Macabro: Fetichiste necrophile, elle fait l'amour à une tête putride!
Ce premier film de Lamberto Bava réalisé en 1980, sorti en salle sous le titre Baiser mcabre, est une oeuvre insolite, presque unique.
Véritable ode au morbide, Macabro aborde avec une rare glauqueur un thème trés particulier, la nécrophilie, thème qui est au centre de ce caroussel de la folie.
Fétichiste onaniste, Jane voue un amour passionnel à son amant qui va mourrir décapité dans un accident de voiture. Aprés un long séjour en asile psychiatrique, Jane s'installe dans une vaste villa tenue par un aveugle qu'on pourrait qualifier de voyeur auditif, épiant chacun des geste de la jeune femme.
Dès lors, Bava va accumuler les excès et présenter un incroyable eventail de perversités, de folie et de vices.
Il va beaucoup jouer sur le climat oppressant, sombre, renforcé par cette demeure obscure et inquiètante, et restreint au minimum les effets chocs, frisant souvent le subversif.
Si on excepte quelques scénes assez violentes comme le meurtre du petit frère ou la découverte finale, on a juste droit à un morceau d'oreille trouvé sur le lit de Jane ou un autre morceau de chair tombé dans la soupe.
Lente et progressive montée de la tension, Macabro s'evertue à déployer un suspens psychologique qui va crescendo jusqu'à l'hallucinant final. Macabro dégage un charme quasi maladif, étouffant. Chaque image sent la mort, la mort omni présente se mariant subrepticement à la folie.
Chaque personnage présente une pathologie d'une rare morbisité et même si parfois on atteint l'invraisemblable, ces portraits au vitriol vous glacent les sangs.
De l'aveugle fouineur et voyeuriste à l'abominable fillette surnoise, vicieuse et meurtrière souffrant du complexe d'Antigone qui ne cesse de persécuter sa mère et noiera son petit frère dans la baignoire, séquence d'une violence assez étonnante, tous souffrent à leur manière d'une forme de folie.
L'apogée de démence est marquée par l'étrange culte que voue Jane, fetichiste funéraire, à un autel mortuaire dissimulé dans sa chambre. Summum d'érotisme nécrophilique, Macabro s'enfonce alors dans une sexualité morbide atteignant son point de non retour dans la découverte de l'objet de culte de Jane, la tête décomposée de son amant qu'elle garde cadenassée dans le refrigérateur, la sortant chaque nuit pour lui faire torridement l'amour.
Bava évite l'effet racoleur, reste sobre et laisse à l'imagination faire le reste, ce qui fait gagner en puissance le film.
Ce climat de malaise est entretenu par une BO mièvre à souhait mais obsessionnelle, sorte de rengaine que se passe Jane lors de ses ébats contre-nature.
Macabro fut co-écrit par un autre maître du macabre, Pupo Avati dont on reconnait eminement la griffe.
Terriblement malsain, Macabro est un film d'une incroyable perversion, venimeux et superbe et d'une rare audace dans son sujet mais qui a pourtant su jouer la sobriété.
Le corbeau nécrophile qui adore la tête de veau!!
