A Londres, les plus grands critiques de theatre meurent les uns apres les autres dans des mises a mort des plus elaborees. Il semblerait, qu’un phantome venu du passe ait une vengeance a assouvir…
Si les spectateurs devant l’ecran ont beaucoup de phantasmes, les realisateurs, acteurs et metteurs en scene n’en ont qu’un; la reconnaissance du public et des critiques.
Si le public n’est pas au rendez-vous; rien a faire a part accepter le verdict. Si la critique se montre “vache”, rien n’empeche de rever, et de phantasmer sur la mort de gougnaffier en question.
A ce titre, ToB doit etre un vrai regal pour les artisans du cinema et du theatre, une “revanche” toute en classe, honnetete, sincerite et realisee avec un panache indeniable par un “artisan” du cinema de l’epoque
Douglas Hickox en profite pour (peut-etre) regler quelques comptes d’une facon plus que savoureuse, mais en meme temps rend un vibrant hommage a l’art noble du theatre et a son plus grand barde (britannique); le grand William Shakespeare.
Melanger le theatre au cinema n’est au fond pas une premiere, car le cinema, descendant “moderne” du cinema, aura ete dans un premier temps largement influence par la “theatralite” et sa gestuelle. Ainsi, les codes et mecaniques du theatre ont notamment grandement influence le cinema muet jusqu’a l’avenement des “talkies”. Melanger Shakespeare au cinema reste cependant toujours une entreprise risquee et le melanger au cinema d’horreur semble une heresie, et pourtant…
Contrairement a l’idee recue, Shakespeare, universellement reconnu comme un ecrivain de genie, a justement fait le bonheur d’un public nettement plus “large” a l’epoque que de nos jours. En effet, aujourd’hui le theatre, surtout face au cinema, a plutot une image de spectacle “elitiste”, au temps du grand Will, la “plebe” aussi se regalait des spectacle beneficiant de mises en scenes beaucoup plus “colorees” que les versions actuelles.
Si le grand barde est un familier des etudiants anglo-saxons, la dimension “horrifique” de son oeuvre ne represente probablement pas le coeur des cours, et pourtant il y aurait matiere a discuter.
L’amateur d’horreurs “classiques” ne sera pas decu, entre les massacres, tortures, decapitations, mutilations et autre depecages en tous genres. Le plus drole, est qu’a peu de chose pres, les meurtres sont tous pris in extenso des oeuvres originales.
Entre Jules Cesar, Troilus et Cressida, Cymbeline, Le Marchand de Venise, Richard III, Romeo et Juliette, Othello, Henri Six, Titus Andronicus, Le Roi Lear, la matiere premiere ne manque pas.
A mi-chemin entre le cours de rattrapage sur Shakespeare et l’entertainement pur et dur, les petits plats ont ete mis dans les grands pour cette production qui souvent prend la forme d’un episode tendance “horrifique” et plus “ole-ole” des Avengers (1961)—impression renforcee par l’inclusion de Diana Rigg, ce qui loin d’etre une critique, est plutot un compliment.
Le choix de Price dans le role principal est tout particulierement judicieux, car homme de spectacle dans un cinema de genre, il a du engranger son lot de mauvaises critiques.

La tendance naturelle de Price a en “remettre une couche” colle egalement parfaitement au personnage qu’il doit incarner, un personnage tout en demesure et en theatralite. L’on ne peut aussi qu’apprecier le panache avec lequel il fait sien les tirades et autres citations tirees de l’univers lyriques.
Selon la rumeur publique, Price, “condamne” au cinema de genre, aurait toujours regrette de ne pas pouvoir monter sur les planches, et aurait toujours considere sa performance dans ce metrage, ainsi que ce dernier, comme parmis ses meilleurs.
A noter egalement le talent avec lequel Price se deguise et revetit un nombre incalculable de costumes et deguisements dans sa quete de vengeance. Film entierement au service de son acteur principal, ce dernier, lui-meme entierement devoue au metrage, tout a ete fait pour satisfaire le public le plus exigeant.
A voir absolument, car peut-etre l’une des plus “belle” creation du cinema fantastique depuis un certain “fantome” qui hantait l’opera de Paris.
Theater of Blood: 4.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.