etre parce qu'elle ne connait qu'imparfaitement la serie (jamais vu un Connery p.ex.). Bibi, peut-etre parce qu'il connait la serie (tous vu et re-vu).
Le film est tour-a-tour; genereux (dans le nombre d'idees et d'intentions), courageux (vu le nombre de cliches "bondiens" qu'il decide de casser), mais a force d'oser TOUT absolument TOUT, il ose un peu...n'importe quoi, se contredit a tout bout de champs et au final ne sait plus ce qu'il essaye de dire ou...d'etre...Un peu le comble pour un "cinquantenaire" (celui de la serie), ou alors une midlife crisis cinematographique de notre cinquantenaire (le perso) peut-etre...?
Ainsi, ce Bond (film et perso) est humain (les origines de Bond enfin devoilees, sa mortalite nettement plus tangible cette fois, le coeur du recit--une vengeance

, un double complexe oedipien

et tutti quanti)...et mecanique (le nombre de combat--et le bodycount--a courte distance). Un sacre grand ecart dans le chef du perso qui semble resumer tous les interpretes de l'agent a un degre ou un autre--sauf Moore, car trop “decontracte”, sans doute...
Il est intimiste (le final--qui m'aura fait penser a Straw Dogs (1971) ) et calibre "blockbuster" (l'ouverture, la viree en Asie--Shanghai, Macao et Gunkanjima en guise de fan-service aux "marches" asiatiques...et qui est tellement artificiel et nawak--les dragons de Komodo: previsible et idiot

). Un exotisme ininteressant et de pacotille qui ne fait meme plus rever, car a portee d'un transporteur Low Cost de nos jours. D'un autre cote, une Turquie pas au top des intentions de voyage et une Ecosse deprimante. Le film ne donne guere envie de voyager au final...
Il est destructeur de sa propre mythologie (Judi Dench--68 ans(!)--en Bong-girl principale, flanquee d'une jeunette qui tire comme un pied

et d'une Berenice Marlohe qui, elle, joue comme un pied

et meurt comme une m...

ou encore le generique d'ouverture--tres reussi et lourd de symbolisme--qui est d'une rare mobidite

).
Deja que le Bond interprete par Craig--transforme en soldat super-entraine et qui, au final, n'est rien de plus qu'un assassin sanctionne par l'Etat, ce fameux "detail" qu'on a toujours essaye de balayer sous le tapis jusqu'a present, est plus "credible" dans une sale profession ou l’on tue, jusqu'a ce que l’on est tue. Cette fois, on en fait un pion parfaitement sacrifiable (le renvoi au personnage de Bardem). Si Bond a "leve la jambe" jusqu'ici avec de superbes creatures, il a egalement un passe moins glorieux et au final se detruit petit a petit. TRES bien vu.
Pas tres glam' tout ca, mais peut-etre salutaire pour un serieux "lifting", voire re-boot de l’univers de la serie...?
Le film se veut lucide en depeignant un Bond et des services secrets british hyper-gadgetises, mais perdus dans un monde ou les communistes, les milliardaires megalos, les enemis de l'humanite, les organisations criminelles et secretes sont remplaces par des individus dangereux, determines et agissant seuls ou presque. Un monde ou n'importe quel c.. possede des gadgets a foison, peut telecharger un malware et contribuer a lancer une cyber-attaque contre un gouvernement (Anonymous anyone?).
La ou il rate par contre (encore) complement le coche est de proposer en guise de solution, un retour aux services secrets de papa ou grand-papa (enfin ceux de Connery). WTF

?!? Ou alors, peut-etre un playdoyer deguise pour le retour a l’utilisation d’annuaires dans les interrogatoires? No sabes...
Bond, agent science-fictionnel quasiment des ses debuts car muni de gadgets TRES hollywoodiens, et rattrappe par la science/technologie, re-devient agent science-fictionnel en 2012 car quasiment integralement de-gadgetise (un emetteur/recepteur qui de par sa taille doit dater de Mathusalem

et un flingue "de luxe" car fonctionnant aux empreintes digitales, rien de plus). Pas sur des intentions ici non plus...
Le final, ou apres un double gate-sauce m-o-n-u-m-e-n-t-a-l, nos pieds nickeles d'espions (tout echelons confondus) semblent tous etre promus au lieu d'etre vires comme des malpropres ou utilises comme cibles dans les stand de tir de Sa Tres Gracieuse Majestee, est-il cense etre "fictionnel", "parodique" dans son intention, ou alors "realiste"? (Apres tout, on connait tous des blaireaux qui ne devrait pas etre a leur poste au boulot

.)
Le film est donc "moderne" et...complement “retrograde”...Tire sur tout ce qui bouge (comme Bond

)...et loupe souvent la cible (...comme Bond dans ce film d'ailleurs...

)
En fait, bibi a pense plusieurs fois a une parodie (le brocardage de l'Aston Martin, quand meme!) et la scene finale dans le bureau avec Fiennes / Monneypenny m'a carrement fait penser a...Austin Powers (1997)

!
Bond a 50 ans et semble se languir de sa jeunesse, car regardant l'avenir en se tournant vers le passe. Quoiqu'il en soit, il devrait bien reflechir a ce qu'il fait, car certains details pourraient etre difficiles a rectifier a l'avenir (Fiennes, Monneypenny, Q). Plus que de virer tout le casting et "retconner" l'univers scripte ici, amha c'est plutot les scenaristes qu'il faut virer ou du moins leur donner des consignes plus "claires" a l'avenir.
Un Bond deroutant, mais interessant. Un Bond ambitieux, mais confus, mais un "Bond" quand meme, et donc un “produit” toujours a part dans les salles encombrees d’actioners / blockbusters fabriques a la chaine mois apres mois, annee apres annee...
Pas un “chef-d’oeuvre”, mais pas une “purge” non plus. Un film a "decouvrir", ou a..."oser", tellement il dechainera les passsions chez les afficionados

.
Skyfall: 4.0 / 5 (meme note pour ma moitie et moi-meme―pour les idees et l'ambition s’entend, mais on a arrondi tous les deux vers le haut--pas un bon signe en soi--pour cause de mise en pratique trop bordelique de celles-ci) Verdict; POUVAIT et AURAIT DU mieux faire avec le materiel de base. Dommage donc…Mais un bon moment de passé quand meme…

En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.